La croissance japonaise s’est avérée meilleure que prévue au 2nd trimestre 2019. Escalade des tensions commerciales entre le Japon et la Corée du Sud

 

BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Semaines des 29 juillet et 05 août 2019

  drapeaux

Sommaire

 

Japon
  1. Evolutions macroéconomiques
  2. Relations commerciales et multilatérales
  3. Entreprises
Corée
  1. Relations commerciales et multilatérales
  2. Entreprises

Japon

1. Evolutions macroéconomiques

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La croissance japonaise s’est avérée meilleure que prévue au 2nd trimestre 2019. Le Japon a enregistré une croissance du PIB réel de + 0,4% (soit une croissance de 1,8% en rythme annuel), M. Motegi, Ministre chargé de la revitalisation économique, a déclaré “ces chiffres montrent que l’économie japonaise poursuit son redressement à un rythme modéré, tirée par la demande domestique ».  La croissance du PIB a en effet été soutenue par la contribution de la demande intérieure (+0,7% en glissement trimestriel). La contribution de la demande extérieure a été négative (-0,3% en glissement trimestriel), un chiffre conforme aux attentes en raison du déclin des exportations depuis le début de l’année.

Sur le plan domestique, les dépenses de consommation ont progressé de +0,6% (augmentation des achats de biens durables, des dépenses hôtelières et de transport, en particulier grâce aux dix jours fériés de la Golden Week en mai dernier), les dépenses d‘investissement privé ont enregistré une hausse de +1,5% (investissements dans l’automatisation des facteurs de production notamment) enfin  l’investissement public a crû de +1% sur le trimestre. Cabinet Office ; Nikkei Asian Review ; The Mainichi ; The Japan times.

 

bojLa Banque centrale japonaise (Bank of Japan) a revu à la baisse ses objectifs de PIB et d’inflation pour l’année fiscale en cours. La banque centrale prévoit désormais une croissance du PIB de +0,7% (contre +0,8% auparavant) et une inflation de +1% (+1,1% auparavant) pour l’exercice fiscal 2019/2020. L’autorité monétaire motive la révision à la baisse par l’impact des risques extérieurs (baisse des exportations, baisse de la production industrielle, sévère baisse de la confiance des chefs d’entreprise). L’indice des prix a également été revu à la baisse en lien avec la gratuité à venir de certaines dépenses d’éducation liée à la petite enfance (impact de -0,3 point sur l’inflation en 2019 et -0,4 point en 2020) qui contrebalancera pour partie la hausse de la TVA au 1er octobre 2019. La BoJ a clairement indiqué qu’elle maintiendrait sa politique monétaire ultra expansionniste et ses orientations actuelles. En particulier, la BoJ a réaffirmé ses lignes directrices sur les taux d’intérêt long terme (objectif de taux à 10 ans autour de 0%), et court terme (objectif de taux à -0,1%). Par ailleurs, la BoJ souhaite poursuivre son vaste programme d’achats (Quantitative  and  Qualitative  monetary  Easing) et son pilotage de la courbe des taux d’intérêt (Yield Curve Control) destinés à parvenir à un taux d’inflation durablement supérieur à 2%. Bank of Japan ; The Mainichi ; The Japan times ; Bloomberg.

 

2. Relations commerciales et multilatérales

japan korea

Un mois après les premières mesures de contrôle renforcé des exportations vers la Corée du Sud, le gouvernement japonais a annoncé le 2 août l’exclusion de la Corée du Sud, avec prise d’effet le 28 août, d'une liste de pays de confiance établie dans le cadre du contrôle des exportations.

Le 1er juillet, le gouvernement japonais avait annoncé la mise en place immédiate d'un régime spécial de contrôle des exportations depuis le Japon pour 3 produits industriels chimiques (photorésines, fluorure d’hydrogène, polyamides fluorés) indispensables à l'industrie électronique coréenne. Des contrôles renforcés s'appliquent depuis cette date aux exportations des 3 produits vers toutes les destinations, mais concernent particulièrement la Corée du Sud qui consomme une grande partie de la production japonaise pour son industrie de semi-conducteurs. Ces contrôles renforcés, qui supposent des démarches administratives lourdes pouvant prendre jusqu'à 90 jours pour l’obtention d’une autorisation d’exportation, ont pour objectif de prévenir le transfert de produits ou technologies vers des acteurs risquant d'en faire un usage militaire contrevenant aux décisions des Nations Unies notamment. Le Japon reproche aux autorités sud-coréennes des efforts insuffisants pour contrôler l'usage final des biens importés depuis le Japon, en particulier en ce qui concerne les transferts vers la Corée du Nord. Depuis, le gouvernement japonais menaçait de retirer la Corée de la liste des pays de confiance si celle-ci ne donnait pas des gages de bonne conduite. Cette menace ayant été mise à exécution, le Ministère japonais de l’économie pourra exiger à tout moment des exportateurs japonais une demande d’autorisation pour l’exportation vers la Corée d’un vaste éventail de biens, avec le pouvoir discrétionnaire d’autoriser ou non la transaction, de réclamer des documents complémentaires et d’imposer des délais de procédure. Le Japon, qui se défend de toute utilisation politique du système de contrôle aux exportations, a annoncé le 8 août la première autorisation d’une livraison de photorésines vers la Corée depuis le 1er juillet. Nikkei ; METI.

 

3. Entreprises

softbankMasayoshi Son, président du groupe SoftBank, a annoncé le 26 juillet le lancement prochain du "Vision Fund 2" avec début des investissements sous 3 mois. Selon un communiqué publié par Softbank le 26 juillet, le petit frère du fonds d'investissement mastodonte "Vision Fund" de 100 milliards USD consacré à l’investissement à haut rendement dans des entreprises tech, atteindra 108 milliards USD, avec une participation de SoftBank rehaussée à 38 milliards USD (versus 20 milliards USD pour le Vision Fund 1) et une concentration plus marquée sur les technologies d’intelligence artificielle. Le communiqué signale parmi les participants pressentis Microsoft, Apple, Foxconn, plusieurs banques japonaises et un fonds d'investissement public kazakh. Masayoshi Son a déclaré le 7 juillet que les fonds d'investissement publics d'Arabie Saoudite "PIF" et de l'émirat de Dubaï "Mubadala" avaient exprimé un "fort intérêt" pour le Vision Fund 2. Ces deux entités, absentes du communiqué de SoftBank, avaient contribué respectivement 45 et 15 milliards USD au premier Vision Fund, soit plus de la moitié de sa valeur totale. Masayoshi Son a affirmé que le Vision Fund 2 effectuerait ses premiers investissements d'ici 3 mois. Nikkei, Financial Times.

Corée

1. Relations commerciales et multilatérales

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Les autorités coréennes ont réagi très rapidement au retrait de la Corée de la « liste blanche » japonaise en validant un budget complémentaire, bloqué depuis plus de 3 mois au Parlement. Bien que revu à la baisse (4,9 Mds USD contre un projet de 5,9 Mds USD), ce complément de budget prévoit l’octroi dès 2019 de 200 M EUR en faveur de la R&D dans les secteurs exposés, et des exemptions d’impôt pour les PME affectées. Le gouvernement a identifié 159 biens pour lesquels des difficultés d’approvisionnement seraient susceptibles d’affecter l’économie. Les secteurs touchés vont bénéficier de facilités douanières et réglementaires (notamment pour l’expérimentation) et de financements publics (R&D et exportation). La Banque de Corée et le gouvernement se sont eux engagés à défendre des indicateurs économiques fortement chahutés : le Won s’est déprécié de 2,9 % face au dollar depuis fin juillet, et de presque 5 % depuis fin juin, pour atteindre sa plus faible parité depuis mars 2016. Le KOSPI, qui s’était stabilisé entre 2080 et 2120 points depuis 3 mois, a atteint, début août, son niveau le plus bas depuis juin 2016 à 1900 points, et reste, depuis, bien en deçà de la barre des 2 000 points. Le KOSDAQ, indice des nouvelles valeurs technologiques, a même vu sa cotation interrompue lundi 5 août, alors que l’indice perdait plus de 7%. MOEF (1) ; MOEF (2).

 

boycotLe boycott des produits japonais se poursuit, avec un soutien marqué de la population, les sondages estimant qu’entre 55 et 70 % de la population suivent le mouvement. Les importations de bières japonaises ont été divisées par deux (-46  % sur un mois) en juillet. Les ventes d’Uniqlo souffrent du boycott avec un repli de ses ventes qui pourrait atteindre plus de 30%. Les sorties de plusieurs films japonais ont fait l’objet de boycotts, avec de nombreux internautes rédigeant des avis négatifs. De nombreuses stations-service, répondant à l’appel de leurs syndicats, refusent désormais de faire le plein de véhicules japonais, et certains restaurants refusent l’accès aux touristes japonais. Le boycott le plus significatif d’un point de vue économique est probablement le boycott coréen du tourisme vers le Japon, avec un taux d’annulation estimé à environ 60 %, alors que le Japon avait reçu en 2018 7,5 M de touristes, et que certaines régions sont particulièrement dépendantes du tourisme coréen. Les compagnies coréennes ont déjà provisoirement réduit de 180 000 tickets par mois leur offre vers le Japon ; Korean Air et Asiana ont suspendu les liaisons à destination de Sapporo et Okinawa respectivement.  Korea Times ; Yonhap ; Asahi Shimbun

 

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OMC, défense, tarifs : la Corée aux prises avec les Etats-Unis sur de nombreux sujets économiques. Le Président américain a demandé fin juillet à son représentant au commerce de négocier la réforme du statut de « pays en développement » (PED) au sein de l’OMC, un statut auto-déclaratif que peuvent utiliser les pays de l’OMC pour bénéficier de dérogations au droit de l’Organisation. La Corée utilise ces exemptions dans le domaine agricole, ce qui lui permet de verser d’importantes subventions à son agriculture (1,2 Md USD en 2018), et d’imposer des droits de douane très élevés (513 % sur le riz en 2019). Les Etats-Unis ont décidé le 30 juillet de plus que doubler les tarifs douaniers sur les exportations coréennes d’oléoducs qui s’élevaient à 350 M USD en 2018 (des tarifs différents sont imposés selon les entreprises, jusqu’à 40 %). Enfin, alors que la Corée du Sud a contribué au stationnement des troupes américaines en Corée à hauteur de 860 M USD en 2019 (un montant en hausse de 8,2 % par rapport au 2018) les Etats-Unis estiment, selon la presse, le coût de leur présence à environ 4,8 Mds USD par an, et réclameraient un partage de ce coût plus équitable.  Yonhap ; Business Korea

 

2. Entreprises

 

emiratesEchec des négociations sur l’augmentation des vols entre la Corée et les Emirats Arabes Unis, une aubaine pour les compagnies aériennes européennes et coréennes. Réunis à Abu Dhabi pendant deux jours pour discuter d’une éventuelle augmentation des vols entre leurs deux pays, les représentants des ministères des transports coréens et émiratis ne sont pas parvenus à un accord. Emirates et Etihad Airways cherchaient en effet à doubler la fréquence de leurs vols à destination de la Corée qu’ils opèrent déjà quotidiennement depuis leur hub de Dubaï et Abu-Dhabi. Mais avec respectivement 72% et 63% de leurs passagers redirigés vers l’Europe ou l’Afrique en 2018, Emirates et Etihad Airways concurrencent déjà fortement les compagnies aériennes coréennes sur ces destinations, ce qui a encouragé les autorités du pays à rejeter cette demande dans l’attente d’une proposition plus équitable. The Korea Herald ; Korea JoongAng Daily ; Business Korea.

 

 

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