Flash conjoncture France - Au 1er trimestre, une croissance faible en France mais une contribution très forte des variations de stocks
Flash conjoncture France - Au 1er trimestre, une croissance faible en France mais une contribution très forte des variations de stocks.
Au 1er trimestre, une croissance faible en France mais une contribution très forte des variations de stocks
Dans la première estimation des comptes nationaux pour le 1er trimestre 2025, les variations de stocks contribuent à hauteur de +0,5 point à la croissance, un chiffre élevé par rapport à la croissance trimestrielle elle-même (+0,1 %). Ce chiffre vient en contrepartie, notamment, de la contribution négative du commerce extérieur (–0,4 pt) et de celle, nulle, de la demande intérieure (hors stocks).
Si la demande intérieure n’est pas au rendez-vous ce trimestre, la croissance est en revanche tirée par la production et particulièrement celle de biens manufacturés (+0,4 % après +0,1 %). En particulier, les variations de stocks de biens manufacturiers (hors produits agricoles et énergétiques) ont largement contribué à la croissance du PIB au premier trimestre. Ce comportement de stockage reflète potentiellement des comportements d’anticipation des industriels vis-à-vis des droits de douane et de l’incertitude sur les mesures commerciales. Les industriels ont ainsi à la fois stocké davantage d’intrants (pour faire face à de potentielles perturbations des chaînes de valeur mondiales) et augmenté leur cadence de production, en prévision de coûts de production futurs plus élevés ou pour répondre à ces mêmes comportements de stockage chez leurs clients industriels, y compris à l’étranger. En effet, la demande extérieure aurait temporairement été plus dynamique : les exportations se sont redressées sur la fin du trimestre, dans tous les secteurs (à l’exception de la branche constituée par les raffineries).
Les stocks ayant le plus significativement contribué à la croissance sont ceux des "autres produits industriels" : cette contribution s’explique par le mouvement des importations (+1,9 % après +0,3 %) et des exportations (–2,7 % après +3,5 %) de ces produits, tandis que leur production a été stable (+0,1 % après –1,1 %). La fabrication de matériels de transport a fortement repris ce trimestre (+1,4 % après +0,1 %), alors que les importations reculent continuellement depuis la mi-2023 (–0,5 % au T1 après –1,5 %). La contribution des stocks de matériels de transport est négative ce trimestre, mais elle est pénalisée par la livraison d’un paquebot : en omettant celle-ci, les variations de stocks des secteurs automobile et aéronautique auraient fortement contribué à la croissance.
D’après les enquêtes de conjoncture, les niveaux de stocks de matières premières comme de produits finis sont jugés à des niveaux relativement bas par les industriels, par rapport à la période récente, toutes sources confondues. Ainsi, la production constituée au titre du trimestre, pourrait correspondre à une production d’en-cours plus importante, en anticipation d’une demande intérieure et extérieure plus dynamique, comme le pointent les enquêtes trimestrielles de l’Insee, où les perspectives sur la demande connaissent une embellie. La question de la pérennité de cette demande reste alors ouverte, alors que la trêve commerciale offre aux industriels un moment crucial pour réfléchir à des stratégies d'adaptation face aux tensions commerciales croissantes (réorganisation des chaînes d'approvisionnement, investissements à l'international, diversification des marchés, innovation…).