Publication du Service économique régional d’Abuja, réalisée avec les contributions des SE de Lagos et d’Accra.

Faits saillants:

- Nigéria : la croissance s’établit à 5% au deuxième trimestre 2021 ; le Président Buhari promulgue la loi visant à réguler le secteur pétrolier et gazier ; le Covid aurait fait perdre 770 000 emplois dans le secteur du tourisme ; la consommation de données mobiles en hausse de 202% en trois ans.

 - Ghana : le FMI octroie 1 Md USD dans le cadre de l’allocation générale de droits de tirage spéciaux ; le cédi à son plus bas niveau depuis 27 ans.

Le chiffre à retenir:

5%: c'est la croissance enregistrée par le Nigéria au deuxième trimestre 2021.

Nigéria

La croissance s’établit à 5% au deuxième trimestre 2021.

D’après le Bureau National des Statistiques (NBS), la croissance du PIB s’est établie à 5% en glissement annuel au deuxième trimestre de cette année, marquant le troisième trimestre consécutif de croissance après la récession enregistrée en 2020 sur les deuxième (-6,1%) et troisième (-3,6%) trimestres. Le secteur pétrolier a marqué un nouveau repli de 12,65% en glissement annuel et la production pétrolière est descendue à 1,61 million de bariles par jour au deuxième trimestre contre 1,72 Mb/j au trimestre précédent. Sur ce même trimestre, le secteur pétrolier n’a contribué qu’à hauteur de 7,4% du PIB contre 9,25% au trimestre précédent. La croissance du deuxième trimestre 2021 a ainsi été tirée par le secteur non-pétrolier qui a cru de 6,7% en glissement annuel. Les secteurs ayant enregistré la plus forte croissance sont le Commerce (22,5%), l’Information et Communication (5,5%), les Transports (76,8%), l’Électricité (78,1%), l’Agriculture (1,3%) et l’Industrie manufacturière (3,5%), bénéficiant d’un retour à la normal des activités commerciales et du redémmarrage des voyages domestisques et internationaux. Pour rappel, le FMI prévoit une croissance de 2,5% pour 2021.

Le Président Buhari promulgue la loi visant à réguler le secteur pétrolier et gazier.

Le 16 août dernier, le Président Buhari a apposé sa signature sur la Petroleum Industry Bill, la loi visant à réguler le secteur pétrolier et gazier. Cette loi qui avait été validée par le Parlement le 15 juillet est donc entrée en vigueur. Celle-ci prévoit la transformation de la compagnie nationale NNPC en société (NNPC Limited) dans les six mois suivant sa promulagation. La NNPC perd également son rôle de régulateur, transféré à deux nouvelles instances : la « Nigerian Upstream Regulatory Commission » pour l’industrie extrative et la « Nigerian Midstream & Downstream Regulatory Authority », pour les activités en aval. Concernant les modalités de compensation des communautés voisines des zones de production, la nouvelle loi institue la création pour chaque activité, amont comme aval, de fonds fiduciaires gérés directement par les producteurs. Devant être créés dans les 12 mois suivant l’entrée en vigueur de la loi et financés par une ponction de 3% des coûts opérationnels des activités de production (2% pour les industries aval), ils seront affectés à des projets identifiés par les producteurs en lien avec les communautés. Enfin, sur le plan de la fiscalité, la PIB instaure une baisse sensible des redevances, particulièrement favorable aux plus petits producteurs. L’impôt sur les bénéfices est modifié et également sensiblement baissé, d’une fourchette de 50-85% à 30-60%, selon les activités mais favorisant le deep offshore.

Le Covid aurait fait perdre 770 000 emplois dans le secteur du tourisme.

Le World Travel & Tourism Council a rendu un rapport indiquant les pertes liées au Covid-19 pour le secteur du tourisme. D’après le directeur régional Andrew Brown, au Nigéria, ce sont 770 000 emplois qui ont disparu en conséquence de la pandémie. La contribution du secteur au PIB nigérian est ainsi passé de 4,4% en 2019 à 2,8% en 2020. Au-delà de ce seul secteur, la pauvreté au Nigéria aurait bondi en deux ans du fait de la pandémie, 7 millions de personnes supplémentaires vivant désormais avec moins de 1,9 USD par jour. Pour rappel, depuis le début de la pandémie, le Nigéria a enregistré 189 715 cas de Covid-19 ayant entraîné la mort de 2 298 personnes. Une troisième vague touche actuellement le pays qui a recensé 835 nouveaux cas et 10 décès le 26 août. Alors que 4 millions de doses du vaccin Moderna venant des Etats-Unis sont arrivés au Nigéria début août, 2,5 millions de nigérians ont été vaccinés dont 1,4 million présentent le schéma vaccinal complet.

La consommation de données mobiles en hausse de 202% en trois ans.

D’après la Nigerian Communication Commission, l’utilisation des données internet a bondi de 202,08% en trois ans de 68 150 To (téraoctets) en 2018 à 205 880 To en 2020. Cela s’explique notamment par le nombre d’abonnements 4G souscrits : ils étaient 12,7 millions en 2018 puis 21,7 millions en 2020. La pénétration du haut débit est également passée de 31,5 % en 2018 à 45% en 2020. Du côté de la téléphonie traditionnelle, le nombre total d’appels émis a connu une hausse moins importante : de 122 milliards d’appels en 2018 à 151 milliards en 2020. Enfin, du côté des opérateurs, la filiale nigériane du Sud-africain MTN est toujours le premier opérateur du pays et comptait 73,5 millions de souscriptions mobiles en juin dernier. La filiale nigériane d’Airtel retrouve la deuxième position avec 50,6 millions d’abonnés en juin 2021, juste devant Globacom et ses 50,1 millions de souscriptions mobiles. L’opérateur EMTS (connu sous le nom de 9mobile) gagne quelques parts de marché mais demeure loin de ses concurrents avec 12,9 millions de carte SIM actives.

Ghana

Le FMI octroie 1 Md USD dans le cadre de l’allocation générale de droits de tirage spéciaux.

Le Fonds monétaire international a transféré un peu plus d'1 Md USD sur le compte de la Banque du Ghana dans le cadre d'une allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) pour soutenir la reprise économique. Le Ghana avait obtenu en avril 2020 une Facilité de Crédit Rapide (FCR) pour 738 M DTS (environ 1 Md USD), soit 100% de sa quote-part, afin de dégager l’espace budgétaire nécessaire pour répondre à la crise sanitaire et économique engendrée par la pandémie de COVID-19. Le Ghana fait partie des pays d’Afrique sub-saharienne ayant reçu les montants les plus élevés de DTS, avec notamment le Nigéria, l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo.

Le cédi a son plus bas niveau depuis 27 ans.

Dans un contexte de forte demande de devises de la part des importateurs, le cedi ghanéen est à son plus bas niveau depuis au moins 1994, lorsque Bloomberg a commencé à compiler les données, à 1 GHC pour 6,04 USD. La monnaie ghanéenne a chuté de 1,6 % à 6,03 dollars ce mercredi 25 août à Accra. Cela a effacé le gain de 1,4 % enregistré mardi après que la Banque du Ghana a triplé le montant des dollars offerts lors de sa vente aux enchères de taux à terme à 75 millions de dollars, le plus important depuis le début des ventes en 2019. La monnaie du deuxième plus grand producteur de cacao au monde s'est dépréciée chaque mois depuis mai, dans le cadre de la reprise des activités post-pandémie, avec une forte demande de dollars notamment de la part du commerce et du secteur manufacturier. La reprise dynamique de l’activité commerciale incite les entreprises à absorber des dollars pour acheter des biens et se développer, réduisant l’excédent commercial passé de 1,5% à 1,2% du PIB entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2021.