Le solde courant allemand, représentant la différence entre l’épargne et l’investissement du pays, légèrement déficitaire en 2000, a atteint le niveau inédit de 261 Mds€ en 2016, soit plus de 8 % du PIB allemand.

Le solde courant allemand, représentant la différence entre l’épargne et l’investissement du pays, légèrement déficitaire en 2000, a atteint le niveau inédit de 261 Mds€ en 2016, soit plus de 8 % du PIB allemand.

La modération salariale intervenue au cours des années 2000 expliquerait jusqu’à un tiers de cet excédent. La progression plus faible des salaires allemands par rapport à ceux de la zone euro a amélioré la compétitivité de l’Allemagne au sein de l’union monétaire, stimulant ses exportations, tandis que la faiblesse des salaires pesait sur la consommation et les importations de l’Allemagne.

Le vieillissement de la population en Allemagne, qui a connu une détérioration marquée de sa natalité à la sortie de la seconde guerre mondiale, pourrait également expliquer environ un tiers de l’excédent courant. Les générations nombreuses du baby-boom approchent aujourd’hui de la retraite et tendent à beaucoup épargner en prévision de celle-ci. Dans le même temps, une démographie moins dynamique déprime l’investissement en raison de la moindre croissance attendue à long terme.

Le troisième tiers de l’excédent courant allemand serait expliqué par d’autres facteurs, dont en premier lieu une politique budgétaire plus restrictive que celle de ses partenaires.

L’excédent courant allemand est jugé excessif par de nombreux observateurs aux regards des fondamentaux de l’économie allemande. C’est pour partie le signe d’un désalignement des prix entre l’Allemagne et le reste de la zone euro, qu’il convient de réduire dans la mesure où celui-ci s’accompagne d’une répartition déséquilibrée de l’activité entre les pays de la zone : suractivité en Allemagne et déficit d’activité dans le reste de la zone euro.

Pour parvenir à un rééquilibrage plus symétrique des déséquilibres courants au sein de la zone euro, un renforcement de la dynamique des salaires et de la demande intérieure en Allemagne permettrait de réduire l’excédent courant allemand et de stimuler l’inflation en zone euro, dans un contexte de politique monétaire contrainte. En parallèle, les autres pays de la zone euro doivent poursuivre leurs efforts de maitrise de la dynamique des salaires et de consolidation budgétaire.

Trésor-Éco 209