Une hausse de la concentration des entreprises est observée aux États-Unis depuis 20 ans dans la plupart des secteurs d'activité.

 

Une hausse de la concentration des entreprises est observée aux États-Unis depuis 20 ans dans la plupart des secteurs d'activité. Les plus grandes entreprises détiennent une part de marché plus grande qu'auparavant, ce qui y alimente un renouveau du débat sur l'antitrust.

Plusieurs phénomènes peuvent être à l'origine de cette hausse sans que leur contribution respective puisse être distinguée avec précision. Ainsi une réallocation de la production vers des entreprises très productives et très profitables (les entreprises dites « superstars »), a pu contribuer à la fois à des gains de productivité et à une hausse de la concentration. La hausse de la concentration et la hausse des profits observée aux États-Unis pourraient également refléter une réduction générale de l'intensité de la concurrence du fait d'un affaiblissement des politiques de concurrence ou une hausse des barrières à l'entrée, que l'adoption des technologies numériques peut avoir favorisé.

Cette hausse de la concentration pourrait avoir des effets négatifs sur l'investissement des entreprises. Son effet sur les salaires réels est plus ambigu, puisque, d'une part, une hausse du pouvoir de marché des entreprises peut se traduire par une hausse des prix ou une baisse des salaires négociés, mais, d'autre part, les salariés des entreprises qui dégagent des rentes peuvent aussi parfois capter une partie de celles-ci.

Ces évolutions contribueraient à accroître les inégalités de revenus aux États-Unis. En effet, la hausse des profits se traduit par un transfert des consommateurs vers les détenteurs de capital, en moyenne plus aisés. De plus, les écarts de productivité et de salaires entre entreprises contribuant de façon importante aux inégalités salariales agrégées, la forte croissance d'un petit nombre d'entreprises très productives peut accroître les inégalités, même en l'absence de problème de concurrence.

Ces phénomènes ne sont à ce jour pas mis en évidence de manière claire en Europe où la concentration serait restée globalement stable. Si malgré cela certaines mesures pointent vers une hausse des profits en Europe, la littérature est plus partagée sur ce dernier constat.

Trésor-Éco n° 232