Les durées annuelles moyennes de travail effectif en France et en Allemagne sont proches, autour de 1 650 heures par an. Cette similitude masque toutefois un plus faible temps de travail moyen pour les salariés à temps plein en France (environ 200 heures de moins par an) et une proportion plus importante d'emplois salariés à temps partiel en Allemagne (26 % contre 18 % en France). Au cours de la dernière décennie, en France comme en Allemagne, le nombre de personnes en emploi a nettement progressé (+9,1 % en Allemagne et +14,1 % en France entre 1999 et 2011) alors que le volume total d'heures travaillées est resté sensiblement le même. Il en a résulté dans les deux pays une diminution de la durée individuelle du temps de travail mais cette baisse est intervenue par le biais de canaux distincts : en France, une diminution de la durée du travail à temps plein ; en Allemagne, un développement du temps partiel.

Les emplois créés ont pris des formes différentes : alors que la création d'emploi à temps plein demeure largement majoritaire en France, l'emploi à temps partiel explique l'intégralité des créations d'emploi en Allemagne, l'emploi à temps plein y ayant même légèrement reculé. Le fort développement du travail à temps partiel en Allemagne a principalement concerné les femmes. Par ailleurs, l'Allemagne affiche l'un des taux d'emploi féminin les plus élevés d'Europe (environ 10 points au-dessus de la moyenne des pays de la zone euro). Toutefois, en raison du plus faible volume horaire travaillé par les allemandes, du fait notamment de la proportion plus importante de femmes à temps partiel, les taux d'emploi féminin en équivalent temps plein sont proches en France et en Allemagne.

En Allemagne, seule une faible proportion de temps partiel y est déclarée comme « subi » (17 % en Allemagne, contre 30,7 % en France). Par ailleurs sur la période récente (depuis 2005), le taux de pauvreté relative des salariés à temps partiel se situe globalement à un niveau moins élevé en Allemagne qu'en France. Une meilleure protection du niveau de vie des personnes liée à la multi activité, à la présence plus fréquente d'un conjoint en emploi, voire à une utilisation plus répandue qu'en France des mécanismes de modulation du temps de travail constituent des facteurs explicatifs à cette moindre pauvreté et donc au sentiment de ne pas « subir » le temps partiel. Enfin, des facteurs culturels pourraient expliquer pourquoi les mères allemandes « subissent » moins le temps partiel : il y aurait notamment une meilleure acceptation de la contrainte liée au manque de structure d'accueil des jeunes enfants en Allemagne, et par là même, de la difficulté, dans le cadre d'un travail à temps plein, à concilier vie de famille et activité professionnelle.

Trésor-Éco n° 141