Les marchés du travail des pays nordiques sont vus comme conciliant un faible taux de chômage et un fort degré de protection des travailleurs. Quoique reposant sur un socle commun de principes, la réalité est plus complexe et moins homogène entre les pays.

Depuis la fin des années 1990, la zone nordique (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède) enregistre des performances macroéconomiques remarquables, qui lui permettent d'afficher des taux de croissance régulièrement supérieurs à ceux de l'UE, associés à des taux de pauvreté parmi les plus bas de l'OCDE (Islande, Danemark et Finlande dans le top 5 avec la République Tchèque et la France) et des niveaux de chômage en dessous de la moyenne UE (6,8 % en 2018) pour la Norvège (3,9 %), l'Islande (2,7 %) et le Danemark (5,0 %), ainsi que la Suède (6,3 %), mais à l'exception de la Finlande (7,4 %).

Ces succès ont contribué à faire des modèles nordiques une référence internationale, illustrée par leurs positions dans le peloton de tête de la plupart des classements internationaux en termes de qualité des politiques. Elle est associée à une forte identité régionale et à l'idée que ces pays parviennent à concilier la préservation de la compétitivité des entreprises et la protection des individus, assurée par le maintien d'un État-providence généreux.

Les pays nordiques partagent en effet un socle commun de valeurs et de principes fondamentaux, s'agissant du fonctionnement des marchés du travail : le rôle respectif des syndicats et de l'État favorisant un dialogue social porté vers le consensus, l'égalité hommes-femmes, l'accent mis sur l'éducation et la formation tout au long de la vie pour aider les individus à s'adapter aux évolutions de l'entreprise, la valorisation sociale du travail favorisant l'acceptabilité des politiques d'activation. Ces caractéristiques permettent aujourd'hui aux pays de la zone de combiner un taux de chômage relativement faible, un niveau élevé de formation et des taux d'activité parmi les plus élevés au monde pour la population active dans son ensemble, comme pour les femmes, les jeunes et les seniors.

L'examen détaillé des orientations nationales révèle cependant des différences assez marquées au sein de la zone, notamment dans le degré de protection sociale accordé aux chômeurs. Ceci s'explique par le fait que tous les pays de la zone ont suivi au cours des deux dernières décennies une même tendance consistant à réduire les niveaux de protection sociale, et le poids des dépenses publiques rapportées au PIB, pour favoriser les politiques d'activation et d'insertion sur le marché du travail, mais le rythme et la nature des réformes ne sont pas exactement comparables d'un pays à l'autre. Enfin, les pays de la zone affichent également des résultats contrastés, s'agissant de l'insertion des publics en difficulté.

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