Avant la « grande récession » de 2008, les coûts salariaux unitaires (CSU) ont connu des évolutions contrastées au sein de la zone euro. Ils ont été particulièrement dynamiques en Espagne et, dans une moindre mesure, en Italie, alors qu'ils ont baissé en Allemagne. En France, ils ont évolué à un rythme légèrement supérieur à la moyenne de la zone euro en raison de salaires un peu plus dynamiques.

La crise a conduit à une certaine correction des écarts d'évolution des CSU, notamment dans le secteur manufacturier. En particulier, les CSU ont augmenté en Allemagne en lien avec la fin de la période de modération salariale, alors qu'ils ont fortement baissé en Espagne sous l'effet de gains de productivité résultant de fortes destructions d'emploi et en partie d’une recomposition sectorielle. En France, les CSU ont continué à augmenter, bien qu'ils soient restés contenus dans le secteur manufacturier, où les gains de productivité ont été importants.

Les fortes divergences observées depuis les années 2000 entre pays européens n'ont pas drastiquement modifié la hiérarchie des salaires horaires, lesquels sont restés sur toute la période sensiblement plus bas en Espagne qu'en Allemagne ou en France. La comparaison des CSU en niveau est toutefois difficile. En tout état de cause, l'existence d'autres déterminants importants de la compétitivité (change, compétitivité hors-prix), indique que l'évolution des CSU n'est qu'un facteur parmi d'autres de la compétitivité.

Dans des pays comme la France les entreprises ont consenti des efforts de marge importants afin de maintenir leur compétitivité-prix face à l'appréciation de l'euro entre 2001 et 2007 et à l’augmentation des CSU. Elles ont ainsi modéré leurs prix par une compression des marges.

Entre 2007 et 2012 les marges se sont effondrées. Pour répondre à ces difficultés la France met en œuvre le Pacte de responsabilité et de solidarité, qui complète les mesures précédemment mises en œuvre et en particulier le CICE, et vise notamment à améliorer la compétitivité de l'économie. Au total, 30 milliards d'euros de baisse du coût du travail sont restitués aux entreprises, un montant qui permettra de restaurer les marges à leur niveau d’avant-crise.

Trésor-Éco n° 134