BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 22 novembre au 5 décembre 2021

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Corée
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Japon

1. Macro-économie et finance

relanceLe cabinet du Premier ministre a approuvé le 19 novembre un nouveau plan de relance d’un montant de 55,7 Tns ¥ de dépenses publiques (plus de 10% du PIB 2020). Ce nouveau stimulus vient s’ajouter aux plans précédents pour 2020 pour un total cumulé de 134 Tns ¥ (1 072 Mds €) de dépenses publiques, soit 27% du PIB japonais 2020. Pour le financer, le gouvernement aura recours à 22,1 Tns ¥ d’emprunts publics au titre de l’année fiscale 2022 ainsi qu’à 10 Tns ¥ provisionnés pour les plans précédents mais non encore utilisés. Présenté comme la première pierre du « nouveau capitalisme » de F. Kishida pour favoriser la redistribution, ce plan s’inscrit dans la continuité des plans précédents et des Abenomics (politique budgétaire expansionniste soutenue par une politique monétaire ultra-accommodante). Son contenu peut être divisé en quatre axes : (1) des mesures de redistribution aux entreprises et aux ménages affectés par la pandémie (distribution de 100 000¥, soit 800 € aux ménages exemptés de taxe d’habitation, déductions fiscales pour les entreprises augmentant les salaires) ; (2) des mesures de soutien à court terme aux entreprises (reconduction du dispositif de prêts garantis à taux 0, relance de la campagne Go To Travel) ; (3) des mesures de renforcement du système médical ; et (4) des mesures visant à augmenter la qualité de la croissance via des réformes structurelles. Ces dernières mesures reprennent en partie les orientations définies par l’administration Suga (transformation numérique et transition bas-carbone) : le plan comprend l’adoption de la carte de sécurité sociale numérique MyNumber encouragée par un abondement de 160€ ainsi que des subventions pour l’achat de véhicules électriques et des incitations au développement des bornes de recharge électriques et hydrogène. Les réformes structurelles sont aussi marquées par un accent nouveau mis sur la sécurité économique : 500 Mds ¥ (4 Mds €) sont alloués à des aides à l’installation au Japon de centres de production de semi-conducteurs, parallèlement à la mise en place d’un fonds dédié aux technologies stratégiques (IA, R&D verte, nucléaire, etc…) de 500 Mds ¥. Nikkei Asia

 

2. Politiques économiques

pétroleLe Japon compte libérer une partie de sa réserve nationale de pétrole pour lutter contre la flambée des cours. Cette mesure du Premier ministre Fumio Kishida a été annoncée en réponse à un appel lancé par le Président américain Joe Biden dans un contexte de hausse mondiale des prix des hydrocarbures qui ont atteint des niveaux records. Le gouvernement japonais, réticent dans un premier temps, a finalement accepté cette stratégie prise concomitamment avec la Chine, l’Inde, le Royaume Uni et la Corée du Sud. Des tarifs de matières premières élevés, dans un contexte économique difficile pour beaucoup de pays, pourraient limiter les effets des politiques de relances instaurées par de nombreux gouvernemements, notamment aux Etats-Unis et au Japon. Le Premier ministre Fumio Kishida a souligné l’importance de la stabilisation du cours de pétrole brut pour engager une reprise économique. Les réserves japonaises se répartissent en trois catégories : les réserves d'État, les réserves détenues par les entreprises et celles stockées directement dans les pays producteurs de pétrole. La réserve d’Etat, stockée au Japon, compte 285,9 millions de barils sur une réserve globale d’environ 485 millions. Il est envisagé que le Japon libère jusqu’à 5 millions de barils, soit environ 3 jours de consommation nationale. L’accueil par les médias japonais, sous fond d’incertitude quant à l’efficacité d’une telle mesure, a été mitigé. Nikkei, The Japan News, The Japan Times

 

3. Entreprises

nissanNissan a dévoilé sa stratégie « Nissan Ambition 2030 » lors d’une conférence de presse le 29 novembre. Nissan a ainsi annoncé un objectif global de 50% de véhicules vendus entièrement électriques d’ici 2030, avec quelques adaptations selon les régions : 75% en Europe, 55% au Japon, 40% en Chine et 40% aux Etats-Unis. Pour atteindre cet objectif, le groupe compte investir 15,5 Mds € d’ici 2026 ). Le développement des batteries est au cœur de la stratégie de Nissan : le groupe prévoit de fabriquer lui-même des batteries à électrolyte solide (plus efficaces et moins chères à produire) d’ici 2024 dans son usine à Yokohama, l’objectif étant d’atteindre une production à l’échelle mondiale de 130 GWh d’ici 2030. En parallèle, Nissan prévoit de déployer 23 nouveaux modèles de véhicules d’ici 2026, dont 15 intégralement électriques. Le groupe compte également dépenser 160 M € dans les cinq prochaines années pour construire de nouvelles stations de recharge, en plus du million déjà déployé par Nissan dans le monde. Enfin, Nissan compte électrifié la production de véhicules réorganiser ses chaînes d’approvisionnement pour diminuer sa consommation d’énergie. Le groupe prévoit qu’en 2030, ses usines émettront 40% de CO2 de moins qu’en 2019, avec pour horizon d’atteindre zéro émission d’ici 2050. Ces annonces s’inscrivent dans le cadre de l’engagement du groupe d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Nissan, Nikkei, Asahi

 

JSAL’association Japanese Shipowners’ Association (JSA) de transport maritime a annoncé son objectif de neutralité pour 2050. Il s’agit du deuxième pays après le Royaume-Uni où l’association nationale des transporteurs maritimes fixe un objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Le Président de l’association, Junichiro Ikeda, caractérise cet objectif de vital dans la lutte contre le réchauffement climatique et mentionne la nécessité ,pour l’atteindre, de développer de nouvelles technologies autour de navires décarbonnés qui pourraient fonctionner avec d’autres sources d’énergies, moins polluantes. La flotte japonaise, l’une des plus importantes au monde, compte environ 2 200 navires. Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone, l’association estime qu’au moins 100 navires par an devront être produits afin de remplacer la flotte actuelle. Un tel changement représente un investissement annuel estimé à près de 10 Mds $. Plusieurs compagnies ont également annoncé leurs objectifs : la deuxième compagnie japonaise de transport maritime, Mitsui O.S.K. Line, a annoncé vouloir augmenter ses investissements verts des 3 prochaines années jusqu’à maximum 3,5 Mds $, environ 2 fois plus que son projet actuel.

Corée

1. Macro-économie et finance

BOKLa Banque de Corée (BoK), a procédé fin novembre à une deuxième hausse de son taux de base de 0,75 % à 1 %, après une première hausse fin août. La BoK justifie cette hausse par la nécessité de lutter contre l’inflation dans un contexte général de bonne santé de l’économie coréenne, portée par les exportations et la consommation des ménages. L’indice des prix à la consommation atteint en novembre des niveaux record depuis 2011, augmentant de 3,7 % en glissement annuel et de 0,4 % sur un mois. Elle a revu à la hausse sa prévision annuelle d’inflation, de 0,2 point à 2,3 % pour refléter cette accélération. Bien que cela ne soit pas explicitement mentionné dans sa décision de politique monétaire, les actions récentes de la banque centrale ont également pour objectif de modérer la hausse de l’endettement des ménages. La hausse du taux de base d’août, couplée aux mesures restrictives imposées par les autorités financières sur l’octroi de prêts, semblent n’avoir eu à ce stade qu’un effet limité sur le rythme de croissance de la dette des ménages, celle-ci ayant augmenté de 2,0 % au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, contre des hausses de 2,1 % et 2,5 % lors des deux trimestres précédents. Selon les analyses de la BoK, une hausse de 0,5 point du taux de base, équivalente à la somme des augmentations d’août et de novembre, devrait se traduire par 4,2 Md€ d’intérêts annuels supplémentaires payés par les ménages, une majorité d’entre eux ayant souscrit à des emprunts à taux variables. De même, le coût annuel moyen des intérêts pour les emprunteurs devrait augmenter de 11 % à 2 200 € par rapport à la fin de 2020. BoK, Joong Ang Daily, Dong-A, Hankyoreh

 

2. Politiques économiques

hydrogeneLa Corée souhaite faire de l’hydrogène sa principale source d’énergie d’ici 2050. Le ministère coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Energie a dévoilé fin novembre sa nouvelle feuille de route de mise en œuvre de l’économie hydrogène. Elle prévoit que la Corée sera en position de couvrir 33 % de sa consommation énergétique par de l’hydrogène à l’horizon 2050, ce qui correspondrait à 28 millions de tonnes d’hydrogène par an, dont l’intégralité sera considérée comme propre : hydrogène « bleu » produit à partir d’énergie fossile mais avec un dispositif de capture de CO2 et hydrogène « vert », produit à partir d’énergies renouvelables, excluant donc l’hydrogène « gris » dont la production est émettrice de CO2. Pour ce faire, le ministère coréen souhaite d’ici 2050 déployer trois volets de soutien : soutien à la production d’hydrogène vert à grande échelle pour en diminuer le coût de production ; développement de la capacité de capture de CO2 et sécurisation d’une quarantaine de canaux d’approvisionnement depuis les pays producteurs d’hydrogène (22 des 28 millions de tonnes consommées seront importées). Alors qu’il présidait une réunion du Comité de l’économie hydrogène, le Premier ministre coréen a déclaré que « l’hydrogène constitue le moyen le plus puissant d’atteindre l’objectif de neutralité carbone ». Le gouvernement coréen souhaite également permettre la conversion progressive des centrales thermiques en permettant l’adjonction d’hydrogène et d’ammoniac : selon la feuille de route, les centrales à GNL utiliseront 30 % d’hydrogène d’ici 2035 et la moitié des centrales à charbon utilisera un mélange constitué à 20 % d’ammoniac. Dans cette optique, la principale compagnie coréenne d’électricité KEPCO et plusieurs partenaires privés ont annoncé la mise au point de dispositifs expérimentaux dans les prochains mois. Enfin, la feuille de route annoncée par le gouvernement coréen amplifie également la stratégie de déploiement de stations de recharge pour véhicules à hydrogène, en visant le déploiement de 2 000 stations à l’horizon 2050. Korea Times, Business Korea, Korea Herald

 

3. Entreprises

samsungAvec son investissement au Texas, Samsung consolide sa nouvelle stratégie dans les semi-conducteurs. Le 23 novembre, Samsung Electronics a annoncé la construction d’une fonderie de semi-conducteurs « logiques avancés » dans la ville de Taylor, au Texas. L’investissement s’élève à 17 Mds $, dont 6 Mds $ pour la construction et 11 Mds $ pour les équipements, le site devant créer 10 000 emplois pour sa construction et près de 2 000 emplois directs d’ici à sa mise en service prévue en 2024. Cette implantation constitue, selon le gouverneur du Texas, le plus important investissement étranger au Texas à ce jour. Parmi les principaux critères dans la décision d’implantation, Samsung a mentionné les perspectives de débouchés locaux (demande en semi-conducteurs, proximité des clients), les mesures incitatives accordées par la puissance publique au projet (financement au niveau fédéral et au niveau local) et l’accès aux ressources (électricité, eau et main d’œuvre qualifiée). La stabilité en alimentation électrique a fait l’objet d’une attention particulière de Samsung, ainsi que d’engagements du gouverneur du Texas et du fournisseur sélectionné pour le projet : une coupure de courant sur le site Samsung d’Austin en février 2021 avait causé une perte estimée à 350 M $. Cette décision confirme le projet annoncé en mai 2021 lors de la visite d’Etat du Président Moon Jae-In aux Etats-Unis et s’inscrit également dans la stratégie de Samsung d’investir 200 Mds $ dans les semi-conducteurs « logiques » d’ici 2030. Le groupe coréen avait en effet annoncé en août dernier vouloir renforcer sa présence sur ce segment (destiné par exemple aux processeurs, équipements 5G, IA, supercalculateurs) sur lequel il est relativement moins présent (17 % de part de marché mondiale, contre 53 % pour le taïwanais TSMC), par opposition aux semi-conducteurs « mémoires » (destinés au stockage de données) pour lesquels Samsung est en position de leadership mondial (42 % de part de marché pour les DRAM et 34 % pour les NAND). Pour incarner cette nouvelle phase de développement, Samsung Electronics a annoncé le 7 décembre la nomination d’un nouveau directeur général de la division en charge des semi-conducteurs. Korea Economic Daily, Yonhap, Business Korea

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.

Vous pouvez aussi suivre le SER de Tokyo sur Twitter.