BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 6 au 26 décembre 2021

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Corée
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques

Japon

1. Macro-économie et finance

kurodaAvec une inflation toujours faible au Japon, la Banque du Japon se démarque des autres banques centrales en annonçant le 17 décembre la poursuite de sa politique monétaire ultra-accommodante. Elle maintient son taux d’intérêt directeur à court terme inchangé à -0,1%. La BoJ a également annoncé que ses programmes d'achat d'obligations privées et de billets de trésorerie se termineraient comme prévu en mars 2022. En revanche, la facilité de financement pour les PME est prolongée de mars à septembre 2022. La BoJ a souligné l’absence persistante d’inflation au Japon pour justifier sa décision de ne pas modifier les grandes lignes de sa politique monétaire. Cette orientation contraste avec les décisions récemment prises par différentes banques centrales confrontées à une pousséé d’inflation (Fed, BCE, Banque d’Angleterre, Banque de Nouvelle-Zélande). De fait, l’inflation japonaise reste faible : si elle a atteint en novembre 0,6% en g.a. - son niveau le plus élevé depuis janvier 2020 – l’inflation «core core» excluant les produits frais et l’énergie reste très faible à -0,7% g.a., menant la BoJ à prévoir une inflation à 0% pour l’année fiscale qui se finit en mars 2022. Ainsi, la montée des prix de l’énergie et des matières premières (inflation des prix de gros +8% g.a. en octobre) n’est pas transférée sur les prix par les entreprises qui restent prudentes face à la réaction des consommateurs japonais en cas d’augmentation des prix, et ce alors que la demande intérieure était encore inférieure de 3,5% à son niveau d’avant-crise au T3 2021. A titre d’exemple, Aeon, l'un des plus grands distributeurs du Japon, a récemment annoncé un gel des prix jusqu'à la fin de l'année. Nikkei, JapanToday, Nomura

 

2. Politiques économiques

statLes statistiques japonaises sur les commandes de construction pourraient avoir été faussées depuis 2013. Il a été révélé que le Ministère du Territoire, des Infrastructures, des Transports et du Tourisme (MLIT) utilisait depuis l’année fiscale 2013 une méthode inappropriée pour établir les statistiques nationales concernant les commandes de construction, avec des doubles comptes. Ces statistiques sont l’une des plus importantes du pays dans la mesure où elles reflètent le dynamisme du secteur du BTP et influent sur le calcul du PIB : le montant total pour l’année fiscale 2020 s’élevait à près de 80 trillions de yens (environ 640 millliards d’euros). Les données de certaines des 12 000 entreprises japonaises collectées chaque mois ont pu faire l’objet de double comptabilisation en cas de remontée tardive des informations. La Cour des Comptes avait signalé le problème à l’automne 2019 et en janvier 2020 le MLIT a passé des instructions aux préfectures de ne plus intégrer certaines données collectées tardivement à l’évaluation du mois en cours. Toutefois, le ministère a continué à additionner doublement à son niveau une partie des données jusqu’à avril 2021 lorsque la méthode d’évaluation a été révisée pour supprimer totalement les risques de double comptabilisation. Le Premier ministre ainsi que le ministre du MLIT ont présenté leurs excuses et le MLIT va mettre en place un comité indépendant dont un rapport est attendu courant janvier. Si le MLIT a déjà recalculé les statistiques pour l’année fiscale 2020, il ne sera pas possible de recalculer les statistiques avant l’année fiscale 2018 car les données d’enquête ne sont conservées que pendant deux ans et ont déjà été détruites. Le gouvernement a également annoncé une enquête pour vérifier s’il n’y a pas d’impact sur les aides accordées aux PME subissant durant la pandémie une détérioration de leur résultat commercial. Le ministre chargé de la revitalisation économique estime que l’impact sur le PIB est probablement faible car les données ne sont pas utilisées telles quelles. Nikkei (15/12 ; 15/12 ;  17/12 ; 21/12)

 

3. Entreprises

tsmcLe gouvernement japonais a voté une loi qui lui permet de financer des usines de semi-conducteurs. La loi de finances rectificative pour 2021, votée le 20 décembre, donne au gouvernement la possibilité de financer jusqu’à la moitié des coûts liés à la construction d’usines de semi-conducteurs. Un fonds a ainsi été mis en place, doté d’un budget initial de cinq millliards d’euros, sous l’autorité de l'Organisation pour le développement des énergies nouvelles et des technologies industrielles (NEDO). Sur ces cinq millliards d’euros, trois millliards d’euros serviront à financer la construction de la nouvelle usine de semi-conducteurs du taïwanais TSMC à Kumamoto, annoncée en octobre. Les deux millliards d’euros restants n’ont pas encore été officiellement attribués mais parmi les projets pris en considération figurent la construction d’une ligne de production de Micron à Hiroshima, et de Kioxia à Yokkaichi. Ces financements sont conditionnels : les entreprises bénéficiaires doivent s’engager à fournir une production continue, et à augmenter leurs capacités de production si la demande l’exige. Les critères de qualification à ces subventions seront fixés par décret. Ces investissements s’inscrivent dans un objectif de sécurité économique : le Japon souhaite tripler les revenus de l’industrie des semi-conducteurs d’ici 2030, et par là réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger. Un projet de loi de sécurité économique, qui devrait être voté en 2022, est en préparation afin d’encourager notamment le développement de l’industrie des semi-conducteurs. Le Japon importe à l’heure actuelle 60% de ses semi-conducteurs. Nikkei Nikkei Japan Times

 

Corée

1. Macro-économie et finance

commerceGronde des petits commerçants face au renforcement des mesures de distanciation sociale en Corée. Le nombre de cas de covid avoisinant récemment les 7 000 par jour, le gouvernement coréen a réimposé depuis le 18 décembre des mesures de distanciation sociale strictes, s’appliquant a minima jusqu’au 2 janvier. Les rassemblements de plus de 5 personnes sont interdits tandis que les personnes non-vaccinées ne peuvent manger que seules au restaurant. Un couvre-feu est de nouveau en vigueur dans les restaurants et les bars à 21 heures, et d’autres types d’établissements (lieux culturels, cybercafés…) à 22h. Pour compenser les pertes occasionnées par ces nouvelles mesures, le gouvernement a annoncé qu’un chèque de 740 euros serait versé sans tarder aux 3,2 millions de dirigeants de petites entreprises. Par ailleurs, le gouvernement a décidé dans son programme de politique économique pour 2022, d’augmenter le montant minimum de la compensation trimestrielle, qui correspond à 80% des pertes de revenus par rapport à 2019, offerte aux petits commerces, passant de 74 euros à 370 euros, tout en en étendant la liste des bénéficiaires. Cependant, de nombreux petits commerçants estiment que le montant n’est pas suffisant et ont organisé le 22 décembre une manifestation pour exprimer leur mécontentement. Pour survivre, de nombreux petits commerçants ont dû recourir à l’emprunt : selon une analyse de la fédération des microentreprises, leur dette a augmenté de près de 17% entre début janvier 2021 et septembre 2021 pour atteindre 660 milliards d’euros. Yonhap, Joong Ang Daily, Korea Herald, Joong Ang Daily, Yonhap

 

2. Politiques économiques

accordsL’agenda de politique commerciale coréen relancé autour de trois accords. Le 2 décembre 2021, le Parlement coréen a ratifié le l’accord de libre échange RCEP qui s’appliquera pour la Corée à compter de février 2022. Cet accord, signé en novembre 2020, entrera en vigueur dès le 1er janvier, 10 pays l’ayant déjà ratifié. Par ailleurs, le ministre des finances coréen a déclaré que la Corée avait l'intention de soumettre une demande d'adhésion au grand accord de libre-échange Asie-Pacifique (CPTPP) d’ici la fin du mandat du Président Moon Jae-in, soit avant mai 2022, et allait lancer les consultations internes requises en vue de cette adhésion. La Corée a manifesté de l’intérêt pour cet accord dès sa conception mais sans jamais s’engager dans le processus d’adhésion, notamment en raison des relations complexes qu’elle entretient avec l’un de ses principaux membres, le Japon. Les annonces de candidatures consécutives de la Chine puis de Taiwan ont redoublé l’importance de cet accord pour la Corée qui craint de perdre en compétitivité face à ses voisins est-asiatiques si elle ne le rejoint pas. Enfin, le pays a signé mi-décembre son premier accord digital avec Singapour (Korea-Singapore Digital Partnership Agreement, KSDPA), pour une entrée en vigueur dans le courant de l’année 2022. Cet accord vise d’abord à promouvoir le commerce digital, en rendant plus sûres les transactions à travers les plateformes numériques et en facilitant les échanges de contenus digitaux, comme la musique et les films. Cet accord comporte également des clauses traitant de la coopération technologique dans les nouvelles technologies et notamment l’intelligence artificielle. En raison de la place centrale de Singapour dans l’ASEAN, la Corée juge que cet accord devrait offrir aux entreprises coréennes un plus grand accès à l’ensemble des marchés de la région. Joong Ang Daily, Hankyoreh, Joong Ang Daily, Straits Times

 

australieVisite du Président Moon en Australie, avec à la clé un contrat militaire, un accord d’approvisionnement dans les minerais critiques et un accord dans l’hydrogène. Le Président Moon s’est rendu en Australie du 12 au 15 décembre 2021, première visite d’un chef d’Etat coréen en Australie depuis 12 ans et première visite d’un chef d’Etat étranger en Australie depuis le début de la pandémie de Covid-19. A cette occasion, le groupe coréen Hanwha a officialisé un contrat d’environ 800 millions d’euros pour la fourniture de matériels militaires (obusiers et véhicules blindés de ravitaillement) pour le ministère australien de la défense. En outre, le ministre coréen de l’industrie et son homologue australien ont signé un accord en vue de faciliter l’approvisionnement de la Corée en matières premières critiques nécessaires au fonctionnement de son industrie, en particulier certains minerais nécessaires à l’industrie coréenne des batteries pour véhicules électriques. L’accord cite notamment les terres rares, le lithium, le graphite, le cobalt et le nickel, le ministre coréen indiquant que la sécurisation des approvisionnements de la filière coréenne des batteries imposait une diversification des fournisseurs, actuellement trop concentrés. Enfin, les deux pays ont confirmé leur volonté de coopérer dans l’approvisionnement de la Corée en hydrogène « vert » (produit à partir d’énergie renouvelable), une ressource perçue comme essentielle par la Corée en vue d’atteindre son objectif de baisse de -40% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et de neutralité carbone en 2050. Yonhap, KBS, ABC, Reuters.

 

batteriesLa Corée cherche à prolonger le cycle de vie des batteries pour véhicules électriques, renforcer sa filière de recyclage et identifier des technologies de substitution aux batteries au lithium. La Corée va autoriser dès l’année prochaine la récupération des batteries pour véhicules électrique par des entités privées, pour être revendues et valorisées. En effet, si les batteries n’ont plus suffisamment de puissance pour être utilisées dans une voiture, elles gardent une capacité de stockage suffisante pour d’autres applications (groupe électrogène, vélo électrique, etc.). Avant cette loi, les batteries devaient être cédées aux municipalités, et le stock actuellement conservé par la puissance publique devrait être progressivement vendu aux enchères. La presse coréenne fait à la fois état d’un besoin de la Corée de se doter de standards robustes pour ce genre d’activité et d’un besoin pour les entreprises coréennes de se doter des technologies adéquates. Samsung, Hyundai, SK et LG auraient formé à cet effet une alliance en vue de développer des stratégies de valorisation. En outre, face à l’envolée des prix mondiaux des intrants des batteries au lithium, qui ont entraîné la cotation boursière des principaux constructeurs (LG Energy Solutions, SK On et Samsung SDI) à un plus bas annuel, ces groupes ont annoncé mi-décembre une série d’initiatives en vue de renforcer leurs investissements dans les solutions de recyclage et dans le développement de technologies de substitution. Dans cet esprit, LG Energy Solutions, principal acteur mondial de la batterie pour véhicules électriques, a annoncé une prise de participation dans une start-up canadienne de recyclage de batteries. Joongang, Korea Economic Daily, Maeil

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.

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