Le Conseil d'administration du FMI a approuvé le 20 décembre 2019 l'octroi d'un programme de soutien au bénéfice de l'Éthiopie d'un montant de 2,9 Mds USD sur trois ans (2019 – 2022).

I. L’Éthiopie sollicite le soutien du FMI pour rééquilibrer ses fondamentaux

Alors même que l’Éthiopie a connu les taux de croissance parmi les plus élevés d’Afrique subsaharienne ces 10 dernières années, le pays fait face aujourd’hui à des difficultés économiques structurelles caractérisées par :

  1. la faiblesse des finances publiques ;
  2. une pénurie de devises ;
  3. une forte inflation ;
  4. la faible soutenabilité de la dette extérieure ;
  5. un faible accès aux financements du secteur privé.

Le gouvernement s’est ainsi doté en septembre 2019 d’une nouvelle stratégie intitulée Homegrown Economic Reforms, visant à corriger ces déséquilibres par le biais de réformes macroéconomiques, de l’amélioration du climat des affaires et du développement de nouveaux secteurs sources de devises et de croissance. Le programme FMI de 2,9 Mds USD (soit un accès à 700 % de la quote-part) se donne ainsi pour objectif de soutenir ces réformes gouvernementales dont le besoin de financement est estimé à 8,4 Mds USD sur trois ans. Les financements complémentaires devraient être apportés, d’après les autorités locales, à part égales par les recettes de privatisation (Ethio Telecom, sucreries, …) et les bailleurs multi/bilatéraux.

Concernant le financement du programme, le conseil d’administration du Fonds a autorisé un accès normal aux ressources générales (300 %) combiné à un accès exceptionnel de 400 % au titre du Fonds fiduciaire pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance – PRGT – contre 300 % de la quote-part en accès normal.

II. Le rééchelonnement de la dette et la réforme du régime de change : deux priorités absolues

Depuis fin 2017, l’Éthiopie présente un risque de surendettement élevé d’après la classification de la Banque mondiale en raison de la hausse rapide de sa dette publique, à la fois totale et externe (respectivement passées de 32,8 % en 2010/11 à 56,8 % en 2018/19 et de 17,9 % à 28,2 %).

L’objectif affiché du programme FMI est de ramener l’Éthiopie en risque « modéré » de surendettement au cours des trois prochaines années. Pour cela, les autorités ont dû obtenir l’engagement de certains bailleurs bilatéraux de différer des remboursements de la dette de l’Éthiopie après la fin du programme (dette totale contractée de 1,65 Md USD). De la même manière, le gouvernement éthiopien devra négocier avant la 1ère revue du programme le rééchelonnement d’une dette contractée auprès d’un autre bailleur bilatéral (pour 400 M USD).

D’autre part, le Fonds entend faire augmenter le ratio dette publique externe/exportations, mais aussi revenir sur l’une des principales causes de la pénurie de devises qui frappe le pays, en amenant les autorités locales à réformer le régime de change alors que les Services estiment le birr surévalué de 25 % en termes réels (comparé à 12-18 % il y a un an).

 III.Critères de performance quantitatifs, objectifs indicatifs et critères structurels

Les Services du Fonds évalueront l’atteinte d’objectifs préalablement définis au cours des 6 revues semestrielles du programme.

Les décaissements du programme sont conditionnés par l’atteinte de cinq critères de performance quantitatifs portant sur :

  1. le solde primaire net des administrations publiques (plafond, dons inclus) ;
  2. les réserves nettes de la Banque centrale (plancher) ;
  3. les nouvelles émissions monétaires (plafond) ;
  4. les nouvelles dettes extérieures contractées à des taux non-concessionnels ou les nouvelles garanties publiques qui leur sont adossées (plafond) ;
  5. l’accumulation d’arriérés de paiements externes par le gouvernement et la Banque centrale (plafond).

Les 6 revues du programme auront pour objectif d’évaluer l’atteinte de ces critères – dans le cas contraire, les autorités éthiopiennes devront solliciter des dérogations auprès du conseil d’administration du Fonds afin de déclencher les décaissements.

Le programme définit également cinq objectifs indicatifs qui ne nécessitent pas de dérogation s’ils ne sont pas atteints:

  1. les créances des banques commerciales auprès des entreprises publiques (plafond),
  2. les recettes fiscales collectées (plancher),
  3. créances nettes de la NBE vis-à-vis du gouvernement (plafond),
  4. les nouvelles dettes extérieures contractées à des taux concessionnels ou les nouvelles garanties publiques qui leur sont adossées (plafond),
  5. transferts dans le cadre du programme de filets sociaux (plancher).

Enfin, le programme met en place sept critères structurels qui ne conditionnent pas les décaissements et qui portent sur des réformes à mener d’ici juin 2020 : viabilité du financement des entreprises publiques ; mobilisation des recettes fiscales ; libéralisation du marché des changes ; durcissement de la politique monétaire.

 

Vous trouverez le rapport du FMI relatif aux consultations 2019 de l'Article IV en cliquant ici.

 

ANNEXES

Calendrier de décaissements prévus

Critères de performance quantitatifs

Objectifs indicatifs

Critères structurels

Besoins de financements bruts