La baisse rapide du taux de chômage aux États-Unis s'est accompagnée d'une baisse du taux d'activité, qui s'est accélérée depuis la crise. Après un pic à 10,0 % de la population active fin 2009, le taux de chômage a régulièrement baissé, pour atteindre 5,9 % en septembre 2014. Si cette baisse résulte avant tout de créations d'emplois dynamiques, elle s'est cependant opérée dans le contexte d'une baisse du taux d'activité (à 62,7 % en septembre, au plus bas depuis 1978). La baisse du taux d'activité a joué mécaniquement à la baisse sur le taux de chômage, tandis que le taux d'emploi restait faible, ce qui pose la question de la situation réelle du marché du travail américain.

Le recul du taux d'activité après crise s'expliquerait pour environ la moitié par une évolution structurelle liée à la démographie. Avant crise, on estime que l'essentiel de la forte baisse constatée du taux d'activité (– 1,1 point entre 2000 et 2008) était dû au départ à la retraite des baby-boomers. Depuis, alors que la baisse s'est accélérée (– 2,8 points entre 2008 et 2013), les facteurs démographiques expliqueraient 1,1 point de la baisse, soit près de la moitié.

Hors effets de composition démographique, la baisse du taux d'activité aurait été essentiellement conjoncturelle entre 2008 et 2010, mais serait désormais plus structurelle. Pendant la crise, la baisse du taux d'activité s'expliquait surtout par la sortie temporaire de la population active de chômeurs découragés, en raison de la dégradation du marché de l'emploi (effets de flexion). Toutefois, en dépit de la reprise de l'économie américaine dès 2010, la baisse du taux d'activité s'est poursuivie. La perte de capital humain, liée à l'éloignement durable de l'emploi de ces chômeurs découragés, diminue la probabilité de leur retour sur le marché de l'emploi (effets d'hystérèse).

Les incertitudes entourant la part structurelle de la baisse du taux d'activité ont contribué à l'abandon de la référence au taux de chômage dans la forward guidance de la Fed. La baisse du taux de chômage, systématiquement plus rapide qu'anticipée par la Fed depuis 2011, a conduit la banque centrale à abandonner lors du Federal Open Market Committee (FOMC) de mars 2014 la cible de 6,5 % de taux de chômage, en y substituant une large gamme d'indicateurs.

Combinée au ralentissement de la croissance démographique, la poursuite probable de la baisse du taux d'activité, liée au vieillissement de la population, pourrait conduire à un net ralentissement de la croissance de la population active aux États-Unis. Celui-ci pourrait porter atteinte au potentiel de l'économie américaine, contribuant à terme à une diminution durable de la croissance aux États-Unis.

Trésor-Éco n° 139