Vous trouverez ci-dessous le point sur la situation économique irlandaise du mois de janvier 2020.

Eire Eco

Macroéconomie

Croissance trimestrielle du PIB – Au troisième trimestre 2019, la croissance du PIB s’est établie à +1,7 % en glissement trimestriel (g.t) corrigé des variations saisonnières (csv) après -0,1 % (révisé à la baisse de 0,8 point) au deuxième trimestre 2019, principalement grâce à la consommation des ménages (+0,9 %) et la consommation des administrations publiques (+1,2 %). L’investissement (FBCF) a diminué de -55,3 % en raison d’un retour à  la normale des agrégats après l’importation massive de brevets de propriété intellectuelle au deuxième trimestre 2019. Ces mouvements diminuant les importations dans les mêmes proportions, l’impact sur le PIB est neutre. La demande totale domestique modifiée (demande totale corrigée des investissements en brevets de propriété intellectuelle et du leasing aéronautique) affiche une croissance de +3,6 % au troisième trimestre 2019. La croissance du secteur de l’industrie s’établit à +1,1% csv et celle du secteur de la construction à +1,3% csv. En revanche, les secteurs de l’agriculture et de l’hôtellerie/restauration enregistrent respectivement une contraction de leurs activités de -3,2% et -1,0%. L’acquis de croissance pour 2019 s’établit à +5,6% à l’issue du troisième trimestre 2019.

PIB

Activité économique – L’activité dans le secteur manufacturier irlandais continue de se contracter en décembre 2019. L’indice PMI manufacturier irlandais s’établit à 49,5 en décembre 2019, enregistrant une baisse de 0,2 point en comparaison au chiffre du mois précédent (49,7) et signalant pour la sixième fois en sept mois une contraction du secteur manufacturier irlandais. Le PMI irlandais demeure supérieur au PMI manufacturier de la zone euro dont le score s’établit à 46,3 pour le mois de décembre 2019 ainsi qu’à celui du Royaume-Uni (47,5).

Selon les entreprises sondées, la faiblesse de la demande extérieure, en particulier au Royaume-Uni (Brexit), demeure, tout comme au mois de novembre, la raison principale du repli modéré du secteur observé au mois de décembre. L’indicateur des nouvelles commandes a enregistré quant à lui une baisse négligeable. En parallèle, la confiance des entreprises du secteur manufacturier continue de s’améliorer et a atteint son niveau le plus élevé depuis juin 2019, en raison notamment de la réduction de l’incertitude liée au Brexit et d’un rétablissement attendu de la demande aux Etats-Unis et en Europe.

Le PMI des services enregistre une nouvelle hausse substantielle au mois de décembre 2019 et s’établit à 55,9, soit 2,2 points de plus que le mois précédent (53,7 en novembre). Les entreprises sondées ont notamment rapporté une augmentation des commandes sur le marché  national ainsi qu’à l’exportation. La confiance des entreprises du secteur des services quant au développement de leur activité sur les douze prochains mois a atteint son niveau le plus élevé sur les derniers dix-sept mois, en raison là aussi de la diminution de l’incertitude liée au Brexit. Néanmoins, l’indice PMI des services pour 2019 (54,8) reste le plus faible observé depuis 2012 (52,3).

 PMI

Chômage – Le taux de chômage se maintient sous la barre des 5% en Irlande. Le taux de chômage s’établit ainsi à 4,8 % corrigé des variations saisonnières (cvs) au mois de décembre 2019 (contre 4,8 % en novembre 2019). Le nombre de chômeurs (cvs) s’établissait à 119 000 en décembre 2019, soit 1 100 de plus qu’en novembre 2019 et 12 900 de moins qu’en décembre 2018. Le taux de chômage des jeunes s’établit à 12,6 % en décembre 2019, contre 12,5 % en novembre 2019.

En parallèle, le nombre de personnes enregistrées auprès du Live Register (homologue irlandais de Pôle Emploi) a atteint son plus faible niveau depuis janvier 2008 en décembre 2019, s’établissant à 185 300 soit 1 100 de moins que le mois précédent et 263 600 de moins qu’au pic atteint en août 2011. L’économie irlandaise est actuellement considérée comme étant au plein emploi.

Chômage

Immobilier – Selon les variations exprimées en glissement mensuel, la croissance des prix de l’immobilier à l’échelle nationale a sensiblement diminué au mois d’octobre 2019. A Dublin, les prix de l’immobilier à l’achat se stabilisent (+0,0 % g.m) au mois d’octobre 2019, après être repartis à la hausse entre avril et août 2019. Hors Dublin, les prix de l’immobilier continuent d’augmenter (+ 0,1 %), contre + 0,1 % le mois précédent.

Immob 1

Le second graphique présente les variations en glissement annuel des prix immobiliers. La croissance des prix de l’immobilier continue de nettement ralentir sur l’ensemble du territoire hors Dublin alors que les prix de l’immobilier diminuent à Dublin pour le troisième mois consécutif. La variation des prix de l’immobilier à Dublin s’établit à -1,5 % en octobre 2019 contre -1,2 % en septembre 2019 et -0,4 % en août 2019 (g.a.). En parallèle, la croissance des prix de l’immobilier hors Dublin s’établit à +3,3 % en octobre 2019 contre +3,4 % le mois précédent (g.a.).

Immob 2

Selon les dernières estimations publiées par la banque irlandaise Allied Irish Banks (AIB), le nombre de nouveaux logements construits en 2019 pourraient atteindre 21 500, en progression depuis 2018 (17 995 logements construits) mais toujours bien en dessous de la demande estimée par la Banque Centrale d’Irlande (34 000 nouveaux logements nécessaires par an).

Emploi et multinationales – Les derniers chiffres publiés par l’Industrial Development Authority (IDA, organisme gouvernemental accompagnant les entreprises étrangères dans leur installation en Irlande) ont montré une forte croissance de l’emploi en 2019 au sein des entreprises multinationales (FMN) implantées en Irlande. L’emploi total au sein des FMN a augmenté de +6 % (en glissement annuel) et plus spécifiquement de +7 % dans le secteur pharmaceutique, +6 % dans le secteur financier, +9 % pour le secteur des services internationaux et + 7 % concernant le secteur des innovations et technologies médicales. En outre, l’IDA a laissé entendre qu’une nouvelle vague d’investissements directs à l’étranger (IDE) serait attendue au premier semestre 2020, soutenant ainsi la croissance de l’économie irlandaise pour l’année 2020. A ce titre, les analystes de Davy Research ont réévalué leur prévision de croissance pour 2020, passant de +4,1 % à +5,5 %, jugeant les estimations du gouvernement « conservatrices » (le ministère des Finances irlandais estime à +3,9 % la croissance de l’Irlande pour l’année 2020, voir § Budget 2020 ci-dessous).

Confiance des consommateurs La confiance des consommateurs irlandais (indice créé et mis à jour par la banque KBC et le think-tank irlandais ESRI) enregistre une nouvelle forte hausse après celle déjà observée en novembre 2019. L’indice s’établit à 81,4 en novembre contre 77,1 le mois précédent, soit une augmentation de 4,3 points. Ce chiffre reste néanmoins inférieur au niveau de l’indice au mois de novembre 2018, qui s’établissait alors à 96,5. Le saut de l’indice sur les deux derniers mois est le plus élevé observé depuis janvier 2015 et reflète principalement la réduction à court-terme des risques liés à une sortie brutale du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Le rapport reste prudent quant à souligner un réel retour de l’optimisme chez les consommateurs irlandais.

 Conso

 

Finances publiques

Exchequer – Les recettes totales à la fin de l’année 2019 (59,3Mds€) ont été estimées à environ +2,4 % au-dessus du montant cible principalement en raison de l’impôt sur les sociétés (+1 408 M€) et l’impôt sur les gains en capital (+75 M€). Elles sont supérieures de +6,8 % (glissement annuel) à celles de 2018, principalement du fait des droits d’accise (+9,6 %), de l’impôt sur les gains en capital (+8,2 %), de l’impôt sur le revenu (+8 %) et de la TVA (+6,2 %).

Les recettes totales cumulées de l’impôt sur les sociétés (IS) ont dépassé le montant exceptionnel de 10 Mds€ en 2019, s’établissant à 10,8 Mds€, soit une augmentation de +4,8 % en glissement annuel. Les recettes générées par l’IS au mois de décembre se sont parfaitement alignés au montant cible mensuel (non cumulé). Enfin, les recettes totales cumulées sont supérieures de +14,9 % aux prévisions du gouvernement, qui estimaient les recettes cumulées pour l’année 2019 à 9,5 Mds€.

Après deux années consécutives de recettes de l’IS hors-normes, le ministre des finances, Pascal Donohoe, a rappelé la nécessité et l’engagement du gouvernement à ne pas dépendre de ces recettes pour financer des dépenses de fonctionnement, notamment via la mise en œuvre d’excédents budgétaires. Les recettes fiscales ayant affiché un montant record en 2019, le gouvernement actuel devrait être en mesure de présenter un excédent budgétaire d’environ +0,4 % du PIB en 2019 (+1,5Mds€), soit une révision à la hausse de 0,2 point de pourcentage. L’objectif du ministre des finances est d’afficher un excédent budgétaire de +1% du PIB à l’horizon 2022.

Les dépenses totales du gouvernement central pour 2019 ont dépassé les plafonds inscrits dans le Budget 2019, principalement en raison à nouveau des dépenses de santé (+334M€, contre +650M€ en 2018). Les dépenses courantes se sont établies à 62,9Mds€ durant l’année 2019, soit +0,8 % en dessus des limites budgétaires et en augmentation de +4,9 % (glissement annuel). Les dépenses d’investissement se sont élevées à 7,4 Md€, soit +22,5 % en glissement annuel.

Budget 2020 – Le ministre des finances, Pascal Donohoe, a publié le 9 janvier 2020 la mise à jour des estimations des indicateurs macroéconomiques et budgétaires inscrits dans le projet de budget 2020. Se fondant maintenant sur l’hypothèse d’une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l’Union Européenne, le ministère des finances irlandais prévoit une croissance de +6,3% en 2019 (+5,5 % précédemment) et une croissance de +3,9 % en 2020 (+0,7 % dans le cas d’un Brexit désordonné et +3,1 % dans le cas d’un Brexit ordonné précédemment). Le gouvernement anticipe la matérialisation d’un excédent budgétaire de +0,7 % du PIB pour 2020. Enfin, le ministère des finances estime à -500M€ la perte annuelle incrémentale qu’observeront les recettes de l’IS à partir de 2022, après la mise en place des réformes dans le cadre du projet BEPS (Base Erosion and Profit Shifting) à l’OCDE.

Emissions souveraines – L’Etat irlandais a d’ores et déjà levé 40% de sa cible minimale en matière de financement grâce à la vente d’obligations souveraines de long-terme (4Mds€), le mercredi 8 janvier 2020. La NTMA, National Treasury Management Agency – homologue irlandais de l’Agence France Trésor, prévoit en effet de lever entre 10Mds et 14Mds€ via l’émission d’obligations souveraines en 2020, principalement avec pour objectif de financer les services de la dette (10,6Mds€ d’obligations souveraines arriveront à maturité en avril 2020). En 2019, la NTMA a levé 15,4Mds€ (alors que les prévisions de l’organisme envisageaient de lever entre 14Mds€ et 18Mds€).

 

Secteur bancaire

Marché hypothécaire – Selon les données publiées par la fédération irlandaise des banques et des paiements (Banking & Payments Federation Ireland, BPFI), le montant total des prêts hypothécaires accordés est en augmentation de +7,2 % en novembre 2019 (en glissement annuel). L’encours total des prêts hypothécaires accordés en novembre 2019 s’établit à 960 M€, dont 493 M€ pour des primo-accédant. L’encours total des prêts accordés aux primo-accédant en novembre 2019 est en augmentation de +12,6 % (glissement annuel).

Taux d’emprunt pour les prêts hypothécaires – Selon les dernières données publiées par la Banque Centrale d’Irlande (CBI), le taux d’emprunt moyen pondéré pour les prêts hypothécaires accordés au mois de novembre 2019 s’établissait à 2,9%, soit en baisse de 11 points de base depuis le début de l’année 2019 (3,01%). Malgré cette diminution notable, le taux d’emprunt pour les prêts hypothécaires en Irlande se maintient bien au-dessus de la moyenne au sein de la zone euro (1,37%).

 

Brexit

Préparation des PME – Selon le dernier rapport publié par la fédération irlandaise des banques et des paiements (Banking & Payments Federation Ireland, BPFI), jusqu’à 85% des PME irlandaises pourraient être négativement affectées par une sortie désordonnée du Royaume-Uni de l’Union Européenne (contre 72% dans le cas d’une sortie ordonnée). A l’approche du 31 janvier, le groupe a publié une feuille de route (Brexit finance checklist) afin d’aider les PME à se préparer à l’impact du Brexit sur la gestion de leur budget et de leurs financements. Selon un récent sondage du ministère des entreprises et de l’innovation (DBEI) irlandais, 49% des PME se considèrent vulnérables aux changements en matière de douanes mais seulement 10% ont entamé les démarches nécessaires afin de se protéger contre la sortie du Royaume-Uni. En matière de liquidité et de taux de change, 26% des entreprises sondées s’estiment vulnérables mais seulement 4% ont là aussi entamé des démarches.

Préparation des autorités – Le Revenue Commissioners (autorité fiscale irlandaise) a augmenté de 586 postes en 2019 les emplois liés au Brexit au sein de sa structure. Niall Cody, son président, a signalé que plus de 103 000 entreprises irlandaises avaient été contacté par écrit, s’ajoutant aux 29 000 entreprises contactées par téléphone, dans le cadre des préparations au Brexit. Ainsi, 24 100 entreprises irlandaises supplémentaires ont entamé les démarches afin d’obtenir un numéro de douanes unique EORI (d’enregistrement et d’identification des opérateurs économiques), nécessaire à la continuité de leurs échanges commerciaux avec le Royaume-Uni.

 

LE CHIFFRE DU MOIS

16,5

Il s’agit de la part d’entreprises considérées comme ayant une forte croissance (plus de 10%) en pourcentage du nombre total d’entreprises d’au moins 10 employés en 2017. Selon les dernières données publiées par l’institut européen de la statistique (Eurostat), l’Irlande affiche la part la plus élevée des entreprises à forte croissance au sein de l’Union Européenne (UE). Elle est suivie par l’Espagne (15,02%) et le Portugal (14,15), alors que la moyenne au sein de l’UE s’établit à 11,3%. Les pays membres de l’UE dont la part des entreprises à forte croissance est la plus faible sont la Grèce (6,7%), la Roumanie (2,85%) et Chypre (2,67%). Enfin, le pourcentage des entreprises à forte croissance en France s’établit à 10,66%.

Chiffre

 

 

Evolution des indicateurs macroéconomiques

Tableau mensuel

Mensuel

 

Tableau annuel

Annuel