Le budget 2022 de l’Arabie saoudite retient une hypothèse de croissance de +7,4% et une prévision d’inflation de +1,3%. Pour la première depuis 2013, le budget de l’Etat saoudien présente un excédent budgétaire de 24 Mds USD, soit 2,5% du PIB, contre un déficit de -2,7% estimé pour l’année 2021. La dette publique prévue pour 2022 est stable en valeur à 250 Mds USD et diminue à 25,9% du PIB contre 29,2% estimé en 2021, sous l’effet de la croissance prévue.

  • La croissance devrait atteindre 2,9% en 2021 et pourrait s’envoler à 7,4% en 2022

Préparé dans un environnement économique plus favorable que le précédent budget, le budget 2022 retient une hypothèse de croissance de +7,4%, tirée par la hausse attendue du PIB pétrolier en lien avec les augmentations production décidées par l’alliance OPEP+. On peut relever que cette prévision de croissance est supérieure à celle du FMI de +4,8%. La prévision d’inflation est de +1,3% (+2,2% selon le FMI). Pour 2023 et 2024, les prévisions de croissance sont respectivement de +3,5% et +4,0%.

Pour 2021, le ministère des Finances (MoF) estime la croissance du PIB à +2,9%, contre une prévision du FMI de +2,8%, sous l'effet à la fois d'une augmentation du PIB pétrolier et non pétrolier, qui croitrait de 4,8 % en 2021. Sur les dix premiers mois de 2021, le cours moyen du baril de Brent s’est établi à 69,5 USD, en hausse de 70% pour atteindre le baril contre 41,1 USD le baril durant la même période en 2020.

  • Les recettes sont prévues en hausse de 23% à 279 Mds USD. Le montant attendu des recettes pétrolières n’a pas été rendu public pour la deuxième année consécutive

Le budget 2022 prévoit un montant total de recettes de 279 Mds USD, en hausse de +23% par rapport au montant budgété en 2021 (226 Mds USD) et de +12% par rapport à l’exécution estimée pour cette même année (248 Mds USD).

Pour la deuxième année consécutive, le MoF n’a pas communiqué le montant attendu des recettes pétrolières pour 2022. Les recettes pétrolières sont intégrées dans la catégorie « autres revenus », qui comprend les profits du gouvernement sur ses investissements, les revenus pétroliers, les ventes de biens et services et le recouvrement des amendes et pénalités. Cette présentation ne permet pas de déterminer l’hypothèse de prix du baril annuel moyen retenue pour l’établissement du budget. En 2022 les « autres revenus » devraient augmenter de 20% par rapport à l’estimation de 2021, pour atteindre 203,5 Mds USD, soit 73% du total des recettes.

Les impôts et taxes, 27% du total des recettes, sont programmes à 75,5 Mds USD, en baisse de 4,1% par rapport à l’estimation de 2021. Cette diminution est principalement due à la modification de la date d'échéance de la collecte de la TVA sur les fournitures des entreprises qui passent des contrats avec des entités gouvernementales. Les recettes de TVA attendues en 2021 (59,5 Mds USD) devraient représenter 79% du total du poste impôts et taxes.

  • Les dépenses devraient diminuer de -5,9% par rapport à l’exécution budgétaire 2021

Le budget 2021 prévoit 271 Mds USD de dépenses, en baisse de -3,5% par rapport au budget précédent (264 Mds USD). Cette prévision s’inscrit en une significative diminution de -5,9% de l’exécution budgétaire estimée pour 2021 (271 Mds USD).

Les dépenses de fonctionnement (230 Mds USD) représentent 90% du total, en baisse de -2,9% par rapport au budget 2021. Les salaires de la fonction publique représentent 52% du total des dépenses en 2022 contre 50% au budget de 2021. Ces dépenses (133 Mds USD) sont stables par rapport à l’exécution budgétaire estimée de 2021.

Les dépenses d’investissement, 24,5 Mds USD programmés en 2022, sont en baisse de 9% par rapport à ce qui avait été budgété en 2021 et inférieures de 18% par rapport à l’exécution budgétaire estimée de l’année 2021. Cette forte baisse résulte du recentrage des financements publics sur les priorités des programmes de la Vision 2030 et de ses grands projets d’infrastructures. Il convient également de rappeler l’importance croissante du fonds souverain Public Investment Fund (PIF) et du National Development Fund dans le financement des projets d’infrastructures en relais aux financements du budget de l’Etat, ainsi que la part attendue du secteur privé dans les investissements sectoriels tels que l’énergie, l’eau et l’industrie.

Par secteur, l’éducation reste le premier poste de dépenses avec 19% du total (49 Mds USD), suivi par la défense (18% du total, 46 Mds USD), la santé et les services sociaux (14% des dépenses, 37 Mds USD,) puis la sécurité et l’administration régionale (27 Mds USD, 10,5% du total). Ces postes de dépenses sont majoritairement tous en baisse par rapport à l’estimation de 2021, notamment le secteur santé et services sociaux (-28%), principalement en raison de la réduction des dépenses liées à la Covid-19.

  • Pour la première depuis 2013, le budget de l’Etat saoudien devrait présenter un surplus de 2,5% du PIB, et une dette publique stable à 250 Mds USD, soit 25,9% du PIB

L’excédent budgétaire 2022 est attendu à 24 Mds USD, soit 2,5% du PIB contre un déficit estimé de - 2,7% du PIB en 2021. Le déficit estimé 2021 (23 Mds USD) est presque deux fois moins important que le déficit prévu lors de l’établissement du budget 2021 (38 Mds USD). Les excédents 2023 et 2024 sont prévus respectivement à 0,8% et 1,1% du PIB. Le MoF note que les excédents réalisés dans le budget serviront à renforcer les réserves de l'État, à soutenir le PIF pour accélérer la mise en œuvre de certains programmes et projets stratégiques, ou encore à rembourser partiellement la dette en fonction des conditions du marché.

Selon le FMI, l’équilibre budgétaire l’Arabie saoudite pour 2022 est atteint avec un baril à 65,70 USD contre 77,90 USD en 2021.

Le budget de 2022 ne prévoit pas d’endettement supplémentaire, avec un stock de dette en fin d’année attendu à 250 Mds USD, soit 25,9% du PIB. Le MoF prévoit une stabilisation de la dette pour les années 2022 et 2023 à 250 Mds USD, soit autour de 26% du PIB. Cela est dû au fait que les niveaux de la dette augmenteront à un taux inférieur à l’augmentation estimée du PIB.

Commentaires :

L'excédent budgétaire prévu pour 2022 résulte de la hausse des prix du pétrole et de la production, mais aussi à la réduction des dépenses liées à la Covid-19 et à la poursuite du transfert de la charge d’investissement vers les fonds publics gérés par le fonds souverain PIF.

L’Arabie saoudite a cessé de publier la distribution de ses revenus en raison de la cotation sur la bourse de Riyad de son géant pétrolier, Saudi Aramco. Le ministère des Finances a déclaré que la publication de la distribution de ses recettes pourrait aiguiller le marché sur la stratégie de distribution de dividendes du géant saoudien. Ces publications pourraient aussi donner des indices quant au prix du baril minimal pour atteindre l’équilibre budgétaire.