Avec le changement de base des comptes nationaux le 31 mai 2024, certaines activités, autrefois considérées comme de la FBCF, ont été reclassées en consommations intermédiaires. Ce changement méthodologique a eu pour conséquence une révision à la baisse de l’investissement des entreprises en information-communication, une sous-composante de l’investissement en services (dits marchands) des entreprises.

• L’indice composite de l’activité globale en France (PMI flash) se détériore très fortement en septembre (–5,7 pt à 47,4, plus forte baisse enregistrée depuis novembre 2020, après +4,0 pt en août), repassant largement sous son seuil traditionnel d’expansion et atteignant son plus bas depuis janvier 2024).

• La confiance des ménages est de nouveau en progression en septembre après une embellie en août (+2 pt à 95 après +2 pt) pour le 3e mois consécutif et reste au-dessous de sa moyenne de long terme (100). Par rapport à août 2024, les différents sous-soldes sont unanimement bien orientés. L’opinion des ménages sur le passé, le solde relatif à la situation financière personnelle progresse (+3 pt à −21 pour une moyenne à −21), l’opinion sur le niveau de vie en France poursuit sa nette amélioration (+3 pt à −65 pour une moyenne à −48).

• La consommation des ménages en biens progresse en août après un mois de juillet en légère expansion (+0,2 % de variation mensuelle en volume, après +0,2 %, révisé de −0,1 point), d’après les chiffres de l’Insee. Ainsi, l’acquis à août de consommation en biens du 3e trimestre 2024 est légèrement positif (+0,2 % après des variations de 0,1 % au T2-24 et −0,1 % au T1-24) et l’acquis pour 2024 s’établit à −0,2 %. La consommation de produits alimentaires poursuit sa progression en août (+0,8 %, après +0,2 % en juillet, révisé de −0,2 pt).

Zoom sur la transformation numérique des entreprises françaises

L’effet du « changement de base » sur la comptabilisation de l’investissement numérique

L’activité économique d’un pays est représentée par la comptabilité nationale, qui notamment intègre dans un cadre comptable cohérent les flux économiques, permettant l’analyse économique et facilitant ainsi les décisions de politiques publiques. De nombreux agrégats sont produits par les comptes nationaux, tels que le PIB – l’indicateur phare, mais aussi la consommation, ou encore l’investissement (ou formation brute de capital fixe : FBCF). A intervalles réguliers, afin de tenir compte par exemple des mutations de l’économie, de l’évolution des sources statistiques ou de nouvelles méthodes d’estimation, l’Insee en France opère un changement de base de la comptabilité nationale. Le passage en base « 2020 », qui concerne aussi les autres pays européens au fil de l’année, a été ainsi mis en œuvre le 31 mai 2024. L’ensemble des données sur la période couverte par les comptes nationaux (1949-2023) a été révisée en conséquence.

Concernant les entreprises non-financières, qui regroupent les sociétés non-financières et les entrepreneurs individuels, le périmètre de leur investissement en information-communication a été redéfini. Certaines activités, autrefois considérées comme de la FBCF ont été reclassées en consommations intermédiaires suite à la réintroduction du critère de transfert de la propriété économique pour distinguer ces deux opérations.  Ce changement méthodologique a eu pour conséquence une révision à la baisse de l’investissement des entreprises en information-communication, une sous-composante de l’investissement en services (dits marchands) des entreprises.

L’accroissement du capital productif des entreprises passe par des achats matériels (machines-outils, bâtiments, automobiles…) mais aussi par des investissements immatériels, qui en France sont particulièrement dynamiques au regard de ses voisins européens (comme le montre cette étude de France Stratégie). Les actifs qui les composent sont essentiellement les achats ou le développement de logiciels et de bases de données, considérés au sens large comme de l’investissement en services marchands, et plus spécifiquement en information-communication, au titre de la comptabilité nationale. En 2023, l’investissement des entreprises en services marchands a augmenté de +5,4 % et en information-communication de +8,8 %, et dépassent de 26 % et 40 % leur niveau de 2019 respectivement. Les changements méthodologiques afférents au passage des comptes nationaux en base 2020 en mai dernier, ont eu pour effet de réduire la part de l’investissement des entreprises en services marchands dans leur investissement total, sans pour autant en affecter la dynamique de ce poste.
FBCF des entreprises non financières

Les confinements imposés par la crise sanitaire, dès 2020, ont sans surprise accéléré la transformation numérique des entreprises françaises. Cela s’illustre par un taux de croissance annuel moyen de l’investissement en services marchands nettement plus dynamique entre 2020 et 2023 qu’entre 2010 et 2019 (+7,8 % versus +4,1 %). Cela se retrouve également dans la sous-composante information-communication (+10,6 % versus +6,2 %). Par ailleurs, en base 2014, la part de l’investissement des entreprises en services marchands dans leur investissement total est passée de 41 % en moyenne entre 2010 et 2019 à 44 % entre 2020 et 2023 (+3 pt) ; avec le passage en base 2020, cet écart intertemporel de 3 pt est conservé, mais l’investissement en services marchands ne représente plus que 36 % en 2020-2023. Dans l’information-communication, sous-composante des services marchands, elle a gagné +4 pt de pourcentage entre les deux périodes quelle que soit l’année de référence. En face, leur formation brute de capital fixe (FBCF) en produits manufacturés (par exemple machines-outils) et en construction (par exemple bureaux, usines) a quasi-stagné entre les deux périodes. Ce retranchement de certaines activités autrefois considérées comme de l’investissement (traitement de données et services d’hébergement, services de conseil en système et logiciels informatiques) a logiquement modéré le poids de l’investissement total des entreprises dans le produit intérieur brut (PIB) qui est passé de 13 % à 11 % en base 2020 (moyenne 2010-2023). 

Ce dynamisme de l’investissement des entreprises en logiciels et base de données en France se retrouve également dans les enquêtes de conjoncture de l’Insee. Il peut être approché par le climat des affaires dans les services d’information-communication, qui synthétise l’activité dans le secteur : de 2020 à 2023, depuis les confinements, il se situe au-dessus de sa moyenne historique (100) et dépasse sa moyenne 2010-2019.