BREVES BIMENSUELLES

JAPON COREE

Période du 17 au 30 mai 2021

  drapeau Japon

Sommaire

Japon
  1. Macro-économie et finance
  2. Politiques économiques

Corée
  1. Macro-économie et finance
  2. Entreprises

Japon

1. Macro-économie et finance

PIBLa première estimation de croissance du PIB signale une contraction de l’économie de -1,3% sur le 1er trimestre 2021 (T1), plus importante que celle attendue par les économistes (ex : -1,2% pour Bloomberg). Sous l’effet de l’état d’urgence déclaré le 7 janvier puis prolongé jusqu’en fin mars, la consommation privée a chuté de -1,4% en glissement trimestriel. Le gouvernement a toutefois relevé que la baisse de la consommation n’avait pas été aussi importante que lors du 1er état d’urgence (-8,3% au T2 2020). La baisse des dépenses a aussi bien concerné les services (-2,6%) que les biens semi-durables (-3%) et les biens durables (-3,1%), seule la consommation de biens non-durables étant en hausse (+1,6%). Une partie de cette dynamique s’explique également par la faiblesse des bonus d’hiver versés par les entreprises, en baisse de -8,5% en g.a., qui réduit le revenu disponible des ménages. Confrontées à des perspectives économiques incertaines, les entreprises ont diminué leurs investissements (formation brute de capital fixe à -1%), une tendance à contre-courant de la France (+2,2%) et des Etats-Unis (+1,8%). Si la production industrielle était relativement dynamique au T1 (+4,3% g.m. en janvier, -1,3% en février et +2,2% en mars), une partie de la production est pour l’instant stockée : la variation des stocks privés est ainsi le principal contributeur à la croissance (+0,3 pp). En outre, la consommation publique, qui avait contribué à la croissance en 2020, est en recul (contribution à la croissance de -0,4 pp). Les exportations (+2,3%, + 0,4 pp de contribution à la croissance) marquent un ralentissement par rapport au T4 2020 (+11,7%, +1,8 pt de contribution) mais constituent le 2ème poste le plus dynamique - derrière les importations (+4%) : il en résulte une contribution négative du solde des biens et services à la croissance (-0,2 pp). NIKKEI

2. Politiques économiques

Semi-conducteursLe Japon prévoit d’augmenter ses dépenses publiques pour accélérer la production locale de semi-conducteurs. Dans une première version du plan de croissance (qui doit être finalisé d’ici le mois de juin par l’exécutif), le gouvernement prévoit d’augmenter le fonds actuel de 200 Mds JPY (1,6 Md €) dédié au soutien du secteur des puces électroniques, pour subventionner le développement des technologies de fabrication de ces puces. En effet le Japon reste très bien positionné dans le domaine des équipementiers de micro-électronique (machines et produits chimiques utilisés par les fonderies) et espère attirer les producteurs étrangers (notamment américains) en renforçant la compétitivité de la chaîne d’approvisionnement au Japon. Le gouvernement japonais considère les semi-conducteurs comme un secteur essentiel à l’innovation et à la décarbonation et les catégorisera comme « biens stratégiques » afin de mieux soutenir leur production. Le plan de croissance appelle à fixer un objectif de 40% de part de marché japonaise dans la production mondiale de semi-conducteurs de puissance de nouvelle génération d’ici la fin de la décennie, avec une première phase d’investissement d’ici 2025, et la mise en place d’un plan de localisation de sites de production. En parallèle, le PLD (parti au pouvoir) a lancé un groupe parlementaire pour travailler sur la sécurisation de la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs au Japon. Le groupe aura notamment pour conseillers l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe ainsi que l’actuel Ministre des finances Taro Aso. L’objectif des parlementaires sera de renforcer la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs, en coopération avec les Etats-Unis et d’autres pays partenaires. Les premières recommandations devraient être formulées d’ici l’automne, pour une inscription au budget de l’année fiscale 2022. Nikkei, Nikkei, NHK

Le MAFF fixe des objectifs ambitieux pour sa nouvelle stratégie verte basée sur l’innovation. Le plan du ministère japonais en charge de l’agriculture (MAFF) pour un « Système alimentaire vert » (Midori en japonais) s’appuie avant tout sur l’innovation. Il fixe notamment les objectifs suivants :

  • à horizon 2030 : réduction de moitié du gaspillage alimentaire comparé à l’an 2000 ; augmentation de 30% de productivité du secteur des industries agroalimentaires ; plantation d’ « arbres d’avenir » qui devraient, à terme, représenter 30% de la forêt aux fins d’augmenter la séquestration de carbone ;
  • à horizon 2050 : zéro émission de CO2 dans le secteur agricole ; 25% des surfaces cultivées en agriculture biologique ; réduction de l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques de respectivement -50% et -30%.

Le plan repose sur le déploiement de technologies existantes et/ou innovantes d’ici 2040 : panneaux solaires sur les exploitations agricoles, drones pour l’application précise de pesticides, IA, robotique et tracteurs électriques/ à hydrogène. Est également mise en avant la nécessité de la prise de conscience environnementale des producteurs, des consommateurs et des importateurs mais sans mesure concrète à ce stade. Aucun budget n’est encore annoncé et des précisions doivent être publiées dans le courant de l’année 2021. Le Sommet sur les systèmes alimentaires des Nations Unies de septembre 2021 pourrait donner une tribune au Japon pour présenter ses objectifs. MAFF, MAFF, Japan Agricultural News

Révision partielle du corpus de lois sur la propriété intellectuelle au Japon (Patent Act, Trade mark Act, Design Act, Copyright Act). La crise sanitaire liée à la Covid-19 a relancé la question de la transformation numérique au Japon, mettant en évidence un besoin de renforcer le système d’enregistrement et de défense des droits de propriété intellectuelle. C’est dans ce contexte que l'Office japonais des brevets (JPO) a proposé une série d’améliorations législatives votée à la Chambre des représentants le 14 mai, et promulguée le 21 mai 2021. Ces lois révisées permettront de dématérialiser certaines procédures d’enregistrement des droits de propriété industrielle auprès du JPO et de lutter plus efficacement contre l’arrivée de contrefaçons sur le territoire japonais. Concernant ce dernier point, l’importation de produits contrefaits pour usage personnel au Japon, non sanctionnée par la législation en vigueur, pourra être considérée comme une contrefaçon de marque, ou d’un dessin et modèle, au moment même où le produit contrefaisant entrera sur le territoire japonais. La version révisée du Trade mark Act permettra aux douanes japonaises de saisir les contrefaçons exportées par courrier postal, par une entité commerciale depuis l’étranger, et ce même si la contrefaçon est achetée par un particulier pour un usage personnel. Le texte de loi sera publié prochainement et entrera en vigueur fin 2022. METI, Unifab Japon

G7 environnementLe Japon a annoncé l’augmentation de la part des énergies non fossiles dans son mix électrique d’ici 2030 mais se retrouve isolé au sein des pays du G7 sur la question de l’arrêt des financements de projets charbon en pays tiers. Selon le Nikkei, le  METI souhaite augmenter la part des énergies non fossiles à 60% de son mix électrique en 2030 contre 44% actuellement. En ce sens, la part des énergies renouvelables devrait passer de 19% à 35-39%. Toutefois, la proportion d’énergie nucléaire devrait rester stable, soit aux alentours de 20%. De son côté, l’hydrogène devrait représenter 1% du mix électrique même si le gouvernement souhaite intensifier la production pour atteindre 10% à l’horizon 2050. Le Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie (METI) devrait ainsi publier le projet de révision du Basic Energy Plan durant l’été. Le Japon, qui avait annoncé le mois précédent un rehaussement de son ambition de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de -26% à -46% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2013, reste isolé sur la question du  financement des centrales à charbon en pays tiers. Lors de la réunion des Ministres de l’environnement du G7 du 20 mai, l’ensemble des autres pays se sont mis d’accord pour arrêter de financer ce type de projet en pays tiers dès fin 2021 mais le Japon n’a pas souhaité se prononcer en ce sens. Outre ce sujet controversé, le Ministre de l’environnement Koizumi S. a déclaré que le Japon intensifiait ses efforts pour réaliser les « trois transitions » valorisant la décarbonation, l’économie circulaire et la société décentralisée tout en mentionnant la création de régions modèles neutres en carbone. Par ailleurs, le Ministre a exprimé la volonté du Japon de contribuer au nouveau cadre mondial pour la préservation de la Biodiversité en rappelant son ralliement récent à la Coalition de la Haute Ambition pour la Nature et les Peuples (HAC), initiative lancée par la France et le Costa Rica. MOE, Kyodo News, NIKKEI

Corée

1. Macro-économie et finance

CBDCLa Banque de Corée (BoK) a dévoilé son calendrier pour l’expérimentation de sa monnaie numérique de banque centrale (CBDC) et vient de lancer un appel d’offre pour sélectionner l’entreprise privée qui sera son partenaire. En mars 2021, la BoK avait déjà publié un rapport traitant des questions légales et technologiques induites par l’émission de ce nouveau type de monnaie centrale. L’entreprise privée, qui sera chargée de gérer l’espace virtuel servant de cadre à l’expérimentation, devrait être sélectionnée en juillet pour un lancement prévu en août. Plusieurs grandes entreprises coréennes du numérique, notamment Naver, Kakao et LG CNS ont manifesté leur intention de candidater à cette expérimentation dont le budget a été fixé par la BoK à 3,7 M €. La CBDC, destinée au grand public (retail), sera émise par la banque centrale et distribuée par les institutions financières aux utilisateurs finaux. Une première phase de l’expérimentation se déroulera jusqu’en décembre et se concentrera sur les mécanismes basiques tels que l’émission de la monnaie numérique, sa distribution aux utilisateurs sur des portefeuilles virtuels gérés par les institutions financières, son usage pour des achats et enfin son rachat par la banque centrale. Une seconde étape qui s’achèvera en juin 2022, sera dédiée à l’étude de fonctionnalités supplémentaires telles que la possibilité d’effectuer des paiements hors-ligne, l’existence de contrats intelligents et les paiements internationaux. Dans le même temps, une attention accrue sera portée aux problématiques de protection des données personnelles ainsi qu’aux mécanismes de lutte contre le blanchiment d’argent (AML). Korea IT Times, Ledger insights, Joong Ang Daily

CroissanceFace à une situation économique meilleure qu’attendue lors du premier trimestre, la Banque de Corée (BoK) a revu à la hausse son estimation de croissance pour 2021, la passant de 3 à 4%. De meilleures prévisions d’exportations (9,0 %, soit +1,9 point par rapport aux prévisions de février) et d’investissements, particulièrement dans les achats d’équipements industriels (7,5 % soit + 2,2 points) expliquent la majeure partie de cette révision. Selon les estimations de la BoK, la consommation privée devrait progresser de 2,5 % en 2021 (+ 0,5 point). En 2022, la croissance pourrait atteindre 3,0 % (+0,5 point). L’amélioration de la situation économique et les bonnes perspectives de la Corée pour le reste de l’année sont aussi perceptibles par le consommateur coréen : en mai, l’indice de confiance des consommateurs coréens a enregistré une hausse de 3 points pour atteindre 105,2 points (une valeur supérieure à 100 indique que le nombre d’opinions optimistes dépasse celui des pessimistes), son plus haut niveau depuis 2018. Parmi les composantes de cet indice, la perception des ménages de la situation économique du pays (+ 6 points) et celle de l’état du marché du travail (+ 6 points) contribuent le plus à sa hausse. Pulse News, BoK, Joong Ang Daily

2. Entreprises

Corée_USA l’occasion de la visite du Président Moon Jae-In aux Etats-Unis du 19 au 23 mai, plusieurs grandes entreprises coréennes ont dévoilé des projets d’investissements massifs dans le pays, représentant plus de 30 Mds EUR. Cette visite a permis de mettre en lumière la forte progression des investissements coréens aux Etats-Unis dans les domaines stratégiques que sont les semi-conducteurs, les batteries et véhicules électriques, en réponse, entre autres, à la nouvelle stratégie de relocalisation industrielle du Président américain. Annoncé depuis plusieurs semaines par la presse, Samsung Electronics a confirmé lors de cette visite son projet d’investissement de 15 Mds EUR pour la construction sur le territoire américain d’une nouvelle fonderie pour la production de semi-conducteurs, qui pourrait ouvrir en 2024, très probablement à Austin au Texas. Le groupe automobile Hyundai Motors Group (Hyundai et Kia) s’est engagé à investir 6,1 Mds EUR d’ici 2025 dans la transformation de ses centres de production existants pour pouvoir y assembler des véhicules électriques. LG Energy Solutions (filiale de LG Chem) prévoit de consacrer plus de 8 Mds EUR d’ici 2025 à l’augmentation de ses capacités de production de batteries pour véhicules électriques, comprenant la construction de deux nouvelles usines dans l’Ohio et le Tennessee. SK Innovation, concurrent principal de LG Chem -dont le litige pour appropriation frauduleuse de secret de fabrication a définitivement été réglé-, a annoncé la création de BlueOvalSK, une coentreprise avec le constructeur automobile américain Ford pour la production de batteries électriques avec un investissement de 4,5 Mds EUR. Ce projet s’ajoute à celui déjà en cours de construction d’une usine en Géorgie pour un montant total d’investissement de 2,1 Mds EUR, que le Président Moon a visité avant de retourner en Corée. Enfin, SK Hynix a annoncé l’ouverture d’un centre de recherche sur l’IA et les semi-conducteurs mémoires (NAND) dans la Silicon Valley pour un investissement total d’1 Md USD (800 M EUR). Joong Ang Daily, Hankyoreh, Yonhap

 

 

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