Entretien avec M. Louis Toulorge, Chef du Service économique de Bakou
Entretien avec M. Louis Toulorge, Chef du Service économique de Bakou
Quel est le rôle du SE de Bakou (et sa particularité au sein du SER d’Ankara ?)
Le Service économique de Bakou remplit trois grandes missions. La première est d’assurer, en lien avec le SER d’Ankara, une veille de la situation économique et financière de ses deux pays de compétence : l’Azerbaïdjan et le Turkménistan. Ce travail d’analyse macro-économique est essentiel pour évaluer le risque-pays et appréhender les déterminants de la croissance, qui conditionnent en grande partie nos relations économiques bilatérales. Sa seconde mission est d’effectuer un suivi des secteurs stratégiques des économies azérie et turkmène et d’identifier les projets sur lesquels l’offre française est susceptible de se positionner pour remporter des marchés. Dans ce cadre, le SE entretient des rapports constants avec les autorités et les entreprises locales, les banques et les institutions qui financent les projets et bien évidemment les entreprises françaises. Enfin, la troisième grande mission du SE est d’appuyer et d’accompagner les sociétés françaises dans la réalisation de leurs projets, qu’il s’agisse de leurs opérations commerciales, de leurs partenariats industriels ou de leurs opérations d’investissement.
Le SE de Bakou est rattaché à la circonscription du SER d’Ankara ; sa particularité est d’être compétent sur deux pays proches mais appartenant à des espaces géographiques très différents, le Caucase et l’Asie centrale
Quel est le rôle du chef du SE de Bakou ?
Le rôle du chef du SE est tout d’abord de conduire les activités de son service dans les trois missions mentionnées ci-dessus. Pour ce faire, il s’appuie sur une équipe de taille réduite, mais polyvalente et chevronnée, et également en tant que de besoin sur deux conseillers spécialisés (agriculture et énergie/infrastructures) basés au SER d’Ankara. Il remplit également une fonction de conseiller économique des ambassadeurs à Bakou et à Achgabat pour tous les sujets relevant de son domaine de compétence et contribue ainsi à la mise en œuvre de la diplomatie économique. Enfin, il remplit une mission d’animation de la communauté française des affaires en Azerbaïdjan et au Turkménistan, en coordination avec les chambres de commerce et d’industrie locales, les Conseillers du commerce extérieur de la France et les représentants des sociétés tricolores. Cette triple casquette fait toute la spécificité du métier de conseiller économique au sein du réseau international de la DG Trésor.
Quels sont les projets en cours pour le SE? Quels sont les dossiers particulièrement suivis à la fois en Azerbaïdjan et au Turkménistan, en matière économique et financière ?
Les projets en cours du SE sont étroitement liés à l’actualité et à la structure des économies de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan. Ils portent d’abord sur l’analyse de l’impact de la crise sanitaire dans les deux pays, ainsi que des répercussions de la crise énergétique liée aux bas cours des hydrocarbures, particulièrement pénalisants dans la mesure où 90% des exportations de ces deux pays sont constituées de pétrole et de gaz. Un autre axe important est le suivi de la stratégie des deux pays en matière de développement des infrastructures, notamment dans la perspective d’améliorer leur connectivité avec leurs principaux partenaires et marchés internationaux. A titre d’exemple, dans ce domaine, le SE accompagne des sociétés françaises spécialisées dans les matériels de transport et les services d’ingénierie et travaille étroitement avec l’Agence française de développement. Un autre projet actuel du SE est l’analyse des enjeux liés à la diversification des économies des deux pays, que la crise énergétique rend plus nécessaire que jamais. Dans le secteur de l’agriculture par exemple, où l’Azerbaïdjan et le Turkménistan présentent des avantages comparatifs et qui bénéficie de mesures de soutien de l’Etat, il existe un potentiel de marché considérable pour l’offre française. Le SE est donc très mobilisé pour identifier ces opportunités et en informer nos entreprises.
Comment décrire les relations économiques entre la France et l’Azerbaïdjan et le Turkménistan ?
Aujourd’hui, nos relations économiques avec l’Azerbaïdjan et le Turkménistan reposent essentiellement sur de grands contrats dans les secteurs de l’énergie, de la construction, des matériels de transports (aéronautique, ferroviaire, transports urbains), et des services urbains (eau, déchets). Dans ces domaines, les partenariats de long-terme que les entreprises françaises ont noué avec leurs partenaires locaux ont contribué au dynamisme des exportations françaises: en 2019, nos exportations vers l’Azerbaïdjan ont atteint 143 M€ (+26% par rapport à 2018) et vers le Turkménistan, 103 M€ (+25%). A l’avenir, il existe un potentiel pour approfondir ces coopérations réussies et en développer de nouvelles dans les secteurs d’excellence français (énergies renouvelables, agriculture, tourisme) et pour lesquels les autorités des deux pays nourrissent de grandes ambitions.