Depuis la crise financière de 2008-2009, le commerce mondial de biens et services peine à retrouver son dynamisme d'avant crise. Les échanges commerciaux mondiaux n'ont progressé que d'environ 3 % par an en moyenne entre 2012 et 2015, contre 6,7 % par an entre 2000 et 2008. Cela s'explique à la fois par une croissance mondiale plus faible et par une moindre intensité en commerce de celle-ci.

La libéralisation commerciale et la fragmentation croissante des chaînes de production mondiales ont alimenté la croissance exceptionnelle du commerce mondial jusqu'à la deuxième moitié des années 2000. Les années 1990 et 2000 ont été marquées par l'intégration accrue de la Chine et des pays de l'ex bloc soviétique dans les échanges commerciaux et la montée en charge d'accords de libre-échange. Ces facteurs, combinés aux progrès technologiques, ont permis un fractionnement croissant des différentes étapes de la production. Cette tendance s'est progressivement essoufflée.

Ces dernières années, la composition de la croissance de l'activité pèse également sur le commerce. Le poids de l'investissement et de l'industrie dans l'activité mondiale tend à diminuer au profit de la consommation et du secteur des services, relativement moins intensifs en importations. La composition géographique de la croissance joue également sur le rythme du commerce mondial : entre 2011 et 2013, l'activité a été particulièrement peu dynamique en Europe dans le contexte de la crise de la zone euro. Or, l'activité en Europe est généralement très intensive en commerce, du fait notamment des importants échanges intra-zone euro.

En 2015, la faiblesse du commerce mondial a été accentuée par la baisse des importations des émergents. Cette baisse est allée au-delà de ce qu'aurait suggéré l'évolution de l'activité de ces pays. Les fortes dépréciations de nombreuses devises émergentes en 2015 ont augmenté le coût des importations et pesé sur leur volume à court terme.

À horizon 2017, le commerce mondial devrait accélérer quelque peu, mais rester moins dynamique qu'avant-crise. La croissance mondiale resterait modérée et l'élasticité du commerce au PIB rebondirait mais resterait proche de l'unité. Les facteurs structurels de ralentissement évoqués ci-dessus continueraient de peser sur le commerce, tandis que les importations des émergents évolueraient davantage en ligne avec leur demande intérieure. À plus long terme, un rebond modéré du commerce mondial est envisageable. Toutefois, une croissance du commerce durablement plus forte que celle de l'activité semble peu probable.

Trésor-Éco n° 166