BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 14 février au 6 mars 2022

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Corée
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Japon

1. Macro-économie et finance

gdpLa croissance du Japon est redevenue positive au quatrième trimestre (+1,1% en glissement trimestriel), concluant une année 2021 contrastée, marquée par deux trimestres de croissance négative (premier et troisième trimestre) et deux de croissance positive (deuxième et quatrième). La croissance annuelle atteint finalement +1,7%, soit moins que les autres pays du G7, et moins que les prévisions récentes (+2,4% pour le FMI en octobre). Le T4 a pourtant été marqué par un fort redémarrage de la consommation (+2,4% g.t) : représentant plus de la moitié du PIB japonais, la consommation a contribué pour +1,3 pp de la croissance trimestrielle - la contribution de la consommation la plus élevée depuis le T3 2020. Les entreprises ont aussi bénéficié de la légère résorption de la pénurie d’intrants, permettant une augmentation de +0,9% des exportations en g.t. Au total sur l’année 2021, les exportations japonaises ont progressé de 21,5% pour atteindre 83 trillions de yens, soit 64 milliards d’euros. Néanmoins, les importations ont marqué une progression encore plus forte (+24,6%) liée notamment à l’augmentation des cours énergétiques (importations de combustibles minéraux +51%) : il en résulte un déficit commercial sur l’année de -1,7 trillion de yens pour le Japon, soit 13 milliards d’euros. Grâce à l’amélioration des perspectives, les entreprises ont repris leur investissement : l’investissement non-résidentiel, en chute au T3, est redevenu positif (+0,3% g.t.). Les dépenses publiques ont, elles, marqué un léger ralentissement : -0,4% g.t. pour la consommation du gouvernement et -3,8% g.t. pour les investissements publics (contribution des dépenses du gouvernement à la croissance de -0,3 pp). Nikkei, JapanTimes, Douanes japonaises

 

2. Politiques économiques

agroLe Japon ne prévoit pas de conséquences importantes en matière agroalimentaire suite à l’annonce de ses sanctions envers la Russie. Le ministre de l’agriculture Genjiro Kaneko a annoncé que les effets de la crise ukrainienne sur le secteur agricole japonais seront minimes, le Japon étant peu exposé en raison de ses échanges avec la Russie. Les exportations de denrées agroalimentaires russes représentaient 1,1 Md € en 2021 (1,9% de part de marché), constituées à 96% de produits de la pêche. La Russie est par ailleurs un marché très limité pour les productions agroalimentaires japonaises (47M€ en 2021). Les échanges agroalimentaires avec l’Ukraine (29e fournisseur du Japon avec 0,6% de part de marché) sont encore plus réduits.  Au-delà des échanges directs avec la Russie et l’Ukraine, l’agriculture japonaise sera vraisemblablement fortement impactée par les effets de la crise actuelle sur les cours des intrants. L’exposition limitée du Japon à la Russie en matière énergétique limite le risque de pénuries résultant d'approvisionnement énergétique direct depuis la Russie, mais une hausse des cours mondiaux se répercuterait sur les coûts de l’énergie importée par le Japon. S’agissant des importations de céréales, dont le Japon dépend à la fois pour l’alimentation humaine et animale, les perturbations liées au conflit devraient également avoir des effets sur les cours mondiaux et, par conséquent, sur les coûts de production. Afin de limiter ces effets, le ministère de l’agriculture se dit également prêt à recourir aux aides publiques pour contrer la hausse du prix du pétrole brut pour les agriculteurs et les pêcheurs. Le Japon met notamment en œuvre des dispositifs de compensation des hausses des coûts de production par les différentes filières d’élevage, dont le financement est partagé entre filières professionnelles et l’Etat et qui permettent la prise en charge de 90% du différentiel entre coûts moyens de production et de vente. Reuters, MAFF, Nikkei Asia, Japan Times

 

ddLe ministère de l’environnement (MOE) a annoncé la mise en place de mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des ménages, dont un projet de démonstration permettant aux individus de mesurer et de comprendre la quantité d’émissions de GES liées à leur vie quotidienne. Dans le cadre de son plan de lutte contre le réchauffement climatique révisé en 2021, le Japon prévoit à horizon 2030 une réduction de 66% des émissions de GES dans le secteur résidentiel par rapport au niveau de 2013, l’accent étant mis sur l’instauration de mesures visant à soutenir des changements de modes de vie. A cette fin, le MOE envisage un projet de démonstration visant à collecter des informations sur le comportement quotidien de 100 000 personnes via leurs smartphones et appareils électroménagers. Ces données seraient ensuite analysées par une intelligence artificielle et seraient disponibles sur une application permettant aux participants de comprendre leurs émissions individuelles et de suivre les résultats de leurs efforts de réduction. Un système de points, attribués en fonction des réductions réalisées et pouvant être utilisés pour des achats et d’autres activités, sera instauré dans les cinq prochaines années pour encourager les particuliers à faire évoluer leur mode de vie. Selon la presse japonaise, une fois ce système mis en place, le MOE envisage éventuellement de créer un système de vente des réductions des émissions aux entreprises sous forme de « crédits ». Le Ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme (MLIT) a quant à lui annoncé que le respect des normes d’économie d’énergie dans les habitations serait obligatoire à partir de 2025. Les subventions accordées aux nouveaux logements seront également conditionnées par le respect des normes d’économie d’énergie. Enfin, la mise en place d’un système d’affichage des performances d’économie d’énergie des logements, et la communication de cette performance dans les annonces de vente et de location des logements sont également envisagées. Nikkei en japonais

 

3. Entreprises

tsmcLe projet de fonderie de TSMC à Kumamoto prend de l’ampleur suite à la prise de participation de Denso, le deuxième plus grand fabricant de composants automobiles au monde en termes de ventes, détenu à 25% par Toyota Motor. TSMC, Sony et Denso ont annoncé le 15 février que le projet de fonderie à Kumamoto s’enrichira, grâce à un investissement de Denso, d’une ligne de production de semi-conducteurs de 12-16nm, en plus de la production de 22-28nm initialement prévue. Les semi-conducteurs de taille 12-16nm sont utilisés pour les capteurs et processeurs, essentiels notamment à la conception de véhicules autonomes, l’objectif de Denso étant de sécuriser son approvisionnement pour ces semi-conducteurs avancés. Le coût total de la fonderie, d’abord estimé à environ 6,2 Mds€, avoisine désormais les 7 Mds€. L’usine sera gérée par une joint-venture, Japan Advanced Semiconductor Manufacturing, détenue en majorité par TSMC, à environ 20% par Sony (450M€ d’apports) et à 10% par Denso (300M€ d’apports). La construction de la fonderie commencera cette année, et la production devrait être lancée fin 2024. Nikkei The Japan Times

Corée

1. Macro-économie et finance

déficitDéficit record de la balance des biens coréenne en janvier en raison de la hausse des prix des matières premières. Après un premier mois de déficit enregistré en décembre 2021 (450 millions de dollars), ce déficit a atteint 5 milliards de dollars en janvier et devrait persister en février, avec 1,7 milliard de dollars de solde négatif sur les 20 premiers jours. Si les exportations coréennes continuent de progresser, elles n’arrivent pas à compenser l’explosion du coût des matières premières qui renchérit la valeur des importations. En janvier 2022, les exportations coréennes étaient en hausse de 15 % sur une année (55 milliards de dollars) tandis que les importations ont augmenté de 36 % (60 milliards de dollars). La Corée pourrait entrer en situation de déficits jumeaux, soit la conjonction d’un déficit de la balance courante, dont la principale composante est la balance des biens, et d’un déficit du solde budgétaire de l’Etat. Ce serait une première pour la Corée, qui, même si le budget de l’Etat est déficitaire depuis plusieurs années, a toujours maintenu une balance courante excédentaire (hors crise asiatique de 1997). Cette situation pourrait se révéler dangereuse pour la note souveraine de la Corée, d’autant que le won n’est pas une monnaie de réserve. Néanmoins, le ministère de l’économie et des finances coréen prévoit un retour de la balance des biens à l’excédent au printemps avec la hausse des températures ; la Banque centrale de Corée s’attend à ce que le solde courant soit en excédent de 70 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année 2022, en baisse de 21 % par rapport à 2021. Par ailleurs, afin de soutenir les exportations, le ministère du commerce, de l’industrie et de l’énergie prévoit de dépenser dès le premier semestre 60 % de son budget annuel de financement du commerce international (146 milliards de dollars au total), en ciblant tout particulièrement les PME. Joong Ang Daily, Korea Times, Pulse news, Pulse News

 

2. Politiques économiques

budgetL’Assemblée nationale coréenne a voté son premier budget rectificatif de 2022, avec un montant supplémentaire de 16,9 trillions de won, soit 12,5 milliards d’euros. L’objectif premier de cette nouvelle loi de finances rectificative, la septième depuis le début de la crise, est d’indemniser les petits commerçants dont les revenus sont impactés par les mesures de distanciation sociale. A cet effet, 7,4 milliards d’euros serviront à verser une aide forfaitaire de 2 200 euros à 3,3 millions de petits commerçants. A cette somme s’ajoutent 2,1 milliards d’euros destinés à indemniser les mêmes commerces à hauteur de 90 % des pertes causées par les mesures de distanciation sociale. 500 millions d’euros sont consacrés à un versement de 730 euros pour certains travailleurs en freelance, chauffeurs de taxis et de bus et artistes. Par ailleurs, 2 milliards d’euros financent le renforcement des mesures de contrôle de la pandémie, avec l’achat de médicaments oraux, l’augmentation du nombre de lits d’hôpitaux mais également l’achat d’autotests pour 6 millions d’individus à faible revenu. Enfin, 600 millions servent à abonder un fonds de réserve. Le budget voté par le parlement est supérieur de 2,1 milliards d’euros à celui initialement proposé par le gouvernement, permettant d’étendre la liste des récipiendaires de l’aide forfaitaire aux commerces dont le chiffre d’affaires est compris entre 730 000 et 2 200 000 euros par an, mais aussi d’augmenter de 80 à 90 % la couverture des pertes. Pour financer ce budget, le gouvernement prévoit d’émettre 9,3 milliards d’euros de nouvelles obligations, le reste provenant de fonds spéciaux mis en réserve. La déficit public coréen devrait atteindre 3,3 % du PIB en 2022 (contre 2,5 % dans le budget original) et la dette publique 50,1 % du PIB (contre 50,0 %).  Pulse news, MOEF, JoongAng Daily, Korea Times

 

3. Entreprises

samsungAprès une année 2021 record, les chaebols se préparent aux soubresauts internationaux de 2022. Au sein des principaux conglomérats coréens, les grands gagnants de l’année 2021 sont les groupes actifs dans les semi-conducteurs, Samsung et SK. Au cours du dernier trimestre, le chiffre d’affaires de Samsung Electronics, premier groupe coréen et 15e groupe mondial, a atteint un plus haut historique et son résultat net est au plus haut en quatre ans. Cette performance est principalement le fait du dynamisme de ses ventes de semi-conducteurs, qui ont dépassé celles d’Intel sur l’ensemble de l’année. Le groupe SK a de son côté bénéficié de la très bonne performance de son entité SK Hynix, deuxième fabricant coréen de semi-conducteurs, avec un chiffre d’affaires record et un résultat d’exploitation en hausse de 148 % sur l’année. L’ensemble du groupe SK a, de ce fait, détrôné le groupe Hyundai Motor pour devenir le deuxième conglomérat coréen en 2021, une première en 15 ans. Hyundai Motor, troisième constructeur automobile mondial, a de con côté vu ses indicateurs progresser sur l’ensemble de l’année, mais ses ventes de véhicules en 2021 ont été inférieures de 4 % à ses objectifs et son résultat net a chuté de près de moitié au dernier trimestre, du fait de difficultés d’approvisionnement en puces électroniques. En effet, bien qu’elle-même productrice de semi-conducteurs, la Corée n’est pas épargnée par la pénurie actuelle de puces, notamment à destination du secteur automobile, engendrant une diminution des cadences de production et une augmentation des délais chez les principaux constructeurs. LG, quatrième groupe coréen, a de son côté souffert de la hausse des prix de ses intrants et, malgré la robustesse de ses ventes, a vu son résultat d’exploitation baisser de 21 % au quatrième trimestre. La hausse des prix des matières premières et composants est d’ailleurs un des facteurs de la décision prise par LG fin février 2022 de mettre un terme à ses activités de fabrication de panneaux photovoltaïques. En 2022, l’évolution du contexte géopolitique mondial devrait rendre encore plus prégnante les problématiques d’approvisionnement et de hausse des prix des intrants pour les groupes coréens. La montée du prix des énergies fossiles, alimentée notamment par le conflit ukrainien, devrait selon la presse être un facteur handicapant pour bon nombre de conglomérats coréens, les amenant à revoir à la baisse leurs projets d’investissement pour l’année 2022 par rapport à leurs prévisions initiales. La crise ukrainienne pourrait également avoir un impact sur la chaîne de valeur des semi-conducteurs, car une part importante des gaz rares nécessaires à leur production est importée depuis l’Ukraine (23 % du néon et 31 % du krypton) ou la Russie. Korea Herald (1, 2 et 3), Yonhap (1, 2 et 3), Reuters, Korea Economic Daily, (1 et 2), The Hankyoreh

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.

Vous pouvez vous inscrire à cette newsletter ici.

Vous pouvez aussi suivre le SER de Tokyo sur Twitter.