BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 27 septembre au 10 octobre 2021

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Corée
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques
  3. Entreprises

Japon

1. Macro-économie et finance

kishidaFumio Kishida a été élu Premier ministre par les deux chambres de la Diète le 4 octobre, après sa nomination à la tête du Parti Libéral Démocrate (PLD) la semaine précédente. Ministre des Affaires Etrangères de 2012 à 2017, le nouveau Premier ministre annoncé la dissolution de la Chambre Basse le 14 octobre et la tenue de nouvelles élections le 31. Dans l’attente des résultats des élections législatives, F. Kishida a mis en place un nouveau gouvernement, composé notamment de Koichi Hagiuda (proche de Shinzo Abe) au ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (METI), de Shunichi Suzuki (le beau-frère de Taro Aso, à qui il succède) au ministère des Finances, de Toshimitsu Motegi aux Affaires Etrangères et de Takayuki Kobayashi au ministère de la Sécurité Economique nouvellement créé. Suite à sa prise de poste, F. Kishida a exposé les grandes orientations de son programme économique dans un discours de politique générale. Il entend poursuivre les Abenomics (politique budgétaire expansionniste, accord avec la Banque du Japon en faveur d’une politique monétaire ultra-accommodante, réformes structurelles) et le soutien à l’économie tant que la crise sanitaire perdurera, avec un plan de plusieurs trillions de yens évoqué pendant sa campagne. Il met en avant le concept de « nouveau capitalisme » : ce terme désignant un ensemble de politiques et mesures destinées à améliorer la répartition des revenus en faveur des classes populaires et moyennes (soutien aux familles, aux employés à temps partiel). Pour ce faire, il avait, durant sa campagne, émis le souhait d’augmenter la taxation des revenus financiers, actuellement dégressive passé le seuil des 100 millions de yen (800 000 €). Pour finir, le Premier ministre a évoqué l’idée de revoir le processus budgétaire, actuellement décidé sur une base annuelle, pour introduire un ajustement pluriannuel de la trajectoire des finances publiques. Dans l’ensemble, la stratégie de croissance de F. Kishida reprend les grandes lignes dessinées par S. Abe et Y. Suga (transition écologique, innovation, virage digital). Il octroie cependant une importance renforcée à la sécurité économique, dont le nouveau ministère éponyme sera notamment dédié à la protection des technologies sensibles et à l’accès aux ressources (terres rares, ressources énergétiques et matières premières). Nikkei, Japan Times

bojL’indice Tankan de la Banque du Japon (BoJ) de la confiance des entreprises a progressé pour le 5ème trimestre consécutif. Cette enquête trimestrielle, qui interroge environ 10 000 entreprises sur des paramètres tels que la confiance en l’avenir, les projets d’investissement et les anticipations d’inflation, constitue l’une des bases sur lesquelles la BoJ élabore sa politique monétaire. La confiance des grandes entreprises manufacturières s’est élevée à son plus haut niveau depuis 2018 et a atteint 18 points (en augmentation de +4 points par rapport au précédent Tankan). Ce résultat, supérieur aux estimations du marché (à 13 points selon la banque Nomura), est le reflet d’un climat économique en voie de reprise, du fait notamment de la nette amélioration de la situation sanitaire depuis le début du mois de septembre. Une tendance similaire, bien que moins marquée, est observable pour les petites et moyennes entreprises, dont la confiance augmente respectivement de +4 et +1 points. Cependant, ces résultats sont modérés par l’apparition de signaux négatifs liés aux perturbations des chaînes de valeur (restrictions sur l’approvisionnement en énergie en Chine, effets de la pandémie en Asie du Sud-Est, etc…) : le secteur des véhicules motorisés perd ainsi 10 points d’indice par rapport au Tankan de juin et chute à -7. L’enquête confirme également la hausse importante des investissements annoncés sur l’année fiscale 2021, soulignant la préparation des entreprises à la reprise. Cette hausse se maintient dans l’ensemble à +9,3% pour les investissements en capital excluant les achats de terrains. En particulier, les investissements en software connaissent une progression impressionnante à +14,3% sur l’ensemble des secteurs, et même +27% dans le secteur manufacturier, alors que les autorités incitent à la digitalisation du pays. Enfin, les investissements de R&D diminueraient légèrement par rapport à la précédente estimation (-0,9%), mais maintiendraient une solide progression sur l’année fiscale 2021 à +5,7%. Nikkei, BoJ

 

2. Politiques économiques

metiLe Japon a organisé du 4 au 8 octobre la semaine « Beyond Zero Week » regroupant plusieurs évènements internationaux pour la décarbonation. Plusieurs thématiques ont été mises à l’honneur : les technologies de captage, stockage et utilisation du carbone (CCUS), l’hydrogène lors de la 4ème réunion ministérielle de l’hydrogène, l’ammoniac avec la 1ère conférence internationale sur le carburant ammoniac, la transparence financière vis-à-vis des impacts induits par le changement climatique lors du Sommet TCFD ou l’innovation de manière plus générale lors des conférences ICEF et R20. La 10ème conférence internationale des producteurs et consommateurs sur le gaz naturel liquéfié (GNL) a aussi été organisée par le Japon à cette occasion, avec l’annonce lors d’une séquence « surprise » de  la création d’une nouvelle association, l’Asia Natural Gas and Energy Association (ANGEA) par un consortium d’acteurs privés incluant Chevron, ExxonMobil, JERA, MHI, Santos et SK E&S, qui cherchera à conseiller et intervenir auprès des gouvernements et des entreprises dans la région Asie-Pacifique au sujet des politiques énergétiques et de réduction des émissions. La première édition d’une nouvelle Réunion ministérielle sur le partenariat pour la croissance verte en Asie a également été organisée (sans rediffusion publique) avec 20 pays de la région Asie-Pacifique, dont les Etats-Unis et l’Australie, et du Moyen-Orient et 3 organisations internationales. Le Japon y a mis en avant son intention d’apporter un soutien large à la transition énergétique en Asie au travers de l’Asia Energy Transition Initiative (AETI) annoncée en mai. Lors de la réunion ministérielle sur l’hydrogène, le Japon a notamment mis à l’honneur son partenariat sur l’hydrogène propre avec l’Australie ainsi qu’un récent accord de coopération sur l’hydrogène entre les villes de Namie dans le département de Fukushima au Japon et de Lancaster au Royaume-Uni. La 1ère conférence internationale sur le carburant ammoniac a également donné lieu à la signature en direct, d’un accord de coopération entre le METI, l’entreprise japonaise IHI, et deux entreprises d’Etat malaisiennes, Petronas et la compagnie électrique TNB, pour un projet de démonstration de centrale thermique à co-combustion ammoniac en Malaisie. Par ailleurs, l’association suisse International Emissions Trading Association (IETA) a annoncé lors de la conférence sur le GNL une coopération avec la maison de commerce japonaise Mitsui&Co et le METI pour lancer une initiative qui visera, avec des dialogues d’experts jusqu’au 1er semestre 2022, à proposer des règles et des standards permettant des échanges internationaux de certificats de réduction de bilan carbone à partir des technologies CCUS.Tokyo "Beyond Zero" Week 2021 (portail), METI, ANGEA, Nikkei

 

agriL’agriculture japonaise fait face à une hausse des prix agricoles dans un contexte de demande mondiale croissante, de mauvaises récoltes, un manque de main d’oeuvre et des coûts de transport toujours élevés. Le gouvernement japonais a indiqué qu’à compter du 1er octobre, les prix sur le blé importé et vendu à des entreprises japonaises subiraient une hausse de 19%, la plus forte hausse depuis 2008 (+30%) - sachant que toutes les importations de blé sont réalisées via le gouvernement japonais. Cette décision intervient dans un contexte international de hausse des prix, liée à une forte demande chinoise, des coûts de transport toujours élevés et des récoltes médiocres dans la plupart des pays producteurs de blé, touchés par des conditions climatiques défavorables (sécheresse en particulier). L’augmentation du prix du blé importé devrait entraîner une hausse du prix du pain (+2,3 ¥ par pain) et de la farine destinée aux particuliers (+14,1¥ par kg). L’agriculture japonaise est également affectée par des conditions climatiques peu favorables cette année, avec une saison des pluies ayant entraîné des dégâts chiffrés in fine à 83,7 Mds¥ (670 M€) et concernant 39 des 47 préfectures (soit sensiblement moins qu’à l’été 2020, qui avait connu des pluies torrentielles). Les pays d’Asie du Sud-Est, quant à eux, font face à une pénurie de main d’œuvre liée à la Covid-19, à la fois dans les exploitations agricoles et la distribution agroalimentaire. Les récoltes de nombreuses matières premières agricoles sont ainsi en baisse et le prix de vente de ces produits augmente sur le marché japonais : +32% pour l’huile de palme par rapport à l’an dernier ; +60% pour le poivre blanc et doublement du prix du poivre noir. Compte tenu de ce contexte global peu favorable, plusieurs groupes japonais de l’industrie agroalimentaire prévoient d’augmenter dès l’automne le prix de vente de certains de leurs produits. Meiji, qui distribue du lait et du chocolat, va ainsi augmenter le prix de la margarine, entre +4,3% et +12,8% à compter d’octobre. Le groupe Starzen prévoit des retards de livraison de 2 mois pour la viande de volaille (qui s’affiche désormais à 390 ¥, soit 3,12€, par kg pour une cuisse de poulet congelée) et regarde du côté du Brésil pour trouver d’autres fournisseurs que la Thaïlande, qui fournit habituellement 25% de la viande de volaille importée par le Japon mais ne peut plus satisfaire la demande japonaise.Jiji Press, Nikkei Asia, MAFF

 

3. Entreprises

nissanNissan pourrait vendre ses usines espagnoles au Chinois Great Wall Motor. Nissan va entrer en négociations avec les autorités espagnoles et le constructeur chinois Great Wall Motor pour discuter d’une possible vente de ses trois usines à Barcelone. Great Wall Motor a en effet manifesté son intérêt pour racheter la plus grande des trois usines et réfléchit à un éventuel rachat des deux autres. Les espagnols Silence (fabriquant de motos électriques) et QEV Technologies (technologies de mobilité électrique), deux autres entreprises inclues dans la négociation, sont quant à elles intéressées par les plus petites usines. Les trois sites emploient environ 3 000 personnes directement et 20 000 personnes indirectement. Cette vente s’inscrit dans le plan de restructuration mis en place par Nissan depuis 2020 : le groupe compte réduire sa production d’environ 20% entre 2020 et 2023, et se recentrer sur ses modèles phares et ses marchés clefs. Nissan se concentre d’abord sur les marchés japonais, nord-américain, et chinois : c’est dans cette perspective qu’avait été annoncée en 2020 la fermeture des usines espagnoles. La fermeture, originellement prévue pour décembre 2020 a été retardée face à la résistance des partenaires sociaux. La vente des usines devrait donc faciliter ce retrait annoncé, et permettre d’affirmer un rééquilibrage des forces au sein de l’Alliance, dont Renault est le référent en Europe, selon la stratégie « leader-follower ». Nikkei

 

Corée

1. Macro-économie et finance

restrictionsFaible impact des mesures japonaises de contrôle-export à l’encontre de la Corée, deux ans après leur mise en place. Depuis l’été 2019, le Japon a mis en place des contrôles accrus sur les exportations vers la Corée de 3 matériaux utilisés dans la production de semi-conducteurs, au motif de leur classification comme bien à double usage civil et militaire, et d’une supposée insuffisance des contrôles effectués par la Corée concernant leur destination finale. Or, selon une étude de la Fédération des industries coréenne (FKI), les importations de ces trois produits n’ont baissé que de 1% au cours des deux dernières années par rapport aux deux années précédentes, à 730 M$. Le taux de dépendance de la Corée au Japon pour ces produits a légèrement baissé (1 point) pour atteindre 75%. Néanmoins, la détérioration du climat des affaires qui s’en est ensuivie, ainsi que la campagne de boycott des produits japonais par la Corée, ont eu un impact important sur les relations commerciales entre les deux pays, qui s’est additionné à l’ « effet Covid ». Sur la même période, les échanges entre les deux pays se sont contractés de 8 % pour les exportations coréennes à destination du Japon (54 Mds$) et de 10% pour les importations en provenance du Japon (96 Mds$). De même, les flux d’investissements japonais en Corée ont diminué de près de 30 % sur la période, bien que les investissements coréens au Japon aient progressé de 24%, largement portés par l’investissement de SK Hynix dans l’ancienne branche mémoire de Toshiba (KIOXIA). Enfin, les ventes des entreprises japonaises en Corée en 2019 ont baissé de 9% par rapport à l’année précédente, et celles des entreprises coréennes au Japon de 10%. Joong Ang DailyKorea Herald

 

2. Politiques économiques

cryptosAvec l’entrée en vigueur d’une nouvelle règlementation, le nombre de plateformes d’échange de cryptomonnaies en Corée a fortement chuté. Depuis le 24 septembre, les plateformes sont tenues de mettre à niveau la sécurité des données des utilisateurs, notamment à travers un système certifié par l’administration coréenne, et doivent avoir établi un partenariat avec une banque qui se porte garante de la légalité des transactions ayant lieu sur la plateforme. Sur une soixantaine de plateformes opérant jusqu’alors dans le pays, 29 ont réussi à satisfaire la première exigence. L’exigence de partenariat s’est avérée plus difficile à satisfaire, du fait notamment que les banque sont peu rémunérées en regard de la responsabilité face à de potentielles transactions illégales : seules 4 plateformes (Upbit, Bithumb, Coinone et Korbit) sont parvenues à s’y conformer. Les 25 autres plateformes qui n’ont pas réussi à trouver de banque partenaire pourront continuer à opérer mais sans proposer d’échange avec le won. Cette réduction du nombre d’acteurs s’opère alors que les 4 plateformes pleinement autorisées dominaient déjà le marché, celles-ci accueillant 96% des 46 Mds € de dépôts des utilisateurs coréens (dont 80 % pour Upbit). Par ailleurs, alors que les élections présidentielles approchent, le parti au pouvoir a décidé de repousser d’un an, à janvier 2023, la mise en place d’une taxe de 20% sur la plus-value de la vente de monnaies virtuelles. Cette proposition aurait pour objectif de séduire les jeunes, les principaux investisseurs dans ce nouveau type d’actif, qui se sont récemment détournés du parti démocrate. Korea Times, Korea Times, Verdict

 

3. Entreprises

ScLa Corée s’inquiète des demandes d’informations adressées par les Etats-Unis aux fabricants de semi-conducteurs. Le Département américain du commerce a lancé le 24 septembre une procédure de demande d’information auprès des acteurs de la chaîne de valeur des semi-conducteurs. Cette demande s’inscrit dans un contexte de pénurie mondiale de semi-conducteurs et de besoin identifié de mieux cartographier les chaînes d’approvisionnement dans ce secteur. Les entreprises ont 45 jours pour répondre à une série de questions portant notamment sur la liste de leurs clients, les technologies utilisées, leur rendement de fabrication et leur niveau de stock. Si les industriels coréens, notamment Samsung et SK Hynix, ne se sont pas officiellement prononcés sur cette demande, la presse relaie de fortes inquiétudes tant sur le plan commercial (impact possible sur la négociation des prix), qu’en termes de potentielles fuites technologiques. Au cours d’un entretien avec son homologue américain début octobre, le ministre coréen du commerce YEO Han-Koo a exprimé l’inquiétude de la Corée, considérant que la demande de Washington est trop vaste et pourrait inclure des informations relevant du secret des affaires. De con côté, le ministre de l’industrie MOON Sung-wook a indiqué, lors d’un audit parlementaire, que la demande était « sans précédent » et que la Corée était en train de vérifier sa conformité vis-à-vis des règles de l’OMC. Korea Herald, Korea Economic Daily, Korea Times

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.

Vous pouvez aussi suivre le SER de Tokyo sur Twitter.