La réunion informelle des chefs de délégation (comité des négociations commerciales), suivie de celle du conseil général de l’OMC se sont tenues cette semaine. Trois points saillants ressortent des discussions. L'inquiétude pour la pérennité du système commercial multilatéral est générale : l’escalade tarifaire continue et la menace économique qui en résulte a commencé à s’incarner. L’OMC, comme les autres grandes institutions économiques, vient ainsi de réviser à la baisse, de 4,8% à 3,9% ses prévisions sur la croissance 2018 du commerce mondial. Suivant le directeur général Azevêdo, divers signaux montrent que l’incertitude du climat international conduit les entreprises à reporter leurs projets d’investissements. Le thème de la « réforme de l’OMC» s'impose progressivement au centre du débat, mais polarise encore nettement : il a été pris en compte dans les commentaires de pratiquement toutes les délégations, tout en donnant lieu à un large spectre de réactions, du soutien franc fondé sur la considération de l'urgence de la situation au rejet tout aussi franc, en passant par la «prise de note avec réserves» ou le soutien sélectif. Dans ce contexte, seule l’urgence d’une résolution de la crise de l’organe d’appel fait l’objet d’un quasi-consensus, auquel manque naturellement la voix américaine.  Pratiquement aucun progrès ne peut enfin être rapporté sur le front des négociations traditionnelles et des initiatives plurilatérales de Buenos-Aires, à l’exception peut-être des subventions à la pêche, pour lesquelles la méthode des « incubateurs » (groupes de travail pratiquant librement la « tempête de cerveau... »), instaurée par l’ambassadeur du Mexique, Président du groupe, était saluée comme fructueuse. Celui-ci annonçait toutefois qu’il proposerait en décembre un « plan de travail » pour 2019, prenant en compte l’urgence d’entrer véritablement en négociation pour aboutir avant la fin de cette année-là, date limite fixée par les ministres : tous les membres de l’OMC considèrent que la capacité à conclure cette négociation répondant à un enjeu de développement durable sera un test décisif pour la crédibilité de l’organisation. Les coordinateurs d’initiatives plurilatérales engagées à Buenos-Aires (commerce électronique, facilitation de l’investissement, services, MPME, genre) ont présenté l’état des lieux de leurs travaux, auxquels les membres participants ont rappelé qu'ils accordaient leur priorité.

Le Conseil Général a fixé la date de la douzième conférence ministérielle de l’OMC, à Astana, du 8 au 11 juin 2020.