La spécialisation sectorielle française s’est déformée entre 2006 et 2016 : elle se concentre dans les industries de haute technologie ainsi que dans les services à haute valeur ajoutée ; elle recule dans le reste de l’industrie de moyenne technologie. L’évolution de la spécialisation productive en France traduit principalement la concentration des avantages comparatifs dans des activités porteuses comme l'aéronautique, le tourisme ou encore les services aux entreprises.

La spécialisation sectorielle de l'économie française s'est déformée entre 2006 et 2016. Les secteurs à haute valeur ajoutée se sont développés, dans l'industrie (aéronautique, pharmacie, chimie) comme dans les services (R&D, finance, information/communication, services aux entreprises). À l'inverse, l'industrie de moyenne technologie s'est contractée, à commencer par l'automobile, les produits électriques et les machines et équipements. Cependant, dans de nombreux cas dont l'automobile, ces évolutions sont associées à une forte progression du chiffre d'affaires des filiales implantées à l'étranger dans le chiffre d'affaire global.

En économie fermée, la spécialisation productive change avec les préférences et les gains de productivité qui peuvent différer entre secteurs. En économie ouverte s'ajoutent les facteurs extérieurs : compétitivité globale de l'économie, avantages comparatifs sectoriels, et choix d'internationalisation des firmes. En France, l'évolution du secteur exposé s'explique surtout par les facteurs extérieurs.

Sur les dix dernières années, la recomposition du secteur exposé français traduit principalement la concentration des avantages comparatifs dans un petit nombre d'activités porteuses (aéronautique, tourisme, services aux entreprises) tandis que d'anciens points forts déclinent (automobile, agroalimentaire).

Les mutations sectorielles ont des conséquences économiques, sociales et territoriales. Une spécialisation vers les métiers à forte valeur ajoutée soutient la croissance ; le développement des services à la personne satisfait une demande croissante. Cependant ce double mouvement accentue les inégalités via la polarisation du marché du travail.

Par ailleurs, l'industrie reste l'un des principaux moteurs de la productivité et sa contraction peut freiner la croissance potentielle. L'industrie est aussi répartie de façon plus uniforme sur le territoire et moins concentrée dans les grandes métropoles. Enfin certains secteurs industriels contribuent à la souveraineté technologique.

Au-delà des politiques horizontales indispensables (investir dans une recherche fondamentale de qualité, accroître les compétences de la main d'œuvre, consolider la compétitivité des entreprises, etc.), des politiques d'intervention sectorielles peuvent être légitimes pour que les acteurs répondent aux défis sociétaux tels que la transition écologique, les transformations technologiques ou le vieillissement de la population. Le Pacte Productif 2025 s'inscrit dans cette logique et vise à mobiliser l'ensemble des leviers disponibles pour que la structure productive réponde aux enjeux des transformations à venir.

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Trésor-Éco n° 248