Depuis 2003, les entrées de capitaux dont bénéficient les pays émergents ont crû de manière tendancielle. Cette augmentation s’explique par le potentiel de croissance significativement plus élevé de ces pays par rapport aux pays développés. Les entrées de capitaux atteignent même, depuis le printemps 2009, les sommets qui avaient été observés en 2007-2008, lorsque l'ampleur de ces flux avait conduit plusieurs pays émergents à prendre des mesures afin de mieux les réguler. Elles ont même dépassé ces sommets au troisième trimestre 2010.

Les flux de capitaux vers les pays émergents sont largement réversibles. L'arrêt brutal des flux de capitaux qui s'est étalé d'octobre 2008 à février 2009 en est une illustration frappante, mais ils sont également restés volatils depuis lors. Leur évolution dépend notamment du degré de tolérance au risque des investisseurs. Lorsque l’aversion pour le risque diminue, les écarts de rendement nettement favorables aux pays émergents se traduisent par des entrées de capitaux élevées.

L'instabilité des entrées de capitaux engendre des dilemmes de politique économique pour les pays émergents, notamment en contraignant les banques centrales dans la conduite de leur politique monétaire. Les entrées de capitaux récemment observées font craindre également l'apparition de bulles sur les prix d'actifs, la surévaluation du change et/ou l'accroissement excessif des réserves de change. Ces risques sont présents essentiellement en Asie et en Amérique Latine.

L'introduction par le Brésil d'une taxe sur les entrées de capitaux de court terme (investissements de portefeuille), en octobre 2009, a ouvert un débat sur l'opportunité de mieux réguler les flux de capitaux. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment fait évoluer sa position en la matière, en précisant les cas où une telle régulation pouvait être pertinente en complément de mesures de politique économique. Dans l’affirmative, ceci pourrait se traduire, soit par une réglementation prudentielle plus stricte, soit par des contrôles de capitaux qui ne remettraient pas en cause l'ouverture du compte financier de la balance des paiements, soit enfin par une combinaison des deux options.

Trésor-Éco n° 85