Le lien entre taux de change et taux d'intérêt est un sujet de discussion récurrent au sein de la communauté des économistes et des analystes des marchés financiers : en particulier la question de savoir quel est l’impact sur le taux de change d’un changement de politique monétaire.

La relation dite de parité des taux d’intérêt non couverte (PTINC) étudiée dans cet article formalise le principe suivant : lorsque des écarts importants apparaissent durablement entre les taux d’intérêt relatifs à deux monnaies, des mouvements de taux de change vont se produire afin qu’un placement sans risque dans l’une des devises soit équivalent au placement sans risque de même échéance dans l’autre devise, sinon il deviendrait alors possible de réaliser des gains illimités sans aucun risque.

Les études empiriques montrent que cette relation entre taux d'intérêt et évolution des taux de change est mieux vérifiée à long terme (au-delà d'un an) et lorsque les différentiels de taux d'intérêt sont suffisamment élevés. En revanche, à court terme, les relations entre taux de change et taux d'intérêt des pays développés ne sont pas stables, et sont plutôt en moyenne de signe opposé à ce qui est prévu par la relation de parité non couverte des taux d’intérêt.

Cet écart à court-terme peut être dû à l’existence de chocs d’origine monétaire dont le caractère non anticipé peut expliquer pourquoi la parité des taux d’intérêt non couverte n’est pas vérifiée ex post alors qu’elle demeure une relation d’équilibre à chaque instant.

L’introduction de l’incertitude des agents quant aux évolutions futures des variables financières, en particulier les taux de change, en présence de coûts de transaction, peut aussi constituer une explication du phénomène de déviation par rapport à la parité non couverte : l’incertitude des agents les empêcherait de réaliser les arbitrages liés à l’écart à la relation d’équilibre et limiterait ainsi la spéculation.

Trésor-Éco n° 15