Vous trouverez ci-dessous le point sur la situation économique irlandaise du mois de juin 2019.

Eire Eco

Macroéconomie

Activité économique - Le PMI manufacturier du mois de mai 2019 s’établit à 50,4, en baisse de 2,1 par rapport au mois précédent (52,5). Il s’agit de la performance la plus faible enregistrée depuis le référendum sur la sortie de l’Union Européenne du Royaume-Uni fin juin 2016. Nonobstant ce résultat en demi-teinte et à peine supérieur de 0,4 point au seuil de référence (50, limite entre récession et croissance), le secteur connaît un développement économique depuis maintenant six ans de manière ininterrompue.

Les acteurs économiques sondés mentionnent 1/ un ralentissement global du secteur manufacturier, 2/ une demande mondiale plus faible et 3/ la fin d’une période de constitution de stocks en prévision du Brexit comme raisons expliquant la faible performance du mois de mai. Le niveau d’emploi dans le secteur manufacturier a de même progressé à son taux le plus faible en presque trois ans. Malgré tout, la confiance des entreprises de ce secteur atteint son niveau le plus élevé en cinq mois.

 Le PMI des services connaît une dynamique bien différente et s’établit à 57 en mai 2019, soit 2,3 points de plus que le mois précédent (54,7 en avril). Il s’agit de la croissance la plus rapide qu’ait connu le secteur depuis novembre 2018, soutenue par un accroissement significatif des commandes et une solide croissance de l’emploi. La confiance des entreprises du secteur des services a atteint son niveau le plus élevé depuis janvier.

PMI

Chômage - Le taux de chômage en Irlande est en forte baisse en mai, en partie du fait de la révision saisonnière du CSO (homologue irlandais de l’INSEE) pour intégrer les nouvelles données du Labour Force Survey (équivalentes aux données de Pôle Emploi en France). Les chiffres mensuels pour la dernière année ont été substantiellement modifiés dépeignant une tout autre dynamique du taux de chômage. Alors que ce dernier semblait se stabiliser autour de 5,5 %, les nouveaux chiffres montrent au contraire une diminution continue depuis novembre 2018. Ainsi, le taux de chômage s’établit à 4,4 % corrigé des variations saisonnières (cvs) au mois de mai 2019 (contre 4,6 % en avril selon les nouvelles données et 5,4 % auparavant). L’économie irlandaise est désormais quasiment en situation de plein-emploi. Le nombre de chômeurs (cvs) s’établissait à 108 200 en mai 2019, soit 4 300 de moins qu’en avril 2019 et  un quart de moins qu’en mai 2018.

Le taux de chômage des jeunes enregistre une nouvelle légère baisse de -0,3 pp en mai 2019 par rapport au mois précédent, à 10,3%. Ces données ont, elles aussi, fait l’objet d’une importante révision ce mois-ci puisque le taux d’avril 2019 (10,3 % après révision) a été revu à la baisse de 2,5pts.

Chômage

Immobilier – Pour la première fois depuis décembre 2018, le prix moyen national de l’immobilier repart à la hausse en glissement mensuel. En revanche, ils continuent de diminuer à Dublin pour le cinquième mois consécutif. Au mois de mars 2019, les prix du secteur immobilier ont diminué de –0,3 % à Dublin mais ont augmenté de +0,8 % en dehors de la capitale. Une dualité du marché de l’immobilier se confirme entre Dublin et le reste de l’Irlande, dynamique s’expliquant notamment par les politiques prudentielles de la CBI (Banque Centrale d’Irlande) qui ont un impact plus significatif en matière de gestion/stabilisation de l’inflation là où les prix sont les plus élevés.

Immob 1

Le second graphique présente les variations en glissement annuel des prix immobiliers. Les prix continuent de nettement ralentir sur l’ensemble du territoire, dynamique confirmée par la révision des chiffres sur les quatre derniers mois (séries comparées, graphique de droite). La hausse des prix de l’immobilier hors Dublin s’établit à +6,8 % en mars 2019 contre +7,3 % en février 2019 et +7,8 % en janvier 2019 (glissement annuel). En parallèle, la croissance des prix de l’immobilier à Dublin s’établit à +1,2 % en mars 2019 contre +1,4 % le mois précédent (g.a.).

Immob 2

 

Salaires – Les salaires continuent de progresser en Irlande, à la fois dans le secteur public et dans le secteur privé. Les nouvelles données publiées par le CSO font état d’un salaire hebdomadaire moyen de 769,98 € tout secteur confondu, en hausse de +3,4 % en g.a cvs (au T4 2018, la croissance s’était établie à +3,5 % en g.a.). Le salaire horaire moyen connait une croissance moindre mais toujours solide, de +2,3 % en g.a, à 23,93 €. Si la croissance des salaires moyens hebdomadaires du secteur public (+1,2 % en g.a.) a été bien moins rapide que celle du privé (+4,2 % en g.a), leur niveau moyen demeure plus élevé (à 964,36€ contre 714,67€ dans le privé). Le taux de chômage continuant de diminuer, l’accélération des salaires devrait se poursuivre.

Salaires

 

Commerce extérieur – En mars 2019, les exportations de biens ont chuté de -16 % (glissement mensuel) et les importations ont diminué de -1,4 %. L’excédent commercial a ainsi baissé de 34 % par rapport à février, s’établissant à 4,1Mds€. Les exportations au premier trimestre 2019 ont augmenté de +12 % en comparaison avec les exportations du premier trimestre 2018. Les importations au premier trimestre 2019 ont connu une hausse de +1,5 %.

 

Finances publiques

Exchequer – Les recettes totales collectées au mois de mai sont inférieures de 1,1 % au montant cible principalement en raison de la TVA (-112M€) et de l’impôt sur les sociétés (-233M€). Les recettes totales des cinq premiers mois de 2019 sont supérieures de +5,7 % (glissement annuel) à celles de 2018, principalement du fait de l’impôt sur le revenu (+7,8 %), la TVA (+5,7 %) et les droits d’accises (+18 %) confirmant la croissance économique solide en Irlande. La dynamique clé de ce mois-ci reste les faibles recettes générées par l’impôt sur les sociétés (IS), inférieures de 13,2 % en glissement annuel et de 11,4 % au montant cible mensuel (cumulé). Le ministère des Finances indique que mai était le dernier mois de collecte de l’IS pour l’année 2018 et que le mois de juin devrait être plus informatif concernant la collecte de l’IS en 2019. Le mois de mai est celui durant lequel les entreprises effectuent le paiement de régulation de l’impôt sur les sociétés (IS) acquitté l’année précédente. Sachant que la collecte d’IS a enregistré une progression exceptionnelle en 2018 (+2,2 Mds €, soit +27 %), l’erreur de prévision de -233M€ reste raisonnable.

Les dépenses du gouvernement central se sont maintenues en-deçà des plafonds inscrits dans le Budget 2019. Les dépenses courantes se sont établies à 26 Mds€ durant les cinq premier mois de 2019, soit 0,3 % en dessous des limites budgétaires et en augmentation de 7,7 % (glissement annuel). Les dépenses d’investissement se sont élevées à 1,9 Md€, soit +31,8 % en glissement annuel.

Déficit structurel - Alors que, dans son Budget 2019, l’Irlande prévoyait d’atteindre son Objectif de Moyen Terme (OMT – outil de prévention budgétaire contenu dans le Pacte de Stabilité et de Croissance européen, requérant un déficit structurel maximal de 0,5% du PIB) en 2019, le ministère des Finances a annoncé qu’il ne serait pas atteint avant 2020. Le déficit structurel de l’Irlande devrait ainsi s’établir à -1,1 % du PIB cette année et -0,4 % du PIB l’année suivante. Selon le Ministère, cette détérioration est principalement imputable à la distorsion du PIB irlandais par l’activité des multinationales en Irlande : il est en effet difficile d’estimer la position de l’économie dans le cycle malgré l’utilisation de mesures alternatives.

Obligations souveraines - Le taux d’intérêt des obligations à 10 ans émises par le gouvernement irlandais a atteint début juin son niveau le plus bas jamais observé (0,29 % au 7 juin) après s’être stabilisé pendant les trois derniers mois autour de 0,50/0,60%. Le taux d’intérêt des obligations à 10 ans a chuté rapidement début juin en amont et à la suite de la conférence de presse de Mario Draghi (président de la Banque Centrale Européenne) le 6 juin. Lors de cette conférence de presse, Mario Draghi a notamment 1/ annoncé le maintien des taux directeurs jusqu’au second trimestre 2020, 2/ annoncé la possibilité d’une nouvelle phase d’assouplissement quantitatif lors des questions/réponses (via de nouveaux programmes d’achats d’actifs) et 3/ explicité les modalités du troisième tour d’opérations de refinancement ciblées à long terme (TLTRO). Les marchés anticipent quant à eux une nouvelle baisse des taux directeurs, en raison des tensions commerciales, du Brexit et des craintes autour d’un retour du protectionnisme.

L’écart entre le taux d’intérêt des obligations à 10 ans irlandaises et celui des obligations à 10 ans allemandes suit une dynamique de diminution depuis février 2019 malgré une hausse fin mai. Le 7 juin, l’écart était de 54 points de base (contre 64 pdb le 30 mai, 78 pdb le 8 février).

 

LE CHIFFRE DU MOIS

12,47

C’est le volume d’émissions carbone (exprimé en tonnes d’équivalent CO2), par habitant en Irlande pour l’année 2017. L’Irlande fait partie des trois pays émettant le plus de gaz à effet de serre par habitant au sein de l’Union Européenne, se situant à la troisième place du classement, derrière l’Estonie (15,51 tonnes par habitant) et le Luxembourg (17,07 tonnes par habitant). La moyenne de l’Union Européenne s’établit à 8,90 tonnes d’équivalent CO2 émises par habitant. La France, quant à elle, fait partie des dix pays de l’UE émettant le moins de gaz à effet de serre par habitant, avec 6,67 tonnes d’équivalent CO2 émises par habitant en 2017. La réduction des émissions de gaz à effet de serre représente un enjeu central pour l’Irlande qui peine pour le moment à atteindre les objectifs établis par la Commission Européenne (réduction des émissions de 20 % à l’horizon 2020).

Emissions

Secteur bancaire

Permanent TSB – La Banque Centrale d’Irlande (CBI) a décidé le 30 mai dernier de sanctionner la banque irlandaise Permanent TSB d’une amende de 21M€ suite au scandale des « tracker mortgages » (prêts hypothécaires indexés sur les taux directeurs de la BCE). Les clients ayant souscrit à ce type de prêts se sont vus refuser la possibilité de modifier le taux d’intérêt à la baisse (alors qu’il pouvait être modifié à la hausse). Au-delà de l’amende payée à la CBI, la banque irlandaise a au total versé une compensation d’environ 54,3M€ à 2 007 clients ayant souscrit à des « tracker mortgages ». La banque a annoncé que l’amende n’aurait qu’un impact financier faible pour son bilan 2019. Permanent TSB est la première banque à se voir condamner à payer une amende suite au scandale des « tracker mortgages ». La CBI pourrait décider de sanctionner prochainement les banques suivantes : Bank of Ireland, Allied Irish Banks et sa filiale EBS, Ulster Bank, et KBC Bank.

Prêts hypothécaires – Les données publiées par la Banking and Payment Federation Ireland (BPFI) indiquent que l’octroi de prêts hypothécaires est en progression soutenue. En avril, l’encours total des prêts accordés s’est établi à 931M€, soit une augmentation de +11 % en glissement annuel (hausse de +21 % en mars 2019). L’encours total des prêts accordés pour un achat de maison a atteint 781 M€ en avril (croissance identique de +11 % en glissement annuel).

Banque Centrale – M. Gabriel Makhlouf, actuel dirigeant du Trésor néo-zélandais et désigné comme successeur de Philip Lane à la tête de la banque centrale irlandaise (CBI), est au cœur d’une polémique en Nouvelle-Zélande après que des données confidentielles du budget auraient été par inadvertance rendues accessibles sur Internet. La police a rapidement écarté la possibilité d’un piratage informatique. Le parti d’opposition reproche notamment à M. Makhlouf d’avoir qualifié l’incident de « hacking » (piratage informatique). En Irlande, l’incident provoque de vives réactions dans la presse et au sein de la classe politique. Plusieurs députés ont demandé au ministre des Finances irlandais de revenir sur sa décision de nommer M. Makhlouf à la tête de la CBI.

 

Evolution des indicateurs macroéconomiques

Tableau mensuel

Tableau mensuel

Tableau annuel

Tableau annuel