Depuis 2009, l'Espagne connaît une nette amélioration de ses performances à l'exportation, c'est-à-dire que ses exportations en biens et services sont plus dynamiques qu'attendu au regard de l'évolution de la demande étrangère.

Ces bonnes performances reflètent notamment la forte amélioration de la compétitivité-coût, permise par une modération des salaires mais aussi par le fort redressement de la productivité qui a accompagné les destructions d'emplois massives suite à la crise (l'évolution du taux de change a peu joué en comparaison sur cette période).

L'amélioration de la compétitivité-coût n'explique toutefois qu'en partie les bonnes performances à l'exportation de l'Espagne après crise : (i) les exportations espagnoles étaient déjà dynamiques avant crise, alors même que la compétitivité-coût se détériorait fortement ; (ii) les gains de compétitivité-coût ne se sont que légèrement répercutés dans les prix, les entreprises ayant préféré restaurer leurs marges ; (iii) les coûts salariaux horaires espagnols étaient déjà plus faibles que ceux de ses principaux partenaires avant-crise ; (iv) enfin, le principal déterminant des exportations demeure la demande étrangère, les éléments de compétitivité jouant un rôle plus faible.

Les entreprises espagnoles semblent aussi avoir réagi à la faiblesse de la demande intérieure en se réorientant vers l'extérieur. Ainsi, le nombre d'entreprises exportatrices a fortement augmenté depuis la crise. L'Espagne a notamment vu le poids de ses exportations baisser significativement vers la zone euro et augmenter vers des marchés à fort potentiel, cette évolution tenant cependant en partie au faible dynamisme de la zone euro au regard des autres marchés d'exportations.
À terme, les gains de compétitivité-coût devraient toutefois s'amenuiser, du fait d'un ralentissement de la productivité et d'un lent redémarrage des salaires.

En outre, l'amélioration des performances à l'exportation reste à confirmer, en l'absence d'évolution sensible de spécialisation et malgré le volontarisme du gouvernement. En effet, si les entreprises espagnoles gagnent des parts de marché dans des régions dynamiques, il n'y a en revanche pas eu dans l'ensemble de diversification sectorielle prononcée. De plus, le tissu productif espagnol reste encore caractérisé par un pourcentage relativement faible d'entreprises exportatrices, pouvant limiter l'internationalisation de l'économie.

Trésor-Éco n° 140