Avant-crise, la Chine a connu une période de très forte croissance, tirée principalement par l'accumulation de capital : en effet, elle a pu maintenir des taux d'investissement élevés grâce à une épargne abondante, reflétant en partie des distorsions sur les prix des facteurs (taux de change, salaires, taux d'intérêt). Les gains de productivité ont aussi contribué aux performances exceptionnelles de la Chine, via un effet de rattrapage technologique mais aussi via les réallocations sectorielles de main d'œuvre, de l'agriculture vers l'industrie.

Toutefois depuis la crise financière de 2008, la Chine fait face à un net ralentissement de son activité. Les mesures de relance, qui ont conduit à une forte hausse de l'investissement, ont certes permis de compenser la faiblesse des exportations liée à une demande extérieure moins dynamique, mais au prix d'un accroissement des déséquilibres internes de l'économie. En outre, les rendements marginaux décroissants du capital et une allocation des ressources de moins en moins efficace après-crise se sont traduits par une efficacité productive moindre et une hausse de l'endettement total, traduisant une montée des vulnérabilités. Fin 2013, les autorités se sont résolument engagées dans la voie du rééquilibrage vers un modèle de croissance plus soutenable.

Dans ce contexte de transition, la DG Trésor et la Banque de France ont réalisé une estimation de la croissance potentielle chinoise à l'horizon 2030, afin de mesurer l'impact du rééquilibrage sur les perspectives chinoises. Cette estimation via une approche par la fonction de production, intègre en les adaptant les derniers développements conceptuels illustrant le rôle des cycles de crédit dans la détermination de la croissance potentielle ; elle prend également en compte l'impact sur la productivité globale des facteurs d'une inflexion des réallocations sectorielles vers les services.

Au final, le ralentissement chinois depuis la fin des années 2000 serait essentiellement structurel. La croissance en 2014 était proche de son potentiel, avec toutefois un output gap légèrement positif. Le repli de la croissance potentielle devrait se poursuivre et pourrait s'avérer plus marqué à moyen terme que ne le prévoit le Consensus. Ces résultats appellent à un calibrage fin de la politique budgétaire, qui pourrait utilement accompagner les transformations structurelles de l'économie et la transition vers une croissance plus modérée et plus soutenable, tout en évitant un ralentissement trop marqué de l'activité.

Trésor-Éco n° 155