La Banque Mondiale vient de relever les perspectives de croissance du PIB réel. Alors qu’à l’automne elle prévoyait une croissance de 4,5% en 2017/18 et 5,3% en 2018/19, celles-ci ont été révisées à la hausse : 5% en 2017/18 et 5,5% en 2018/19, tirée à court-terme par une consommation privée résiliente ainsi que les effets de l’exploitation du champ gazier de Zohr, et à moyen-terme par l’accélération des investissements et le redressement des exportations de marchandises et de la fréquentation touristique.

Les réductions des déficits jumeaux sont quant à elles revues à la baisse :

  • Le déficit courant prévu à 4,6% du PIB en octobre devrait finalement être ramené à 4,9% du PIB pour l’exercice 2017/18.
  • Le déficit budgétaire prévu à 8,8% du PIB lors des prévisions d’octobre devrait finalement atteindre 9,8% du PIB pour l’exercice 2017/18.

Cette révision à la baisse s’explique par la charge de la dette impactée par la hausse des taux directeurs et un taux de change plus élevés que prévu au budget, ainsi que la hausse des prix internationaux du pétrole.

Enfin, le taux de pauvreté pourrait diminuer (marginalement) grâce à la mise en œuvre des mesures de protection sociale contenues dans le budget 2017/18, notamment la hausse des subventions alimentaires et les programmes de transferts monétaires.

Néanmoins, elle relève plusieurs risques qui pourraient compromettre ce scénario :

  • Une persistance des déséquilibres macroéconomiques, en cas de retards dans la mise en œuvre des réformes ;
  • Une remise en cause de la soutenabilité de la dette, en cas de ralentissement des réformes fiscales ou un ralentissement de la croissance (le ratio dette gouvernementale / PIB est estimé à 108,8% pour 2017/18);
  • Un affaiblissement des principales sources de recettes budgétaires et en devises (IDE, tourisme, transferts d’expatriés) si des troubles sécuritaires internes et externes venaient à apparaître.

Les projections du FMI et de la BERD sont globalement en phase avec celles de la Banque Mondiale.  Ainsi, le taux de croissance du PIB de l'Egypte atteindrait 5,2% en 2017/18 et 5,5% en 2018/19 pour le FMI et respectivement 5,3% en 2017/18 et 5,5% en 2018/19 pour la BERD. Le FMI prévoit également une baisse du taux de chômage en Égypte à 11,1% en 2017/18 et 9,7% en 2018/19 et prévoit une baisse de l'inflation à 20,1% en 2017/18 et 13% en 2018/19 (respectivement 22,1 et 14% pour la Banque Mondiale).

Enfin, le récent relèvement de la note souveraine de B- à B (perspective stable) pour les émissions à long terme de Standard & Poor’s est un signal aussi positif qu’attendu par les autorités égyptiennes. Le niveau de la dette publique reste néanmoins à surveiller ainsi que l’appétit à l’endettement à court-terme. Moody’s a, à ce titre, classé l’Egypte parmi les 7 économies émergentes les plus vulnérables à un resserrement des conditions financières mondiales.