La mondialisation actuelle, amorcée dans les années 1970, n'est pas sans précédent : entre 1870 et 1914, l'ouverture des économies a été associée à une expansion rapide du commerce et de l'investissement au-delà des frontières nationales. Elle s'est aussi accompagnée de crises financières comparables à celles de la fin du XXème siècle et du début du XXIème siècle.

Sur les marchés de biens, la première mondialisation a été caractérisée par la croissance des échanges commerciaux (cf. graphique), en dépit de l'adoption de mesures protectionnistes dans la plupart des pays avancés. Des leçons ont été tirées de l’absence de réciprocité et de coordination des politiques commerciales de la fin du XIXème siècle, qui avait induit une exposition trop précoce au commerce international de certains pays en développement. La mise en place d'organisations internationales garantit désormais une ouverture progressive et une meilleure coordination des politiques commerciales de pays à différents stades de développement.

Sur les marchés de capitaux, la première mondialisation a vu l'intégration croissante des marchés financiers des pays avancés. Cette intégration financière a été favorisée par la stabilité des changes qu'autorisait le système de l'étalon or. Les destinataires des flux de capitaux présentent des caractéristiques communes d'une vague de mondialisation à l'autre : les investissements se dirigent vers les pays riches en ressources naturelles, disposant d'une main d'œuvre formée et bénéficiant de coûts de transport limités et d'un cadre institutionnel favorable au recouvrement des créances. Lors de la première mondialisation, les flux de capitaux internationaux ont été favorisés par la baisse du risque de change et des coûts de transaction liée à l'étalon or.  

Lors de la première mondialisation, l'internationalisation des marchés financiers et dans une moindre mesure, l'intégration internationale du secteur bancaire, se sont accompagnées de crises financières auxquelles les crises contemporaines font écho. Ce précédent souligne notamment les avantages liés à l'endettement des pays émergents en monnaie locale et au rééquilibrage des balances courantes, qui limitent la vulnérabilité des économies à des arrêts soudains de flux de capitaux.

Trésor-Éco n° 93