Une semaine après sa nomination à la tête du ministère de l’Économie, Silvina Batakis a tenu sa toute première conférence de presse le 11 juillet pour donner les grandes orientations de sa future politique économique.

Une semaine après sa nomination à la tête du ministère de l’Économie, Silvina Batakis a tenu sa toute première conférence de presse le 11 juillet pour donner les grandes orientations de sa future politique économique. Au cours de son intervention, la ministre a réaffirmé son engagement à atteindre les objectifs fixés dans le programme avec le FMI, y compris le retour à l’équilibre budgétaire. Dans cette perspective, elle propose d’établir un compte unique du Trésor permettant d’économiser l’équivalent de 0,8% du PIB. A cela s’ajoutent plusieurs mesures d’économies budgétaires dont la stabilisation des effectifs du secteur public, la mise en œuvre de la segmentation des tarifs de l’énergie ainsi que le transfert au ministère de l’Économie de l'agence fiscale d'évaluation immobilière pour rendre plus équitable au niveau national, la fiscalisation du patrimoine immobilier des contribuables. S’agissant de la dette souveraine en devise argentine, la ministre propose d’établir un comité consultatif afin de rendre soutenable l’endettement public en pesos. Restant en ligne avec les recommandations des services du FMI, la ministre a réaffirmé la volonté d’aller vers des taux d’intérêts positifs. En revanche sur les questions cambiaires, la ministre estime que le taux de change effectif, c’est-à-dire la somme pondérée des taux de change avec les principaux partenaires commerciaux de l’Argentine, est à son niveau d’équilibre. De la même manière, la ministre estime que l’accumulation des réserves de change pourrait augmenter à nouveau à partir de septembre grâce au niveau record des exportations (déjà 8,2 Mds USD durant les 5 premiers mois grâce à l’envolée des cours agricoles, générant un excédent commercial de 356 MUSD).

Cette première conférence de presse de la nouvelle Ministre visait à rassurer les marchés et montrer une équipe économique élargie et soudée, après deux épisodes de fortes volatilités sur les marchés, d’abord à la mi-juin face aux doutes sur la capacité de l’Etat à refinancer sa dette en pesos, puis début juillet après la  démission surprise de Martín Guzmán. Les tensions économiques et sociales restent néanmoins palpables. Malgré une légère accalmie sur le marché, le risque-pays mesuré par JP Morgan a bondi à 2.728 points au lendemain de la conférence de presse (+384 points depuis début juillet), pour atteindre son niveau le plus haut depuis mai 2020. De même, le différentiel entre les taux de change officiel et boursier, dit CCL, reste élevé, à environ 100% à la mi-juillet. De leur côté, les titres argentins ont continué à dévisser, passant en-dessous de 0,2 USD, niveau considéré comme étant en forte probabilité de défaut. De la même manière, les tensions inflationnistes (prévisions à 76% à la fin décembre 2022) alimentent le mécontentement social. A cet égard, les agriculteurs se sont mobilisés le 13 juillet pour dénoncer la hausse des prix de l'essence et le poids des charges fiscales. Dans ce contexte, la mise en œuvre du programme FMI s’avère dès lors nécessaire pour protéger le pouvoir d’achat des ménages et réduire l’incertitude économique.