L’activité des économies émergentes a sensiblement ralenti depuis 2011 alors qu'elle avait relativement bien résisté à la crise financière. La mise en place de mesures de relance en 2009 avait permis un rebond de leur activité en 2010, qui a toutefois commencé à croître plus faiblement dès 2011. La croissance s’est située aux alentours de 5,5 % sur la période 2011-2012 contre 7,5 % sur 2003-2007.

Ce ralentissement résulte pour partie de facteurs conjoncturels, à la fois internes et externes. La demande intérieure a été particulièrement faible, alors que l'environnement extérieur s'est dégradé, avec une chute des exportations, essentiellement en raison de la moindre demande des économies avancées. Des facteurs structurels ont également joué dans ce ralentissement. La croissance potentielle des économies émergentes aurait diminué, du fait à la fois des évolutions démographiques et du stock de capital, mais aussi d'un ralentissement des gains de productivité induit par l'épuisement progressif du processus de rattrapage vis-à-vis des économies avancées.

Les marges de manœuvre des économies émergentes pour soutenir l'activité à court terme apparaissent limitées. Dans un contexte de finances publiques dégradées, des pays comme l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud ne semblent pas disposer de grandes disponibilités pour soutenir l'activité via une relance budgétaire. De même, les marges de manœuvre monétaires pour soutenir l'activité semblent avoir été pour une grande partie employées.

Les modèles de croissance des économies émergentes tendent désormais à être moins dépendants des économies avancées. Alors que la part des exportations à destination des économies avancées était déjà orientée à la baisse depuis le début des années 2000, cette tendance s'est amplifiée depuis la crise. De plus, la crise a eu pour effet, via la baisse des exportations, de donner davantage de poids à la demande intérieure dans le PIB des émergents.

La croissance des principales économies émergentes devrait tendanciellement diminuer tout en restant soutenue, en lien avec une baisse de leur croissance potentielle, en particulier pour la Chine. Les économies émergentes devraient mettre en œuvre des réformes importantes pour soutenir leur croissance potentielle, articulées autour de deux axes : i) en Chine, rééquilibrer la croissance vers davantage de consommation privée ; ii) pour les autres, faire face au déficit structurel d'investissement qui pèse sur l'offre et pénalise la croissance.

Trésor-Éco n° 123