Le commerce bilatéral France-Nigéria en 2021 : net rebond du volume d’échanges, détérioration du déficit commercial.

La reprise économique a entrainé une hausse des échanges entre la France et le Nigéria, permettant un rattrapage partiel de la chute enregistrée en 2020 : après une baisse de 49% entre 2019 et 2020, la valeur des échanges a bondi de +51% sur l’année 2021, pour atteindre 3,53 Md EUR. Portée par une forte augmentation des importations françaises, la vigueur de la reprise dépasse la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne, les échanges entre la France et cette région du monde n’ayant augmenté « que » de 14%. Elle a toutefois entrainé une forte détérioration du solde commercial entre la France et le Nigéria, le déficit commercial atteignant -2,3 Md EUR.

 

La France accroit sa part de marché en 2021 et conserve sa place au classement des pays fournisseurs du Nigéria.

 

Grâce au rebond de l’économie nigériane, les exportations françaises sont en hausse pour la première fois depuis 10 ans.

En 2021, les exportations françaises vers le Nigéria augmentent fortement en valeur par rapport à l’année précédente (elles passent de 528 à 611 M EUR, soit +16%) et même de +4% par rapport à l’année 2019, pré-Covid. Il s’agit de la première année de hausse des ventes françaises vers le Nigéria depuis neuf ans. Les entreprises françaises ont su profiter de la hausse globale des importations nigérianes (+55%), dans un contexte de reprise économique post-pandémie.

Les produits transformés constituent la quasi-totalité des exportations française vers le Nigéria (594 M EUR, soit 97%). Les ventes de produits agroalimentaires, qui représentent 28% du total (171 M EUR) – soit le premier poste d’exportation – ont augmenté de +58 % en valeur en 2021 par rapport à 2020 (+47% par rapport à 2019). Elles profitent notamment de l’augmentation de la consommation de boissons alcoolisées dans le pays.

Cette bonne performance compense la baisse de 26% de nos exportations de produits pétroliers raffinés et coke (95 M, soit 16% du total). Si, par un effet de base, les trois premiers trimestres de 2021 avaient enregistré une nette hausse par rapport à la même période l’année précédente, les exportations ont connu un coup d’arrêt au dernier trimestre, par effet de stock ou d’anticipation sur la reprise des cours. Au total, la baisse enregistrée sur l’année complète confirme une tendance de long terme (par rapport à 2014, les exportations de pétrole raffiné se sont effondrées de -87%), qui devrait encore s’accentuer à partir de fin 2022 et le démarrage programmé de la raffinerie Dangote, capable de couvrir les besoins du Nigéria en produits pétroliers raffinés.

Les exportations d’équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique (114 M EUR ; soit 19% du total) se maintiennent globalement (-0,7%), malgré la pénurie de semi-conducteurs en 2021 qui a pu affecter leur croissance. Dans le détail, les ventes de produits informatiques, électroniques et optiques (31 M EUR) ont diminué de 16%, tandis que les exportations de machines industrielles et agricoles, d’une valeur 61 M EUR (soit 10% du total des exportations) n’ont progressé que de 0,4%.

Quatrième poste d’exportation, les ventes de produits chimiques, parfums et cosmétiques (12% du total, soit 75 M EUR) connaissent un dynamisme marqué (+31%) grâce à un quatrième trimestre particulièrement favorable. Viennent ensuite les produits pharmaceutiques (58 M EUR, soit 32%), dont les ventes ont reculé de 6% par rapport à 2020, année toutefois très atypique : les ventes de l’an passé demeurent supérieures d’un cinquième à leur niveau de 2019.

Si les exportations de produits agricoles, sylvicoles, de la pêche et de l’aquaculture (non transformés) ont augmenté de 8%, ils ne représentent qu’une part minime des ventes françaises au Nigéria (2,7% du total, soit 16 M EUR), qui a cependant doublé en deux ans (elle n’était que de 1,4% en 2019, soit 8 M EUR).

 

Avec une part de marché croissante, la France se classe 9e fournisseur du Nigéria.

En 2021, les exportations françaises vers le Nigéria ont représenté 2,25% du total des importations nigérianes, un pourcentage en légère hausse par rapport aux deux années précédentes, selon les douanes nigérianes. Notre part de marché reste toutefois loin du pic de 2016 (3,85%). La France conserve sa 9e place au classement des fournisseurs du Nigéria, entre l’Allemagne (2,45%) et le Brésil (2,22%). Au niveau européen, outre l’Allemagne, les Pays-Bas (10,3%) et la Belgique (7,5%) font mieux.

 

L’augmentation en valeur des importations s’explique principalement par la variation des cours du pétrole.

 

La hausse soutenue du prix de baril entraîne une augmentation des importations en valeur, qui ne retrouvent toutefois pas leur niveau d’avant-crise.

Les importations de la France lors de l’année 2021 ont augmenté de 62%, pour atteindre 2,9 Md EUR – ce qui ne leur permet pas encore de retrouver leur niveau de 2019. Cette hausse est notamment due à un dernier trimestre particulièrement dynamique, qui représente à lui seul 36% (1,05 Md EUR) du total de l’année. Sans surprise, la balance commerciale bilatérale – qui varie au gré de la demande de pétrole et du cours des matières premières – est donc très fortement déficitaire (-2,3 Md EUR).

Sur l’ensemble de l’année, le pétrole représente 95% de nos importations, soit 2,8 Md EUR (+63 %). Cette progression en trompe-l’œil s’explique principalement par la hausse des cours du pétrole, particulièrement déprimés en 2020, qui crée un important « effet de base » : les importations de pétrole ainsi inférieures de 28% à ce qu’elles étaient en 2019.

 

Les importations non pétrolières connaissent une forte croissance, mais restent très largement minoritaires.

Les importations non pétrolières, qui ne représentent que 5% du total, ont augmenté de 43% par rapport à 2020, pour s’établir à 146 M EUR. Elles sont composées principalement des produits des industries agroalimentaires (78% des importations non pétrolières), pour 113 M EUR, une valeur en hausse de près de 60%.

 

Le Nigéria est un partenaire commercial majeur de la France en Afrique, mais le volume des échanges reste loin de son niveau d’avant pandémie.

 

Une reprise de nos échanges bilatéraux plus dynamique qu’avec la moyenne de l’Afrique sub-saharienne.

Sur l’ensemble de l’année 2021, les échanges entre les deux pays ont augmenté de 51% pour s’établir à 3,5 Md EUR. La reprise des échanges entre la France et le Nigéria a été plus dynamique que celle des échanges avec l’ensemble l’Afrique sub-saharienne, qui n’a augmenté que de +14% sur la même période (18 Md EUR). L’augmentation des échanges avec le Nigéria entre 2020 et 2021 est la 8ème plus dynamique du continent, et la 7ème en Afrique sub-saharienne.

Les échanges entre la France et le Nigéria avaient brutalement diminué en 2020 (-49%), davantage que vis-à-vis des autres partenaires commerciaux de la France en Afrique, en raison de l’effet combiné de l’effondrement des cours du pétrole et de la baisse de la consommation liée aux confinements : la valeur de nos importations d’hydrocarbures avait alors chuté de 56%. La part du Nigéria dans les échanges de la France avec la région avait atteint un plus bas en 2020, à 15%, contre 23% en 2019. Si cette part connaît une nette hausse en 2021 (+5 points), elle ne permet toutefois pas d’atteindre le niveau constaté lors des précédents exercices : le Nigéria ne représente toutefois pas moins de 20% de nos échanges avec l’Afrique sub-saharienne, où il reste notre premier partenaire devant l’Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire.

A l’échelle du continent, le commerce avec le Nigéria représente 5% des échanges de la France avec l’Afrique, permettant au Nigéria de se classer 4e en part des échanges en 2021, derrière le Maroc (16%), l’Algérie (12%) et la Tunisie (11%).