Le commerce bilatéral France-Nigéria 2022 : malgré une aggravation de son déficit commercial, la France consolide sa part de marché.

Les échanges bilatéraux entre la France et le Nigéria affichent une nette progression en 2022 (+51,5 %), après la forte hausse de 2021 (+51,6 %). Ils confirment en cela la tendance observée au niveau mondial de reprise du commerce international, alors que les effets de la crise sanitaire se dissipent. Le rebond de notre commerce bilatéral s’explique avant tout par une hausse des importations (4,8 Md EUR), liées à celle du prix du pétrole, alors que nos exportations baissent en-deçà du seuil des 600 M EUR (587 M EUR). Le déficit français s’aggrave ainsi (-82,5 %), mais la France consolide sa part de marché sur les trois premiers trimestres 2022 par rapport à ceux de 2021 (+0,1 point).

La hausse des cours des matières premières provoque un quasi-doublement du déficit commercial français vis-à-vis du Nigéria.
La hausse des importations depuis le Nigéria et la baisse de nos exportations ont entraîné un effet de ciseau défavorable.

Après un plus-bas depuis dix ans atteint en 2020 (2,3 Md EUR), la valeur des échanges commerciaux entre le Nigéria et la France poursuit sa reprise. Après 3,5 Md EUR en 2021 (+51,6 % par rapport à l’année précédente), le volume des échanges bilatéraux atteint 5,4 Md EUR en 2022 (+51,5 %). Les échanges franco-nigérians dépassent ainsi de 18,5 % leur niveau d’avant-crise sanitaire (4,5 Md EUR en 2019).

Dans le même temps, nos importations depuis le Nigéria progressent de 63,7 % en 2022 (à 4,8 Md EUR), tandis que nos exportations diminuent de 5,6 % (de 622 M EUR à 587 M EUR). Par conséquent, le déficit commercial français enregistre un quasi-doublement, de -2,3 Md EUR en 2021 à -4,2 Md EUR en 2022 (-82,5%).

Cette baisse des exportations ne prive pas la France de (faibles) gains de part de marché.

De janvier à septembre 2022, dernier chiffre connu, les exportations françaises vers le Nigéria ont représenté 2,35 % des importations nigérianes, soit davantage qu’en 2021 (2,25 %) et qu’en 2020 (2,12 %). La France retrouve ainsi son rang de cinquième fournisseur du Nigéria, comme en 2016 et en 2018. Notre part de marché reste cependant inférieure à celle enregistrée alors : en 2016, elle était de 3,85 %.

La France se situe ainsi, de janvier à septembre 2022, derrière la Chine (26,2 %), l’Inde (7,8%) et les Etats-Unis (6,3 %). Parmi les pays membres de l’Union européenne, seuls les Pays-Bas font mieux (9,5 %), mais de manière artificielle en raison du poids du port de Rotterdam comme principale porte de sortie des exportations européennes. La France (2,35 %), le Royaume-Uni (2,32 %) et l’Allemagne (2,31 %) ont des parts de marché similaires.

Parmi les principaux exportateurs au Nigéria, seuls la Chine, le Royaume-Uni et la France gagnent des parts de marché aux trois premiers trimestres de 2022, par rapport à la même période l’année précédente : respectivement +2,7 points, + 0,7 points et +0,1 point. Les Etats-Unis stagnent, tandis que les Pays-Bas (-2,1 points) et l’Inde (-1,7 point) perdent des parts de marché. A l’échelle européenne, l’Italie (-0,5 point), l’Espagne (-0,4 point) et l’Allemagne (-0,2 point : -1,0 point depuis 2018) font moins bien au cours des trois premiers trimestres 2022 par rapport à ceux de 2021.

Alors que les importations nigérianes ont progressé de 14% l'an dernier sur la même période, le maintien de notre part de marché en dépit de la baisse de nos exportations dénote une meilleure résilience de nos ventes, centrées sur quelques produits à forte valeur.

Les exportations françaises vers le Nigéria, majoritairement constituées de denrées agroalimentaires, de produits manufacturiers et pharmaceutiques, diminuent en 2022.
Les exportations françaises vers le Nigéria se composent essentiellement de produits de l’industrie manufacturière.

L’industrie manufacturière représente 97,7 % des exportations françaises vers le Nigéria (573 M EUR). Les produits des industries agroalimentaires (28,3 % des exportations totales ; 166 M EUR) forment le premier poste d’exportation vers le Nigéria. Les exportations de champagne, qui en constituent 15% (25 M EUR sur 11 mois 2022) sont en hausse de 23%.

Les autres postes d’exportation comprennent notamment les produits issus des industries électronique et informatique (23,5 % ; 138 M EUR), et les produits pharmaceutiques (13,6 % ; 80 M EUR). Les produits pharmaceutiques enregistrent la principale progression des exportations françaises au Nigéria : +22 M d’une année sur l’autre, soit +37,7 %. Cette hausse intervient alors que les stratégies de production locale adoptées par certaines entreprises française (Sanofi, Biogaran) réduisent d’autant les achats de ces produits en France. Les exportations d’équipements mécaniques et de matériel électrique, électronique et informatique sont également en augmentation en 2022 : +15 M EUR, soit +12,4 % sur l’année.

La baisse des exportations françaises vers le Nigéria est principalement due à la diminution des flux de matériels de transport, de produits pétroliers raffinés et de coke.

La baisse de 5,6 % de la valeur des exportations françaises en 2022 (-1,9 Md EUR) s’explique principalement par la diminution de 76,9 % exportations de matériels de transport (de 34 M EUR en 2021 à 8 M EUR en 2022) et par la baisse de 26,7 % des exportations de produits pétroliers raffinés et de coke (de 95 M EUR à 70 M EUR). La diminution des exportations françaises de produits pétroliers raffinés – essentiellement constituées de gazole – s’explique avant tout par l’absorption de la production par le marché intérieur, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. A l’avenir, la mise en service de la raffinerie de Dangote, située à Lagos, estimée intervenir avant la fin de 2023, devrait considérablement renforcer les capacités de productions nigérianes en matière de produits pétroliers raffinés et, par conséquent pourrait réduire d’autant la demande adressée à la France.

La valeur des importations de la France depuis le Nigéria a plus que doublé depuis la crise sanitaire, principalement du fait de la hausse du cours du pétrole.
Les importations de la France depuis le Nigéria se composent avant tout d’hydrocarbures naturels, d’électricité, de déchets et d’autres produits des industries extractives.

Les importations de la France depuis le Nigeria (4,8 Md EUR) sont principalement constituées d’hydrocarbures naturels et d’autres produits des industries extractives (96,0 % ; 4,6 Md EUR). Plus précisément, le pétrole brut en représente 83,6% en 2022 (4 Md EUR) et le gaz naturel liquéfié 12,4 % (592 M EUR).

Les importations manufacturières ne représentent quant à elles que 3,6 % (174 M EUR) des importations totales en provenance du Nigéria. Elles se composent majoritairement des produits issus des industries agroalimentaires (2,6 % ; 126 M EUR).

La hausse de la valeur des importations françaises s’explique par l’augmentation du cours du pétrole.

Les importations d’hydrocarbures naturels, d’autres produits des industries extractives, d’électricité et de déchets ont augmenté de 65,5 % entre 2021 et 2022 (+1,8 Md EUR), et de 169,5 % entre 2020 et 2022 (+2,9 Md EUR). Ces importations représentent à elles seules 85,5 % de la valeur des échanges commerciaux entre le Nigéria et la France. Cela s’explique principalement par la hausse des cours du pétrole. En valeur, les importations françaises de pétrole brut depuis le Nigéria ont en effet été multipliées par plus de trois depuis 2020, passant de 1,2 Md EUR à 4,0 Md EUR. Le Nigéria assure ainsi, en 2022, 4,7 % des importations françaises de pétrole.

A noter : les importations de produits chimiques, parfums et cosmétiques ont été multipliées par vingt-quatre en 2022, passant de moins de 2 M EUR en 2021 à plus de 44 M EUR.

Le Nigéria conserve sa première place parmi les partenaires commerciaux de la France en Afrique sub-saharienne.

Après une baisse de 20,6 % enregistrée en 2020, la valeur des échanges commerciaux entre la France et la zone sub-saharienne poursuit son augmentation : elle progresse +47,0 % en 2022, pour atteindre 26,7 Md EUR (après une hausse de 14,5 % en 2021).

Au global, les échanges entre le Nigéria et la France représentent 20,0 % des échanges commerciaux français avec l’Afrique sub-saharienne (+0,6 point par rapport à 2021, et même + 5,3 points depuis 2020). Le Nigéria renforce ainsi sa place de premier partenaire commercial de la France dans la zone. Suivent notamment l’Angola (14,8 % des échanges commerciaux sub-sahariens de la France), l’Afrique du Sud (12,9 %) et la Côte d’Ivoire (9,3 %).

A l'échelle de l'ensemble du continent africain, le Nigéria représente 8 % des échanges commerciaux de la France. Le pays n’est devancé que par les trois pays du Maghreb : le Maroc (20,1 %), l’Algérie (16,6 %) et la Tunisie (13,3 %).