L’Egypte disposait en juin 2018 de 46 GW de capacités installées, contre 39 GW en juin 2016, soit une croissance de 18% sur deux ans en raison des grands projets menés dans le secteur. L’Egypte dispose d’un excellent taux de connexion avec plus de 99% des ménages et 34,5 M de clients en 2018 (ménages, entreprises et administrations). Le renforcement des capacités de génération permet désormais d’éviter les coupures, même lors des périodes de pic entre les mois de juin et août (le pic de consommation se situe aux environs de 29,5 GW tandis que les capacités installées peuvent supporter jusqu’à 30,8 GW simultanément). La situation s’est donc nettement améliorée depuis les années 2013-15, époque à laquelle les coupures étaient fréquentes et généralisées du fait de la faiblesse des capacités installées (32GW en juin 2014) et des dysfonctionnements du réseau, source de pertes importantes.

Le ministère de l’Electricité a autorité sur les trois principaux acteurs du secteur :

  • EEHC (Egyptian Electricity Holging Company) est la holding publique en charge des activités de génération thermiques (gaz, fuel, charbon) et hydroélectriques (hors producteurs indépendants et par l’intermédiaire de cinq sociétés avec prérogatives géographiques et d'une société pour l’hydroélectricité), de transport (via une société en situation de monopole, EETC : Egyptian Electricity Transmission Company) et de distribution (via 9 sociétés avec prérogatives géographiques). EEHC est également exclusivement en charge du rachat d’électricité aux producteurs d’énergie indépendants (IPP), dont les trois premiers ont été instaurés en BOT au début des années 2000.
  • NREA (New and Renewable Energy Authority) est chargée des projets de production à partir d’énergies renouvelables pour atteindre l’objectif des 20% du mix électrique d’ici 2022.
  • NPPA (Nuclear Power Plants Authority) chargée du projet de centrale nucléaire de Dabaa relancé en 2015 avec Rosatom (4,8 GW d’ici 2029).

La consommation par habitant a été multipliée par cinq en quarante ans, passant de 0,375 à 1,95 MWh entre 1980 et 2018. La répartition de la consommation des 189 TWh produits sur l’année fiscale 2016/17 par EEHC est la suivante : 150,3 TWh (86% de la production annuelle) sont vendus aux 9 entreprises de distribution, 24,27 (12,8%) sont vendus aux grands consommateurs et 14 (7,4%) sont perdus entre les centres de génération et le réseau de transports.

Pour les grands consommateurs, les grandes industries sont le client principal d’EETC avec 21,82 TW du total. Viennent ensuite l’agriculture, les services municipaux, les bâtiments administratifs et les exportations. Pour les distributeurs, les ménages représentent le client principal avec 64.1 TWh (42,6%), devant les industries avec 19.6 TWh (13%) et les services municipaux avec 14.3 TWh (9,5%). Pour le reste, 22,6 TWh (15,1%) sont perdus sur le réseau et 9,5 TWh (6,3%) sont distribués gratuitement (centres de jeunesse) ou volés.

Afin d’optimiser la distribution, le ministère de l’Electricité a lancé en juillet 2016 un programme de fourniture de compteurs intelligents aux usagers (transmission des données aux centres de distribution afin d’adapter l’approvisionnement en temps réel). Ce programme, d’un budget de 60 Mds LE (3,4 Mds USD), doit permettre d’équiper 20 M de clients en dix ans (soit la moitié des compteurs du réseau à ce terme).

Les pertes sur l’ensemble du réseau (transmission et distribution) s’élèveraient à 20,1% du total de l’électricité générée en 2016/17 contre 15.7% en 2012/13. Cette augmentation malgré les travaux entrepris pourrait s’expliquer par un meilleur suivi de l’activité du réseau. Le cumul des pertes et les problèmes d’approvisionnement des nouvelles villes et zones industrielles nécessitent de moderniser le réseau pour étendre et optimiser la distribution. Ainsi le gouvernement s’est engagé en mai 2018 à investir 25 Mds LE (1,4 Mds $) d’ici 2020 dans un programme de modernisation globale du réseau de transport d’électricité.