Parmi les freins à la croissance, l’insuffisance relative de concurrence fait partie des facteurs régulièrement évoqués. On s’intéresse ici à cette question en proposant de construire un indicateur permettant de mesurer la concurrence dans un secteur donné de l’économie. Dans un second temps on propose une estimation du gain potentiel en croissance et en emplois d’un alignement de la concurrence dans certains secteurs sur celle observée dans les pays européens les plus performants.

L'intensité de la concurrence peut être évaluée à partir de l'estimation du facteur de marge (ou markup), défini comme le rapport entre le prix de vente et le coût de production d'une unité supplémentaire de produit (le coût marginal). Sur la base d'estimations réalisées pour un ensemble de pays européens, le facteur de marge de l'économie française se situerait dans la moyenne des facteurs de marge des pays européens et légèrement en-dessous des facteurs de marge estimés en Allemagne et en Italie.

Certains secteurs produisant des biens non échangeables au plan international (i.e. les secteurs « abrités ») sont fortement concurrentiels. Par exemple, le secteur de la construction, qui représentait en 2004 environ 8% de l'économie marchande en termes de valeur ajoutée, apparaît très concurrentiel, bien qu'abrité de la concurrence internationale.

Au vu de notre indicateur de markup, trois principaux secteurs de l'économie française semblent néanmoins offrir des possibilités d'accroissement sensible de la concurrence. Il s'agit du commerce de détail, de l'hôtellerie et de l'intermédiation financière.

Une augmentation de la concurrence dans ces trois secteurs à des niveaux proches de ceux observés dans les pays les plus concurrentiels pourrait conduire à terme à une augmentation du PIB français (hors activités non marchandes) de l’ordre de 1,2% et à la création de 200 000 à 250 000 emplois selon que l’on inclut le secteur de la restauration ou pas. L'effet de ces réformes sur le PIB pourrait être sous-estimé dans la mesure où l'impact positif de l'intensification de la concurrence sur l'effort d'innovation des entreprises n'est pas pris en compte.

Trésor-Éco n° 27