Commerce bilatéral
Au cours du premier semestre, la hausse des prix du pétrole creuse le déficit commercial français vis-à-vis du Nigéria
Le contexte économique international marqué par la hausse des prix du pétrole renforce la position du Nigéria comme le premier partenaire commercial de la France en Afrique. Au cours du premier semestre 2022, les échanges entre les deux pays ont représenté 2,8 Md EUR, soit un quasi-doublement par rapport à 2021. Cette hausse s’est cependant faite au détriment du solde commercial français qui se dégrade très nettement : -2,2 Md EUR sur la période, soit presqu’autant que sur l’ensemble de l’année 2021 (-2,3 Md EUR). Cette nette dégradation s’explique moins par la baisse de nos exportations (-6,7%) que par l’augmentation massive (+130%) de la valeur des exportations nigérianes de pétrole brut vers la France.
Malgré des exportations en baisse, la France accroît sa part de marché lors du premier semestre de 2022
Les conséquences de la guerre en Ukraine pèsent sur les exportations françaises Après une année 2021 marquée par la reprise des exportations françaises vers le Nigéria (+16%, 611 M EUR), celles-ci diminuent de nouveau sur les 6 premiers mois de 2022 : on observe une baisse de 6,7% par rapport à la période correspondante en 2021, pour atteindre 314 M EUR. Lors de l’année 2021, les entreprises françaises avaient bénéficié de la reprise économique du Nigéria et de la hausse de ses importations (+55%). Mais les conséquences de la guerre en Ukraine sur les prix à l’exportation et la difficulté d’accès aux devises étrangères au Nigéria pour les importateurs locaux ont enrayé cette dynamique. Les ventes de produits des industries agroalimentaires, premier poste d’exportation, qui représentent 26% du total, diminuent en effet de 4,7% (83 M EUR) par rapport à la période précédente, tandis que les ventes de produits pétroliers raffinés et coke enregistrent une baisse de 6,7% par rapport aux six premiers mois de 2021 (64 M EUR, soit 20% du total). Les exportations d’équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique (57,4 M EUR soit 18% du total), après s’être globalement maintenues lors de l’année 2021, affichent une baisse de 6,5%. Elle s’explique principalement par la diminution de 6% des ventes de machines industrielles et agricoles, qui représentent 10% des exportations françaises (31,9 M EUR). Dans le même temps, les ventes de produits pharmaceutiques doublent pour atteindre 46,7 Md EUR. Il s’agit désormais de notre second poste d’exportation (15% de la valeur, contre 7% un an plus tôt). Cette progression s’explique d’une part par l’augmentation des importations de médicaments antipaludiques par le Nigéria, et d’autre part par l’activité des ONG et agences onusiennes présentes au Nigéria dont les interventions sont en croissance face à l’appauvrissement de la population.
Malgré cette baisse des exportations en valeur, la France voit sa part de marché augmenter
La progression de la place relative de la France dans le commerce extérieur nigérian est contrintuitive, dans un contexte de diminution de la valeur exportée. Alors qu’au premier semestre 2021, les exportations françaises vers le Nigéria représentaient 2,2% des importations nigérianes, cette part atteint 2,6% au premier semestre 2022, selon les douanes nigérianes – avec toutefois une forte volatilité selon le trimestre considéré (plus de 4% au T1, à peine 1,2% au T2). Nos concurrents européens enregistrent de fortes baisses de leurs exportations vers le Nigéria, tels que les Pays-Bas (-10,4% ; 9,3% de parts de marché), l’Italie (-15% ; 1,5% du total) et l’Espagne (-22,2% ; pour 1% du total). Parmi les principaux fournisseurs du Nigéria, l’Inde voit également sa part de marché diminuer (baisse de 7,2% des exportations, part de marché de 7,7%).
La hausse du prix du pétrole provoque un doublement des importations en valeur
L’évolution du prix du baril provoque une augmentation massive des importations en valeur
Lors du premier semestre 2022, les importations en provenance du Nigéria étaient composées à 98% d’hydrocarbures naturels et autres produits des industries extractives. Dès lors, l’augmentation en valeur des achats français (2,5 Md EUR contre 1,1 Md EUR au S1 2021) s’explique principalement par la hausse des cours du pétrole, amplifiée par l’agression russe en Ukraine. En effet, les importations de produits pétroliers croissent de 134% pour atteindre 2,4 Md EUR, contre 1,03 Md EUR au premier semestre 2021. Les importations françaises d’hydrocarbures atteignent 4,15 Md EUR au cours des douze derniers mois (juillet 2021 à juin 2022), un record de plus de dix ans.
Nos importations hors pétrole augmentent significativement
Les importations non pétrolières (2,4% du total) – pour l’essentiel les produits des industries agroalimentaires (à hauteur de 1,96% pour un montant de 48,5 M EUR, composés à 55% d’huiles et graisses et 44% de préparations et conserves à base de poisson et de produits de la pêche) – continuent de croître en 2022. Après une hausse de +60% en 2021, ce poste enregistre une nouvelle progression de +37% en ce début d’année. Cependant, leur part dans les importations françaises reste inférieure à ce qu’elle était au premier semestre 2021 (4,1%).
L’augmentation des prix du pétrole renforce la position du Nigeria comme premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne
Les échanges entre la France et le Nigéria lors du premier semestre 2022 atteignent 2,8 Md EUR, contre 1,4 Md EUR l’année précédente sur la même période (+97,4%). En raison de la hausse en valeur des importations françaises, le Nigéria a vu sa part dans les échanges avec la zone « Afrique subsaharienne » croître de 5,7 points de pourcentage – 22% du total. Lors du premier semestre, les échanges bilatéraux avec le Nigéria ont donc été bien plus dynamiques qu’avec l’ensemble de la zone, vis-à-vis de laquelle ils n’ont augmenté « que » de +46,5%.
Le Nigéria renforce sa position de premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne, devançant l’Angola (12,9%), l’Afrique du Sud (12,2%) et la Côte d’Ivoire (10%), quoique pour des raisons largement conjoncturelles. Pour autant, ces « performances » de l’export nigérian, liées au contexte international, ne doivent pas masquer le manque-à-gagner, pour le pays, qu’entraîne l’état de grande vétusté de l’outil productif : en raison du manque d’investissements et d’actes de vandalisme, la production du pays a été inférieure à 1 million de barils par jour en août (pour un quota OPEP fixé à 1,8 M bpj). A titre de comparaison, les échanges avec l’Angola, qui a détrôné le Nigeria comme premier producteur de pétrole du continent, ont été multipliés par sept (+632%) sur la période.
- Voir aussi :
- Le commerce bilatéral France-Nigéria en 2021
- Le commerce bilatéral France-Nigéria en 2018