En 2020, la crise liée à la pandémie de Covid-19 a pesé sur les échanges commerciaux entre la France et l’ASEAN[1]. Les échanges ont chuté de 21,3% (contre -16,3% au niveau mondial[2]) à 28 Mds EUR. Nos exportations chutent de 30,1%, à 11,5 Mds EUR, tandis que nos importations baissent de 13,7%, à 16,5 Mds EUR. Notre déficit commercial en ASEAN double sur l’année, s’établissant à 4,9 Mds EUR après 2,5 Md EUR en 2019, soit 6,0% de notre déficit commercial total. Si la France est excédentaire vis-à-vis de Singapour (2ème excédent au niveau mondial en raison principalement du rôle de plateforme de réexportation de la cité-Etat) et de Brunei, elle est déficitaire vis-à-vis des huit autres pays de la région. La décomposition de nos échanges en 2020 confirme la spécialisation de notre commerce dans la région : les exportations sont traditionnellement portées par le secteur aéronautique et spatial – particulièrement affecté l’an dernier par les effets de la pandémie, les produits de luxe[3] et l’agroalimentaire (vins et alcools), ainsi que les produits pharmaceutiques, informatiques et électroniques, tandis que nos importations sont dominées par les produits informatiques et électroniques et l’industrie du textile et de la chaussure. Deux pays se distinguent comme nos principaux partenaires commerciaux dans la région : Singapour, qui compte pour 61% de nos exportations, et le Vietnam, qui représente 32,7% de nos importations.

Nos échanges commerciaux avec l’ASEAN se sont élevés à 27,9 Mds EUR en 2020, un montant en baisse par rapport à 2019 (-21,3%)[4], et qui représente 3,1% de notre commerce mondial. Ce résultat s’explique par la crise liée à la pandémie de Covid-19 qui a paralysé le commerce international et qui a provoqué une chute de nos exportations vers la région (-30,1%), à 11,5 Mds EUR, et dans une moindre mesure de nos importations (-13,7%), à 16,5 Mds EUR. L’ASEAN est ainsi le 6ème client de la France, après l’Union européenne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Chine et la Suisse, ainsi que son 5ème fournisseur, après l’Union européenne, la Chine, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Singapour compte pour 61,0% de nos exportations vers l’ASEAN, en raison de son rôle de plateforme commerciale régionale, alors que le Vietnam représente 32,6% de nos importations depuis la région (cf. Annexes).

I. Chute de 30,1% de nos exportations vers l’ASEAN (11,5 Mds EUR) imputable aux trois-quarts à la contraction des ventes dans le secteur aéronautique

Les exportations françaises vers l’ASEAN, en baisse de 30,1% ont atteint 11,5 Mds EUR sur l’année 2020. Singapour compte pour 61% de nos exportations totales dans la zone, en raison notamment de son rôle de plateforme commerciale pour les réexportations. Ce phénomène persiste en 2020, malgré la baisse des exportations vers la cité-Etat (-18,9%, à 7,0 Mds EUR), qui reste contenue par rapport à la baisse de nos exportations à destination du reste de l’ASEAN sur la même période (-42,5%). Parmi nos autres principaux débouchés dans la région, nos exportations vers le Vietnam (-40,4%, à 965 M EUR), l’Indonésie (-34,6%, à 1,0 Md EUR), la Thaïlande (-34,4%, à 1,1 Md EUR), la Malaisie (-49,2%, à 762 M EUR) et les Philippines (-56,8%, à 496 M EUR) sont toutes en chute libre. Nos ventes vers Brunei (-2,6%, à 8,1 M EUR) et le Laos (-1,0% à 9,6 M EUR) restent stables tandis que celles vers le Cambodge (-43,5% à 114 M EUR) et la Birmanie (-62,2% à 56 M EUR) sont, elles aussi, en forte baisse.

Nos exportations vers l’ASEAN ont été principalement réalisées dans nos secteurs d’exportation traditionnels : le secteur aéronautique et spatial, les produits de luxe (maroquinerie, parfums et cosmétiques) et les boissons, ainsi que par les produits pharmaceutiques, informatiques et électroniques. Le rôle de plateforme commerciale de Singapour pour l’ASEAN est particulièrement visible pour les produits de luxe et les boissons, dont les trois quarts de nos ventes sont à destination de la cité-Etat.

Les ventes aéronautiques et spatiales enregistrent une baisse de -71%, à 1,5 Md EUR, soit une chute de -3,7 Mds EUR par rapport à 2019, qui contribue à 73,6% de la baisse de nos exportations totales vers la zone en 2020 (-5,0 Mds EUR). L’aéronautique continue toutefois de représenter 13,4% de nos exportations totales vers l’ASEAN. Les exportations reculent ainsi vers Singapour, notre plus gros client (−45,2%, à 1,2 Md EUR). Sur le 2ème marché de la France dans la zone depuis 2019, l’Indonésie, les ventes accusent un recul de 75,3% à 194 M EUR. Chez les autres clients de la France dans la région, Malaisie, Vietnam, Thaïlande et Philippines, où les ventes dépassaient 500 M EUR l’an dernier (un peu moins en Thaïlande), les exportations françaises sont inférieures à 100 M EUR cette année et enregistrent un repli allant de 87,2% pour la Malaisie à 96,9% pour le Vietnam. Les exportations vers la Malaisie atteignent 69 M EUR, les Philippines 39 M EUR, la Thaïlande 22 M EUR et le Vietnam 18 M EUR.

Nos ventes de textile/habillement et maroquinerie résistent mieux et baissent de -10,6% à 1,5 Md EUR, et représentent 12,6% de nos exportations totales. Elles sont largement dominées par Singapour (1,3 Md EUR, en baisse de 11,2%), et composées à 83% d’articles de maroquinerie. Restant minoritaires, les exportations vers la Thaïlande (-14,2%, à 79 M EUR) baissent, tandis que les exportations vers le Vietnam (+3,1%, à 39 M EUR) et la Malaisie (+2,7%, à 33 M EUR) augmentent légèrement.

Les exportations de parfums et cosmétiques baissent légèrement, de -5,4% à 1,3 Md EUR, et comptent pour 11,4% de nos exportations totales. Elles sont également fortement dominées par les exportations vers la cité-Etat (1,2 Md EUR, en baisse de -5,1%). Les ventes vers le Vietnam (+24,2%, à 56 M EUR) augmentent, tandis que les ventes sont en baisse vers la Thaïlande (-27,9%, à 27 M EUR) et la Malaisie (-24,0%, à 16 M EUR).

Les exportations de produits pharmaceutiques bénéficient du contexte de la crise sanitaire et augmentent de 7,0% à 1,3 Md EUR. Elles représentent en 2020 11,0% des ventes françaises vers l’ASEAN (contre 7,2% en 2019). Elles progressent vers l’ensemble des pays de la zone à l’exception du Laos et de la Thaïlande et bénéficient en particulier de la croissance de nos ventes vers Singapour (+6,7%, à 543 M EUR), le Vietnam (+10,3%, à 290 M EUR), les Philippines (+12,3%, à 95 M EUR) et la Malaisie (+13,0%, à 86 M EUR).

Les exportations de produits informatiques et électroniques reculent de -11,8% à 1,2 Md EUR, et comptent pour 10,4% de nos exportations totales. Elles sont composées à 62,1% de composants et de cartes électroniques, dans une région très intégrée aux chaînes de valeur de l’électronique. Les exportations vers Singapour, notre plus gros client dans l’ASEAN, reculent de façon modérée (-3,8%, à 839 M EUR), alors que les ventes vers nos autres grands clients dans la région sont généralement plus affectées : -27,9% en Malaisie (124 M EUR), -2,6% en Thaïlande (81 M EUR), -50,2% en Indonésie (50 M EUR), -16,9% aux Philippines (61 M EUR) et -25,3% au Vietnam (40 M EUR).

Les ventes de boissons, composées en majeure partie de boissons alcoolisées, chutent de -30,5%, à 812 M EUR, et représentent 7,0% de nos exportations totales. Les exportations agroalimentaires dans leur ensemble reculent de -23,5%, à 1,4 Md EUR. Singapour absorbe 81,7% des exportations de boissons vers l’ASEAN (664 M EUR, en baisse de 30,5%), mais seulement 55,3% des exportations agroalimentaires dans leur ensemble. Vers les autres pays de la zone, les ventes de boissons connaissent également une contraction marquée : -32,3% en Thaïlande (33 M EUR), -39,6% en Malaisie (40 M EUR) et -22,1% au Vietnam (42 M EUR).

II. Les importations depuis l’ASEAN se contractent plus modérément que les exportations vers la zone : -13,7%, à 16,5 Mds EUR

Les importations françaises depuis l’ASEAN, en baisse de 13,7%, se sont élevées à 16,5 Mds EUR en 2020. Le Vietnam, dont les ventes à la France baissent de 4,7%, à 5,4 Mds EUR, demeure notre principal fournisseur dans la région (32,7% du total) en raison de sa spécialisation dans les téléphones portables et l’électronique, et dans le textile/habillement. Les importations depuis Singapour baissent fortement (-39,0%, à 2,2 Mds EUR), principalement via la baisse des achats des matériels de transport (-75,0%, à 284 M EUR) et pétroliers (-59,1%, à 335 M EUR). Nos achats depuis la Thaïlande (-12,5%, à 2,7 Mds EUR), l’Indonésie (-8,1% à 1,7 Md EUR), le Cambodge (-11,7%, à 946 M EUR), les Philippines (-29,5% à 761 M EUR) et la Malaisie (-0,4% à 2,4 Mds EUR) baissent sensiblement, tandis que les importations depuis la Birmanie (+3,0%, à 414 M EUR) et le Laos (+18,6% à 32 M EUR) progressent légèrement.

Nos importations de textile/habillement et de chaussures baissent légèrement de -3,2%, à 4,6 Mds EUR, et forment 28,2% de nos importations totales. Les importations en provenance de la zone comptent pour près de 11,4% de nos importations mondiales dans ce secteur.

Nos achats de produits informatiques, électroniques et optiques reculent de 13,3%, à 4,3 Mds EUR, et comptent pour 25,9% de nos importations totales vers la région. Les importations en provenance de la zone comptent pour 9,5% de nos importations mondiales. Les importations depuis le Vietnam diminuent (-15,7%, à 1,6 Mds EUR) ainsi que depuis la Thaïlande (-9,3%, à 622 M EUR), Singapour (-1,0%, à 564 M EUR), la Malaisie (-11,2% à 1,1 Md EUR) et les Philippines (-31,4%, à 296 M EUR).

Notre déficit commercial vis-à-vis de l’ASEAN se creuse, à 4,9 Mds EUR (après 2,6 Mds EUR en 2019), soit 6,0% de notre déficit commercial mondial. Il s’agit du 6ème solde négatif consécutif, et le 8ème en 10 ans. Après avoir doublé en 2019 (de -1,3 à -2,6 Mds EUR), le déficit vis-à-vis de la zone dans son ensemble est à nouveau proche de doubler cette année.

L’excédent bilatéral dégagé dans les échanges avec Singapour, le 2ème plus important au niveau mondial derrière le Royaume-Uni, ne suffit pas à compenser notre déficit commercial vis-à-vis de la plupart des autres pays de l’ASEAN. Au sein de la zone, la France enregistre un excédent commercial avec Singapour (+4,9 Mds EUR) et, dans des proportions plus limitées, le Brunei (+7,7 M EUR). Ces résultats ne permettent pas de compenser le déficit vis-à-vis des huit autres pays de la région, en particulier du Vietnam (-4,4 Mds EUR), de la Thaïlande (-1,6 Md EUR), de la Malaisie (-1,6 Md EUR), du Cambodge (-832 M EUR), de l’Indonésie (-705 M EUR) et des Philippines (-265 M EUR). La hausse de la part de la cité-Etat dans nos exportations vers l’ASEAN (de 53% à 61%) reflète une accentuation du rôle de Singapour comme plateforme commerciale, dans le contexte de la crise sanitaire, pour les réexportations vers les autres pays de l’ASEAN, vis-à-vis desquels la France accuse un fort déficit commercial.



[1] Pays membres de l’ASEAN : Singapour, Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines, Vietnam, Birmanie, Laos, Cambodge et Brunei.

[2] Hors matériel militaire.

[3] Textile et maroquinerie, parfums et cosmétiques.

[4] Les chiffres retenus sont ceux des douanes françaises.