Edito

Début mai, au moment où cette lettre est préparée, le Covid-19 a frappé l’Afrique comme les autres continents, mais la pandémie s’est propagée moins vite et – pour autant qu’on puisse se fier aux statistiques – elle fait moins de victimes. Il faut préparer le pire, néanmoins, c’est la raison d’être des plans qui ont été mis en place dans tous les pays de la région. Les bailleurs se sont mobilisés, et la France également, en déclinant dans les différents pays l’initiative de l’AFD, « Covid-19 Santé en commun ». Rien n’empêchera, au fil des semaines, d’adapter la riposte en fonction des besoins – ou tout au moins ça devra être un point d’attention collectif, pour assurer que les financements vont bien là où ils sont le plus utile. Mais s’il reste encore un peu d’espoir sur le terrain sanitaire, difficile d’en dire autant sur le terrain économique : la baisse des prix du pétrole et des matières premières, la baisse des exportations vers les partenaires commerciaux des pays d’Afrique centrale et plus largement l’impact de la contraction de l’économie mondiale vont tirer les chiffres de croissance et les recettes budgétaires vers le bas. Pour l’essentiel, les pays de la sous-région ont décidé que les mesures de confinement généralisées auraient été trop douloureuses pour les populations – et à l’évidence, il y a d’autres causes de décès que le Covid-19. Cette réserve dans l’action publique a probablement été bien venue – elle aura limité l’impact sur le secteur informel qui aurait été difficile – impossible ? – à compenser. Mais la croissance sera, selon les dernières estimations du FMI, 4 ou 5 points en dessous des prévisions initiales pour 2020, c’est-à-dire que la richesse par habitant va baisser probablement du même montant, et les populations les plus vulnérables pourraient être les plus affectées. Une seconde vague de plans de soutiens – à l’économie, cette fois – est en préparation. En quelques semaines, le FMI a mis en place des facilités d’urgence pour un montant significatif – environ 900 M USD. Le Club de Paris – dans une discussion où la France a pris une part très active – et le G20, ont annoncé un moratoire sur la dette qui concerne presque tous les pays d’Afrique centrale, Gabon et Guinée équatoriale exceptés en raison du niveau plus élevé de leur PIB/habitant. Les autres bailleurs vont également contribuer. C’était la première urgence : assurer que les conditions soient réunies pour préserver la stabilité macroéconomique de la sous-région. D’autres questions suivront pour assurer que les efforts engagés par les gouvernements, appuyés par les bailleurs, contribuent effectivement à la reprise de l’activité du secteur privé.

 

Sommaire

REGION

  • État des lieux de l’épidémie en Afrique centrale
  • Deux mois après l’arrivée du Covid-19 en Afrique centrale, l’impact macroéconomique de la crise sanitaire est déjà perceptible
  • Restructuration de la dette extérieure : quel impact en Afrique centrale ?

CAMEROUN

  • L’économie camerounaise sous pression malgré sa plus faible dépendance au pétrole

CENTRAFRIQUE

  • Le FMI apporte un soutien important pour limiter l’impact économique de la propagation du Covid-19

CONGO

  • Sans avancée sur la restructuration de sa dette vis-à-vis des traders, le Congo peine à mobiliser des fonds auprès des bailleurs

GABON

  • Le Gabon dévoile les premières mesures de soutien économique face à la crise sanitaire

GUINEE EQUATORIALE

  • Le Covid-19 agit comme un catalyseur des faiblesses et des difficultés économiques

RDC

  • Le FMI accorde un nouveau prêt d’urgence

TCHAD

  • La crise pétrolière met à mal la capacité de réponse de l’État face à la crise sanitaire

FOCUS STATISTIQUE

  • Principaux indicateurs macroéconomiques – Données 2019 (prévisions 2020)