Les fonds d'investissement souverains, créés pour gérer de manière active les réserves de change officielles de certains pays, ont dépassé les hedge funds en termes de montants d’actifs sous gestion. Ils représentent encore peu en comparaison du montant des actifs sous gestion privée (2 000 à 3 000 Mds $ contre 53 000 Mds $), mais au rythme de progression actuel, ils excéderont une dizaine de milliers de milliards de dollars d'ici quelques années.

Traditionnellement, les réserves de change sont détenues sous forme d'instruments peu risqués, principalement des bons et des obligations du Trésor américain, les banques centrales visant essentiellement un objectif de sécurité et de liquidité. Le développement des fonds souverains se traduit par un élargissement de la gamme de leurs placements afin d'en accroître le rendement. Une augmentation de la part risquée des portefeuilles des fonds souverains devrait accroître la demande d'actions, d'actifs émergents et d'actifs à risque en général.

Cependant, la plupart d'entre eux affichent un faible niveau de transparence, ce qui pourrait nuire à la stabilité des marchés en amplifiant la volatilité du prix de certaines classes d'actifs, et empêcher les autres participants de marché d'anticiper correctement les modifications de prix relatifs. Cette opacité des fonds souverains, ajoutée à leur nature publique, alimente la crainte qu’ils puissent en outre constituer des instruments au service d’intérêts stratégiques.

Pourtant, les fonds souverains peuvent aussi contribuer à stabiliser le système financier mondial, pour peu que la transparence de leur gestion soit améliorée. Les solutions techniques existent : identifier les bonnes pratiques en matière de gestion indicielle, de règles d'emprise ou de responsabilité publique. De façon plus ambitieuse, l’objectif pourrait consister à sortir de «l'équilibre non coopératif» que représente l'accumulation de réserves excédentaires en visant à réduire les déséquilibres des paiements mondiaux et à mieux assurer les pays émergents contre les risques financiers internationaux.

Trésor-Éco n° 28