Sommaire

  • Énergie
    • Réactions à la publication de l’ébauche de plan fondamental de l’énergie révisé
    • Projet Japon-Malaisie de développement d’un système de génération électrique à partir des différences de températures d'eau de mer
  • Transports
    • Véhicules électriques et zéro-émissions : objectifs de déploiement à l’horizon 2030 fixés par la ville de Tokyo et lancement par le METI d’une démonstration de connexion des véhicules au réseau électrique
    • Véhicules autonomes : stratégie de déploiement au niveau national aux horizons 2020 et 2030
  • Infrastructures
    • Une loi autorisant les entreprises à obtenir un soutien d’agences administratives indépendantes pour leurs projets d’infrastructures à l’étranger passe à la Diète
    • L’annulation du projet de ligne à grande vitesse entre Kuala Lumpur et Singapour est un coup dur pour les velléités d’exportations du Shinkansen
  • Environnement
    • Lancement d’une stratégie de réduction des déchets plastique d’ici la fin de l’année
    • 122 femelles enceintes tuées lors de la dernière expédition baleinière japonaise
    • La Déclaration de Tokyo unit les mégalopoles mondiales en faveur du combat contre les déchets et la pollution

Énergie

Réactions à la publication de l’ébauche de plan fondamental de l’énergie révisé

Le 16 mai dernier, le comité en charge de la politique stratégique énergétique au sein du METI (Ministère de l'industrie et de l'économie, également en charge de l'énergie) a présenté son ébauche du plan fondamental de l’énergie révisé, pour soumission à discussion (cf. Actualités Japon - Énergie, Environnement, Transport, Construction - Mai 2018 (II)). Cette ébauche fait l’objet d’un débat public devant durer un mois. La version finale du plan sera adoptée par le Cabinet Office d’ici juillet.

Le mix énergétique proposé pour 2030 demeure inchangé par rapport au plan précédent, établi en 2014. À cet horizon, le METI ambitionne que le mix électrique du pays soit composé à hauteur de 56 % de carburants fossiles (27 % de gaz naturel liquéfié, 26 % de charbon et 3 % de pétrole), 22-24 % de renouvelables et 20-22 % de nucléaire. Le mix énergétique proposé est quant à lui composé à 76 % de fossiles (33 % pétrole, 25 % charbon, 18 % gaz), 14 % de renouvelables et 10 % de nucléaire.

On note dans la presse des désaccords et réactions d’incompréhension. L’éditorial de l’Asahi Shimbun daté du 18 mai titre ainsi « Le nouveau programme énergétique du METI toujours alimenté par une pensée de la vieille école » ; l’article indique clairement son opposition à une politique « tournant le dos à un mouvement domestique et international », considère que le gouvernement manque de vue d’ensemble, et s’inquiète pour l’avenir énergétique du pays.

Au cours des discussions interministérielles en amont de la publication de cette ébauche de plan révisé, le MOFA aurait par ailleurs demandé au METI de rehausser l’objectif pour les renouvelables, arguant sur la base d’un rapport de l’AIE que la part des renouvelables dans le mix électrique japonais pourrait atteindre 20-24 % dès 2022 et 40 % d’ici 2030, sous réserve d’un soutien adéquat. Interrogé en conférence de presse sur la question, le Ministre des Affaires Étrangères Taro Kono n’a pas fait de commentaire sur le nouveau plan.

Le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère de l'Environnement continuent d’avancer de leur côté ; les deux entités ont récemment annoncé étudier la possibilité de rejoindre l’initiative RE100, impliquant une fourniture d’énergie 100% renouvelable dans leurs bâtiments.

Sources : The Asahi Shimbun, Asahi Shimbun et Mainichi, 18 mai

Projet Japon-Malaisie de développement d’un système de génération électrique à partir des différences de températures d'eau de mer

L’Université de Saga et l’AIST (National Institute of Advanced Industrial Science and Technology), en coopération avec l’University Technology Malaysia, cherchent à développer un système de génération électrique à partir des différences de températures et du dessalement de l'eau de mer. Une expérimentation sera lancée en Malaisie à partir d’avril 2019 afin de développer un système d’une capacité de 10 MW.

L’eau de mer de surface d’une température avoisinant les 29°C sera puisée puis envoyée dans un évaporateur. De l’ammoniac sera extrait de cette vapeur puis envoyé dans un échangeur de chaleur pour produire de l’électricité avec le turbogénérateur. L’eau de mer évaporée sera par ailleurs utilisée comme eau douce. Après la génération, l’ammoniac chaud sera refroidi avec de l’eau de mer des profondeurs (puisée à environ 800m) avoisinant les 6°C puis reversé dans l’échangeur de chaleur. Le système sera donc hybride.

Au Japon, un système de démonstration similaire d’une capacité de 50 kW a été construit par l’Université de Saga et mis en service en 2013 sur l’île de Kumé, dans la préfecture d’Okinawa. Ce système est en fonctionnement continu depuis 5 ans.

Cette expérience vise à permettre le développement d’un échangeur de chaleur moins cher et plus efficace, afin de rendre ce système plus rentable. Un système de démonstration de 3 kW sera installé durant 2 ans dans le centre OTEC de l’University Technology Malaysia afin d’en évaluer les coûts de génération, la rentabilité et la performance.

L’University Technology Malaysia estime que la capacité totale de génération via cette méthode s’élèvera à 2,5 GW d’ici 2030. L’utilisation de cette électricité à des fins de production d’hydrogène est également envisagée.

Source : Nikkei, 28 mai

Transports

Véhicules électriques et zéro-émissions : objectifs de déploiement à l’horizon 2030 fixés par la ville de Tokyo et lancement par le METI d’une démonstration de connexion des véhicules au réseau électrique

La ville de Tokyo (Tokyo Metropolitan Government, TMG) s’est fixée pour objectif à l’horizon 2030 que la part des véhicules zéro-émissions atteigne 50% des véhicules neufs vendus dans la ville. Cette part avoisine actuellement les 2%. Cette initiative de Tokyo dépasse l’objectif fixé à 30% par le gouvernement. Si la ville ne mettra pas en place d’obligation, elle proposera des aides afin d’encourager l’achat de ces véhicules. Par ailleurs, le TMG cherche à mettre en œuvre des mesures additionnelles à celles déjà existantes, telles qu’une aide à l’installation de points de recharge ou l’introduction de bus FCV dans la flotte municipale.

Le gouvernement national agit également en matière de véhicules électriques. Les batteries embarquées dans ces véhicules ayant une capacité 10 fois supérieure aux piles domestiques, on estime qu’elles pourraient jouer un rôle d’ajustement de l’offre et de la demande d’électricité. Aussi, le METI lance un projet d’expérimentation de connexion de ces véhicules au réseau électrique. La technologie pour transmettre l’électricité stockée dans le véhicule vers le réseau doit encore être développée, et le METI souhaite réaliser des expérimentations jusqu’en 2020 afin d’établir un échéancier pour la commercialisation. Tohoku EPCO, Tokyo EPCO Holdings, Toyota Tsusho et Kyushu EPCO (en partenariat avec d’autres entreprises telles que Mitsubishi Electric et Hitachi) sont parties prenantes à cette expérimentation.

Source : Nikkei et Nikkei, 22 et 30 mai

Véhicules autonomes : stratégie de déploiement au niveau national aux horizons 2020 et 2030

self-driving vehicleLe gouvernement nippon doit sortir ce mois-ci sa stratégie nationale de croissance. L’ébauche de ce document – présentée ce lundi à un panel d’experts sur les investissements futurs – indique la volonté du gouvernement Abe de fixer comme objectif 30% de véhicules autonomes parmi les ventes de véhicules neufs d’ici 2030.

Ces véhicules rouleront de manière autonome sauf en cas d’urgence – atteignant le niveau 3 d’automatisation sur les cinq définis par les standards internationaux. Le document indique par ailleurs la volonté du gouvernement de déployer des services de transport autonomes dans certaines régions d’ici 2020 (année de la tenue des JO à Tokyo), visant une extension à 100 localisations d’ici 2030.

Le Japon illustre ainsi sa volonté de promouvoir cette technologie et de remédier au manque de transports publics dans les zones dépeuplées. L’installation de capteurs collectant des informations sur la conduite des véhicules sera discutée au cours de cette année fiscale.

La législation nippone accuse un certain retard en la matière par rapport notamment aux Européens : la loi japonaise est en effet basée sur la convention de Genève sur le trafic routier de 1949 n’ayant pas été revue sur ce sujet, tandis que les lois européennes sont basées sur la convention de Vienne de 1968, déjà mise à jour pour autoriser les technologies de conduite autonome lorsqu’un humain peut reprendre le contrôle immédiat du véhicule.

Le gouvernement japonais souhaite réviser sa réglementation d’ici l’année fiscale 2020, légiférant notamment sur la question de l’assignation de responsabilité en cas d’accident. En mars, il avait statué que le propriétaire du véhicule serait responsable en cas de dommages ; les questions de responsabilité criminelle doivent être discutées dans le courant de l’année. Les assureurs nippons se préparent par ailleurs à fournir une couverture pour ce type d’accidents.

Source : Nikkei Asian Review et The Mainichi, 30 mai et 4 juin

Infrastructures

Une loi autorisant les entreprises à obtenir un soutien d’agences administratives indépendantes pour leurs projets d’infrastructures à l’étranger passe à la Diète

Ce 25 mai, la Diète a voté en faveur d’une loi autorisant les entreprises à obtenir un soutien d’agences publiques indépendantes dans le cadre du développement de projets d’infrastructures à l’étranger. Les agences comme la Japan Railway Construction ou la Transport and Technology Agency par exemple pourront désormais conduire des recherches et mener d’autres activités pour le compte de compagnies en concurrence pour des contrats portant sur des infrastructures à l’étranger.

Le gouvernement s’est fixé comme objectif de faire croître les commandes confirmées de projets d’infrastructures à l’étranger pour les entreprises domestiques de 20 billions JPY en 2015 à 30 billions JPY en 2020.

Source : The Japan Times, 25 mai

L’annulation du projet de ligne à grande vitesse entre Kuala Lumpur et Singapour est un coup dur pour les velléités d’exportations du Shinkansen

https://www.ft.com/__origami/service/image/v2/images/raw/https%3A%2F%2Fs3-ap-northeast-1.amazonaws.com%2Fpsh-ex-ftnikkei-3937bb4%2Fimages%2F0%2F4%2F0%2F7%2F14027040-4-eng-GB%2F0529N11-Shinkansen.jpg?source=nar-cmsLe nouveau Premier Ministre malaisien, Mahathir Mohamad, a annoncé la semaine dernière l’annulation d’un projet de ligne à grande vitesse entre Kuala Lumpur et Singapour, projet approuvé par son prédécesseur. Le projet aurait dû s’achever en 2026, reliant les deux villes distantes de 350km en 90 minutes.

Les contrats autour du projet auraient dû être alloués d’ici la fin de cette année ; un consortium nippon incluant JR East et Sumitomo Corp. espérait pouvoir profiter de l’occasion pour exporter sa technologie de Shinkansen.

Le Shinkansen s’est déjà exporté à Taïwan et devrait également faire partie du projet de ligne à grande vitesse longue de 500km qui devrait s’ouvrir en Inde en 2023. L’industrie ferroviaire nippone est cependant en concurrence rude avec CRRC, plus gros producteur mondial de matériel roulant. Elle a déjà dû faire face à plusieurs échecs, notamment au Mexique, au Venezuela et au Brésil.

Le marché ferroviaire Asie-Pacifique est évalué par le METI à un peu moins de 60 milliards EUR entre 2019 et 2021.

Source : Nikkei Asian Review, 30 mai

Environnement

Lancement d’une stratégie de réduction des déchets plastique d’ici la fin de l’année

En lien avec le mouvement international de promotion, non seulement du recyclage mais aussi d’une réduction de l’utilisation des sacs et emballages en plastique, le gouvernement japonais aurait décidé de travailler à la définition d’une stratégie pour réduire le volume massif de déchets plastique générés au Japon.

Dès cet été, un conseil constitué de représentants des ministères et agences concernées – en particulier, MOE et METI –, du secteur industriel et d’autres experts sera formé afin de fixer cette stratégie avant la fin de l’année fiscale.

Cette stratégie devrait appeler à une réduction des contenants et emballages plastique ; une collecte et une réutilisation efficiente des ressources plastique ; et une diffusion de l’utilisation de bioplastiques dérivés de matériaux végétaux et non du pétrole.

D’après le Plastic Waste Management Institute, le montant total de déchets plastique produits au Japon s’élevait à 8,99 million de tonnes en 2016 et 60 % avaient été incinérés. Si une majorité de la chaleur produite avait été réutilisée notamment pour la génération d’électricité, le brûlage de plastique pose problème en termes d’émissions de gaz à effet de serre.

L’introduction de telles régulations pourrait soulever l’opposition de l’industrie et des consommateurs.

Source : The Japan News, 26 mai

122 femelles enceintes tuées lors de la dernière expédition baleinière japonaise

Le Japon est signataire de la Commission Baleinière Internationale (CBI), ayant maintenu un moratoire sur la chasse à la baleine depuis 1986. Tokyo exploite cependant une brèche juridique autorisant la mise à mort de baleines à des fins de recherches scientifiques, indiquant chercher à prouver que la population est assez nombreuse pour autoriser une chasse à des fins commerciales. Le fait que la viande de baleine finisse dans des assiettes n’est cependant pas un secret. Les Japonais la dégustent depuis des siècles et elle était une ressource en protéines très utile après-guerre, mais sa consommation s’est réduite significativement ces dernières décennies.

En 2014, la Cour Internationale de Justice avait ordonné au Japon de mettre fin à ses expéditions dans l’Antarctique, indiquant que les permis de chasse délivrés par Tokyo « n’avaient pas de visées scientifiques ». La chasse annuelle avait été annulée l’année suivante, mais avait repris en 2016.

La dernière expédition baleinière annuelle japonaise – hautement controversée – a duré quatre mois dans l’Antarctique et s’est achevée en mars, tuant 333 petits rorquals au total. Un rapport des autorités japonaises soumis à la CBI le mois dernier indique que, lors de cette expédition, 122 femelles enceintes et des douzaines de mâles immatures ont été tués.

Les ONG, notamment Humane Society International, ont qualifié ces chiffres de choquants et démonstratifs de la cruauté de la chasse baleinière nippone. L’organisation a également rappelé qu’il a été démontré que des enquêtes non-létales étaient suffisantes pour combler les besoins scientifiques.

L’Agence des pêches nippones a défendu la chasse, indiquant que les femelles enceintes n’étaient pas visées et que les prises étaient réalisées au hasard. Elle a par ailleurs insisté sur le fait que le nombre de baleines chassées était compatible avec le niveau fixé par la CBI comme nécessaire à la recherche et n’affectant par le stock. Elle a ajouté que le ratio élevé de baleines enceintes capturées était notable puisqu’il indiquait qu’on pouvait s’attendre à une hausse du stock de cétacés.

Plus tôt cette année, le ministre en charge des pêches avait confirmé étudier la possible modernisation de la flotte baleinière vieillissante, et le Premier Ministre Abe s’était engagé à poursuivre la chasse. Il avait indiqué à la Diète « poursuivre toutes les possibilités afin de relancer la chasse commerciale, y compris lors de la réunion de la CBI en septembre ».

Source : The Japan Times, 31 mai

La Déclaration de Tokyo unit les mégalopoles mondiales en faveur du combat contre les déchets et la pollution

Tokyo Declaration unites global cities against waste and pollutionLa gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, a annoncé ce 23 mai l’adoption de la Déclaration de Tokyo, engagement de 22 villes de rang mondial à réduire leurs déchets et à combattre la pollution de l’air par le partage de technologies et de connaissances. Cette déclaration est venue clôturer le Tokyo Forum for Clean City and Clear Sky, symposium de deux jours organisé par le Tokyo Metropolitan Government (TMG). Ces engagements sont en ligne avec les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’Agenda 2030 de l’ONU.

Au cours de cet évènement, des officiels de villes telles que Tokyo et Yokohama mais aussi Hanoi, Hong Kong, Paris, Singapour, Sydney, Oulan-Bator, Rangoon, Durban (Afrique du Sud) ou encore Tomsk (Russie) ont échangé sur leur programme de recyclage et traitement des déchets.

Tous les participants se sont engagés à construire des systèmes de recyclage plus performants, à promouvoir les véhicules zéro-émissions pour réduire les polluants atmosphériques, et à accroître la sensibilisation du public et du secteur privé à ces questions.

Tokyo en particulier a annoncé deux plans stratégiques pour combattre les changements climatiques en amont des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2020 : le lancement de la Team Mottainai ("Trop précieux pour être gâché") regroupant des volontaires, ONG et experts pour initier un mouvement de réduction du gaspillage alimentaire ; et la fixation d’un objectif de 50 % de véhicules zéro-émissions parmi les véhicules neufs vendus en 2030.

Source : The Japan Times, 23 mai

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le Pôle Développement Durable du Service Economique Régional de l'Ambassade de France à Tokyo. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.