Trésor-Éco n° 204 – Succès et défis de l'économie argentine
Après la crise économique de 2001 puis une période marquée par un net retour au protectionnisme et un isolement progressif vis-à-vis des capitaux étrangers, l’Argentine connait un nouvel élan depuis l’élection fin 2015 de Mauricio Macri.
Après la crise économique de 2001 puis une période marquée par un net retour au protectionnisme et un isolement progressif vis-à-vis des capitaux étrangers, l’Argentine connait un nouvel élan depuis l’élection fin 2015 de Mauricio Macri. Face à une situation macroéconomique particulièrement dégradée, les mesures d’urgence, difficiles, prises en début de mandat pour éviter une nouvelle crise de change ont été suivies de succès : alignement des taux de change officiel et parallèle, sortie du contrôle des capitaux, négociation avec les fonds procéduriers new-yorkais et sortie du défaut. La mise en œuvre de réformes structurelles est un travail de plus longue haleine.
Une des clés de la normalisation macroéconomique réside dans la capacité de l’Argentine à maîtriser rapidement l’inflation et à moderniser le secteur financier. L’inertie de l’inflation est un stigmate des nombreuses crises économiques ayant frappé le pays, l’attachement des agents au dollar générant en effet une forte résistance à l’ajustement réel du change.
L’inertie de l’inflation a également des causes structurelles : comportement de rentes facilitées par un protectionnisme commercial et la faiblesse des autorités de la concurrence, difficile maîtrise des coûts salariaux face à un fort pouvoir de négociation des syndicats. De manière conjoncturelle, la levée des distorsions liées aux subventions aux services publics s’accompagne d’un regain d’inflation.
Aujourd’hui, la Banque Centrale fait face à un dilemme aigu : prolonger une politique monétaire restrictive ou opter pour un sentier de désinflation plus graduel, en permettant un ajustement du change afin de rétablir une compétitivité coût très dégradée.
À court terme, l’ouverture commerciale progressive, déjà amorcée par le gouvernement, est certainement le meilleur moyen pour imposer une plus grande discipline dans la fixation des prix et la formation des anticipations, et donc pour enrayer une perte de compétitivité change très rapide. La réussite de cette normalisation, face à un héritage difficile, ouvrirait des perspectives prometteuses de croissance à moyen long terme compte tenu de nombreux avantages de économie argentine (ressources en matières premières, dotation en capital humain, productivité du secteur agricole notamment).