Après une période de croissance soutenue liée à un effet de rattrapage, la productivité du travail italienne a connu, à partir du milieu des années 1990, un ralentissement plus net et plus précoce que ses principaux partenaires. L'Italie faisait partie des leaders européens en termes de productivité horaire du travail jusqu'au milieu des années 1990. Cet avantage s'est progressivement réduit : la productivité italienne serait maintenant de plus de 20 % inférieure à celle de la France et de l'Allemagne.

Les faibles performances italiennes en termes de productivité ne sont pas liées à un changement de structure productive ni aux disparités régionales. L'absence de gains de productivité est généralisée à tous les secteurs d'activité et l'évolution de la structure productive, notamment le recul de l'industrie, n'explique pas le ralentissement observé dans l'ensemble de l'économie.

D'un point de vue conjoncturel, les politiques d'enrichissement de la croissance en emplois ont entraîné un ralentissement des gains de productivité horaire. Les réformes du marché du travail de la fin des années 1990 et du début des années 2000 ont soutenu les créations d'emploi dans un contexte de croissance faible, ce qui a limité les gains de productivité. La crise de 2008 a entraîné une baisse importante de l'emploi mais qui est restée modérée au vu du choc d'activité subi par l'économie italienne et en comparaison des autres pays européens, notamment l'Espagne. En effet, l'ajustement sur le marché du travail s'est opéré principalement à travers la réduction des heures travaillées par employé.

Sur le plus long terme, des facteurs structurels semblent à l'origine de cette situation atypique en Europe. D'une part, l'Italie accuse un retard en termes de formation et d'éducation de la population active, et des jeunes en particulier, limitant l'offre d'emploi qualifié. Parallèlement, l'insertion des jeunes, y compris les plus diplômés, sur le marché du travail est difficile, ce qui peut entraîner une mauvaise utilisation du capital humain. D'autre part, les investissements en R&D et en technologies de l'information et de la communication (TIC) ont été beaucoup plus faibles que dans les autres pays européens. Enfin, le retard de l'Italie dans l'adoption de réformes sur les marchés des biens et services a également pu constituer un frein à l'évolution de la productivité du travail.

La petite taille des entreprises, en grande majorité familiales et peu internationalisées, contribue également à la faible productivité italienne. Si la part des microentreprises est la même qu'en France, l'écart en termes de productivité par taille d'entreprises est nettement plus creusé en Italie.

Trésor-Éco n° 170