Retour sur les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale (10-14 octobre 2022)
Les Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale se sont tenues au cours de la semaine du 10 octobre 2022 à Washington conjointement avec les réunions des ministres de Finances et des gouverneurs de banque centrale du G7 et du G20.
Le ministre de l’Economie et des Finances, le gouverneur de la Banque de France, la secrétaire d'Etat auprès de la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères chargée du Développement, ainsi que le directeur général du Trésor sont intervenus lors de ces différentes réunions.
Les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont occupé une part importante des débats, les enjeux de sécurité alimentaire ayant notamment fait l’objet d’une réunion conjointe des ministres des Finances et ministres de l’Agriculture du G20. L’impact de la guerre, couplé à d’autres chocs macroéconomiques (effets persistants de la pandémie, resserrement des politiques monétaires, ralentissement en Chine) ont conduit le FMI à réviser à la baisse ses prévisions de croissance mondiale par rapport à ses prévisions de juillet (2,6% en 2023) et à rehausser ses prévisions d’inflation (6,4% en 2023). Des discussions approfondies ont eu lieu sur les politiques monétaires et budgétaires pour éviter un désancrage des anticipations d’inflation et répondre de manière optimale à la demande des populations d’atténuer les impacts des prix élevés de l’énergie et de l’alimentation.
Les organisations internationales ont également alerté sur les autres enjeux pesant sur l’économie mondiale : (i) hausse de l’endettement et risque d’insoutenabilité budgétaire dus à la hausse des taux d’intérêt, en particulier pour les pays à faibles revenus, (ii) risques d’instabilité financière liés à la hausse des taux d’intérêt et la volatilité des flux de capitaux et (iii) fragmentation du commerce mondial.
Dans ce contexte, et en dépit de discussions parfois difficiles sur certains sujets, des avancées ont toutefois pu être enregistrées :
- Le FMI s’est officiellement doté, dans des délais très resserrés, d’une nouvelle fenêtre de financements d’urgence dédiée à la lutte contre l’insécurité alimentaire (Food Shock Window), afin d’aider les pays touchés par la hausse des prix agricoles (notamment les pays à faibles revenus) ou la chute des exportations agricoles.
- Les membres du G7 ont par ailleurs réaffirmé leur soutien à l’Ukraine, à travers une assistance financière, humanitaire et militaire, et leur engagement à sanctionner la Russie.
- Concernant la mobilisation de droits de tirage spéciaux (DTS), le FMI a annoncé l’opérationnalisation du Resilience and Sustainbaility Trust (RST), instrument additionnel novateur de financement sur le long terme des politiques climatiques etde prévention et de lutte contre les pandémies. En outre, la France a pu réaffirmer l’engagement annoncé par le président de la République devant les Nations Unies de mobiliser en faveur des pays les plus vulnérables 30% – et non plus 20% – de nos DTS supplémentaires reçus en août 2021.
- En matière de régulation financière, les membres du G20 se sont accordés sur la nécessité d’accélérer leurs efforts en matière de régulation du secteur financier non-bancaire mais aussi des crypto-monnaies, qui sont sources de vulnérabilité pour le système financier international.
- S’agissant enfin de la réforme de la fiscalité internationale, le G20 a réaffirmé son engagement à tenir le nouveau calendrier de mise en œuvre de l’accord trouvé en 2021, à travers la signature d’une convention multilatérale sur le « pilier 1 » au premier semestre 2023. La France a par ailleurs rappelé sa volonté d’avancer sur la transposition du « pilier 2 », sans attendre l’unanimité des Etats-membres de l’UE.