Les achats liés à la crainte d’un grand séisme provoquent des tensions sur le marché du riz ; demande budgétaire 2025 en forte hausse pour l'agriculture ; pas d’amélioration du taux d’autosuffisance alimentaire du Japon en 2023 ; la production agricole en Corée sous la menace des aléas climatiques ; les ministères de la culture et de l’agriculture coréens s’associent pour développer le tourisme rural ; un an après le début du rejet des eaux de Fukushima, aucune non-conformité détectée.

Lettre AGRO Japon – Corée

  N°78 juillet-août 2024

 

  drapeau Japon

IMAGE DU MOIS : Wasabi cultivé dans la préfecture de Shizuoka

Wasabi

Sommaire

Japon
  • Les achats de précaution liés à la crainte d’un grand séisme dans le sud du Japon provoquent des tensions sur le marché du riz.
  • Le ministère de l’agriculture formule une demande budgétaire 2025 en forte hausse.
  • Pas d’amélioration du taux d’autosuffisance alimentaire du Japon en 2023.
Corée
  • La production agricole en Corée sous la menace des aléas climatiques.
  • Les ministères de la culture et de l’agriculture coréens s’associent au distributeur Shinsegae pour développer le tourisme rural. 
  • Un an après le début du rejet des eaux de Fukushima, aucune non-conformité détectée dans les produits importés en Corée depuis le Japon.

Le chiffre à retenir : 38% 

Taux d’autosuffisance alimentaire (en apport calorique) du Japon en 2023 

Japon

Les achats de précaution liés à la crainte d’un grand séisme dans le sud du Japon provoquent des tensions sur le marché du riz.

L’alerte émise par le gouvernement japonais en juillet sur un risque de séisme majeur dans la faille de Nankai a entraîné un pic de demande de riz par les consommateurs soucieux de constituer des réserves d’urgence, alors que les stocks étaient déjà bas en raison d’une mauvaise récolte et d’un surcroît de demande lié à la hausse du tourisme.  Plusieurs magasins ont affiché des ruptures au cours de l’été et les prix ont enregistré de fortes hausses. Le ministère de l’agriculture a toutefois écarté tout risque de pénurie, estimant que la situation actuelle relevait d’un retour de la demande à son niveau normal après plusieurs années de baisse liée au COVID, et que l’arrivée de la nouvelle récolte à compter de septembre permettrait de détendre le marché.

La stabilisation du marché du riz reste un défi pour le secteur agricole japonais, alors que la consommation globale de riz reste orientée à la baisse sur le long terme et que la chute des prix liée à une surproduction chronique reste un risque sérieux. Pour y faire face, les autorités japonaises mettent en œuvre des aides à la reconversion vers d’autres cultures, la recherche de débouchés alternatifs à la consommation humaine (transformation industrielle, alimentation animale) et le développement de variétés résistantes aux effets du changement climatique.  

Japan Times 1, 2

Le ministère de l’agriculture formule une demande budgétaire 2025 en forte hausse.

Le projet de budget présenté par le Ministère de l’agriculture de la forêt et de la pêche (MAFF) pour l’exercice 2025 (débutant en avril) affiche un montant de 2 630 Mds ¥ (environ 17 Mds €), en hausse de 16% par rapport à l’exercice en cours. Si les soutiens aux producteurs représentent l’essentiel des crédits demandés dans un contexte de hausse des coûts de production (les seuls soutiens à la riziculture représentent environ 2 Mds €), les postes consacrés à la transition environnementale (10 Mds ¥, environ 63 M€) et l’introduction de nouvelles technologies 41 Mds ¥, environ 260 M€) sont tous deux en hausse également. La demande budgétaire pour la pêche atteint 160 Mds ¥ (env. 1 Md€) et la sylviculture 150 Mds ¥ (env. 900 M€). Selon la procédure budgétaire japonaise, les ministères sont tenus de publier avant la fin août leurs demandes budgétaires, à partir desquelles le gouvernement élabore un projet de budget global en décembre. Si les demandes de budget permettent d’afficher les priorités des différents ministères, elles sont souvent très éloignées de la réalité de l’exécution budgétaire : celle-ci est en effet marquée par d’importantes variations en cours d’exercice (nombreux budgets supplémentaires pouvant modifier fortement les équilibres initiaux).

Nikkei, MAFF

Pas d’amélioration du taux d’autosuffisance alimentaire du Japon en 2023.

Le taux d’autosuffisance exprimé en apport calorique, qui exprime la part des apports alimentaires couverte par la production domestique, est resté stable à 38% au Japon en 2023, loin de l’objectif de 45% fixé pour 2030. Exprimé en valeur, le taux d’autosuffisance rebondit à 61% (pour un objectif de 75% en 2030) en raison de la détente des cours mondiaux de la viande et des céréales, que le Japon importe en quantités importantes. Le Japon n’atteint l’autosuffisance que pour le riz et dépend fortement des importations pour ses approvisionnements en viande, en produits de la pêche et surtout en blé (avec des taux d’autosuffisance respectivement de 64%, 49%, et 18%). Les taux affichés par le Japon sont particulièrement faibles au regard des autres pays développés, en raison de la méthodologie appliquée par le MAFF qui exclut la part de la production d’élevage dépendant d’aliments pour animaux importés (ce qui est le cas aux trois-quarts). Le ratio de production alimentaire, qui ne tient pas compte de ces dépendances aux intrants, atteint quant à lui 47% (valeur calorique) et 67% (en valeur).

Japan Times, MAFF

Corée

 

La production agricole en Corée sous la menace des aléas climatiques.

Une étude de la Banque de Corée met en lumière l’impact du réchauffement climatique sur l’inflation, estimant la part de la hausse des prix liée aux événements climatiques extrêmes à 10%. La Corée est exposée de façon chronique à des aléas (sécheresse, inondations) qui perturbent la production agricole, en particulier en période estivale, et contribuent à une volatilité importante des produits alimentaires frais (légumes, produits de la pêche) déjà alimentée par les pics de consommation saisonniers des périodes de fêtes. Les fortes pluies de mousson survenues en début d’été ont ainsi fait bondir les prix des légumes, causant à elles seules une hausse de 0,3% de l’indice global des prix à la production en juillet.

Le changement climatique pourrait entraîner des conséquences à plus long terme sur l’agriculture coréenne et menacer certaines productions, comme le chou nappa, ingrédient de base du kimchi coréen. Cette variété, habituellement plantée dans les régions montagneuses, est en effet vulnérable aux températures élevées et aux fortes précipitations qui devraient être plus fréquentes au cours des prochaines décennies. La surface cultivée de chou nappa a déjà diminuée de moitié en 20 ans et selon les projections de la Rural Development Administration coréenne, cette culture pourrait avoir pratiquement disparu d’ici 25 ans en Corée. 

JoongAng 1, 2, Japan Times

Les ministères de la culture et de l’agriculture coréens s’associent au distributeur Shinsegae pour développer le tourisme rural. 

Bien que la Corée connaisse un afflux de visiteurs internationaux et vise un niveau record de 20 millions de touristes en 2024, l’essentiel du tourisme reste concentré dans la métropole de Séoul. Le ministère de la culture a sélectionné 100 destinations, que le ministre visitera en personne au cours des deux années à venir. Ce programme rejoint celui du ministère de l’agriculture, qui met en œuvre un plan « New rural 2024 » visant à améliorer l’attractivité des communautés rurales, tout comme celui du groupe de vente au détail Shinsegae, dont le programme « local is Shinsegae » met en valeur des productions agricoles emblématiques de régions rurales. Les trois organisations mettent désormais en scène leur coopération lors de visites conjointes, comme celle réalisée par les deux ministres dans le comté de Hongseong, réputé pour sa production d’algues séchées (gim) ou de crevettes fermentées (jeogtal).

JoongAng 1, 2 

Japon-Corée

Un an après le début du rejet des eaux de Fukushima, aucune non-conformité détectée dans les produits importés en Corée depuis le Japon.

Le plan japonais de rejet dans le Pacifique des eaux tritiées de la centrale de Fukushima, mis en œuvre depuis août 2023, avait suscité de fortes craintes dans l’opinion publique coréenne dont le parti démocrate s’était saisi pour critiquer la politique de rapprochement avec le Japon conduite par le président Yoon. Un an plus tard, le dispositif de tests renforcés mis en œuvre par les autorités coréennes sur les produits de la pêche n’a enregistré aucun résultat supérieur aux normes, en dépit d’un contrôle massif : plus de 26 000 tests ont ainsi été effectués en un an – dix-huit fois plus que l’année précédente – et le gouvernement indique que près de 1 600 milliards de wons (environ 1 milliard d’euros) auraient pu être économisés si l’opposition n’avait pas encouragé la crainte des consommateurs en propageant des rumeurs sans fondement scientifique. Toutefois, ces craintes et les appels au boycott ne semblent pas avoir affecté de façon significative les exportations de produits de la pêche japonais vers la Corée, qui progressent de 18% en glissement annuel au 1er semestre 2024 pour atteindre 18 000 tonnes.

Yonhap 1, 2, Nikkei

 

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Rédigé par : Le pôle agriculture et alimentation du Service économique régional de Tokyo et le Service économique de Séoul.

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Ryoko ISODA, Attachée sectorielle au pôle agriculture et alimentation ryoko.isoda@dgtresor.gouv.fr                                Jina AHN, Attachée économique, SE de Séoul jina.ahn@dgtresor.gouv.fr 

Illustration : Ryoko ISODA