Les publications du PIB allemand pour le 2e trimestre 2025 (le 30 juillet pour l’estimation flash et le 22 août pour l’estimation détaillée) se sont accompagnées d’une révision des données d’activité sur le passé. L’office fédéral de la statistique d’Allemagne (Destatis) a intégré de nouvelles informations sur la structure des coûts des entreprises, affiné l’évaluation de l’impact sectoriel des fortes variations de prix et intégré des informations supplémentaires sur l’activité des multinationales. Ces ajustements ont conduit à de légères révisions entre 2008 et 2020, mais à une réécriture plus marquée du profil de l’activité en Allemagne après la crise sanitaire. L’économie allemande aurait rebondi plus fortement en 2021 (+3,9 %, soit +0,3 pt de plus qu’estimé auparavant) et en 2022 (+1,9 %, soit +0,5 pt), avant de reculer davantage en 2023 (à −0,7 %, soit −0,6 pt) et en 2024 (−0,5 %, soit −0,3 pt) sous l’effet de la crise énergétique qui a particulièrement frappé l’industrie allemande. Au total, le niveau actuel du PIB allemand n’a été que marginalement révisé (cf. Graphique 1). Il reste très légèrement supérieur à celui de fin 2019 (+0,1 pt au 2e trimestre 2025), ce qui illustre une stagnation prolongée et contraste avec le redressement observé dans les autres grandes économies européennes (cf. Graphique 1).  

 Graphique 1

Parmi les principales composantes de la croissance, l’investissement et le commerce extérieur ont été révisés à la baisse, tandis que la consommation des ménages a été revue à la hausse, en cumulé depuis 2019 (cf. graphiques 2 et 3). L’investissement et le commerce extérieur auraient souffert des difficultés dans l’industrie liées à la fois à l’impact de la crise énergétique, compte tenu du poids des secteurs énergivores en Allemagne, et à la contraction du secteur « machines et équipements », sur fond de demande intérieure atone et d’incertitude macroéconomique. L’investissement en construction aurait, quant à lui, été pénalisé par le resserrement monétaire ainsi que des facteurs structurels plus spécifiques à l’Allemagne, comme le vieillissement démographique. 

Graphique 1

Graphique 3 : effets des révisions sur l'évolution de la contribution des composantes du PIB

Destatis a révisé à la baisse l’activité au 2e trimestre 2025 à −0,3 % (−0,2 pt), après +0,3 % au 1er trimestre, laissant présager une croissance atone de l’économie allemande en 2025. Cette révision reflète surtout une contraction plus forte de l’investissement et du commerce extérieur, ce dernier ayant souffert du contrecoup du « frontloading » observé au 1er trimestre, lorsque l’anticipation de l’introduction de droits de douane par l’administration Trump avait temporairement stimulé les exportations. L’Allemagne vient d’adopter un plan de relance budgétaire massif, axé sur la défense et les infrastructures, dont les effets positifs sur l’activité apparaîtront à partir de 2026.