La concurrence sur les marchés des biens et services est souvent évoquée comme un facteur de croissance économique. Accroître la concurrence dans un secteur permettrait en effet d'augmenter l'activité et l'emploi en abaissant le prix de vente des produits mais aussi en améliorant la productivité du secteur, via l'innovation notamment.

D'un point de vue théorique, l'effet de la concurrence sur la productivité est toutefois ambigu. La crainte de perdre des parts de marché et de disparaître doit certes inciter les entreprises à innover mais il est également possible que les firmes ne soient disposées à supporter les coûts de l'innovation qu'à la condition de bénéficier en retour de rentes suffisamment élevées.

Les résultats économétriques obtenus à partir d'un échantillon de 11 pays de l'OCDE et d'une vingtaine de secteurs indiquent la présence d'une relation non linéaire entre concurrence et gains de productivité : la concurrence serait favorable aux gains de productivité jusqu'à un certain niveau mais défavorable au-delà.

Cependant, le degré de concurrence n'a aucun effet significatif sur les gains de productivité lorsque l'échantillon d'analyse comprend uniquement les secteurs les plus concurrentiels. Ainsi un accroissement de la concurrence augmenterait la productivité dans les secteurs peu concurrentiels mais serait sans effet sur les secteurs les plus concurrentiels.

Par ailleurs, l'effet de la concurrence sur les gains de productivité diffère selon le type de secteur. Dans les secteurs manufacturiers, caractérisés en moyenne par une concurrence et des coûts irrécouvrables relativement élevés, une intensification de la concurrence conduirait à un ralentissement des gains de productivité. En revanche, dans les services, où les coûts irrécouvrables sont moins présents et la concurrence relativement faible en moyenne, un accroissement de la concurrence favoriserait toujours les gains de productivité (voir le graphique ci-contre).

Trésor-Éco n° 51