Le Parlement a approuvé le 16 juillet 2018 le projet de loi de création d’un fonds souverain égyptien « Fonds Misr ». Le futur fonds souverain aura un capital de 200 Mds LE (11,2 Mds $). Il démarrera avec un capital libéré de 5 Mds LE (280 M $) dont 1 Md LE versé par le Trésor Public à la création (20%) et 3 Mds LE libérés sur trois ans. Ce véhicule d’investissement sera principalement chargé de la gestion du portefeuille d’actifs de l’Etat égyptien dans l’optique de générer des ressources supplémentaires. Sur le long terme, le gouvernement souhaite aussi donner une dimension internationale à ce fonds.

Au sein de la direction, les représentants du gouvernement seront minoritaires (1/3) dans la prise de décision. Le gouvernement affiche une volonté de garantir une indépendance opérationnelle et stratégique du Conseil d’Administration par rapport à l’exécutif, qui reste néanmoins à vérifier lors de la mise en place opérationnelle du fonds.

Afin de répondre aux objectifs de diversification et d’optimisation des revenus étatiques, le fonds doit se doter d’une stratégie globale qui est en cours d’élaboration. Les entreprises Sarie-Eldin, PwC et Baker Mckenzie ont ainsi été choisies en tant que conseil pour établir le cadre et la structure de gouvernance du fonds souverain et d’élaborer la stratégie de gestion et d’investissement.

Ce fonds souverain constituera ses ressources à partir de transferts d’actifs et de leur privatisation, encouragée dans le cadre du programme FMI. Ce dernier encourage le renforcement du secteur privé et le déclin progressif du rôle de l’Etat dans l’économie. Dans ce cadre, le texte de loi stipule que l’Etat est en droit de transférer la propriété de ses actifs au fonds souverain sur décision du Président de la République.

Les autorités égyptiennes annoncent disposer d’un grand nombre d’actifs et d’entreprises sous exploités (3000 au total selon la ministre de la Planification). Ce patrimoine est néanmoins extrêmement difficile à détailler, du fait de la structure de sa propriété, éclatée entre :

  • Les ministères :
    - En propre, comme ENPPI (ministère du Pétrole) ou Egypt Air (ministère de l’Aviation Civile) ;
    - Via leur actionnariat dans des holdings publiques elles même propriétaires d’entreprises, comme la Pioneers Holding Company (diversification financière), la Holding Company for Cotton and International Trade (industrie du coton) ou la Holding Company For Chemical Industries.
  • Les autorités publiques comme pour Egyptian National Railways (propriété de l’Autorité des Chemins de Fer) el ses sept compagnies de services de l’Autorité du Canal de Suez ;
  • Autorités locales (gouvernorats, municipalités) : actionnaires de filiales locales des entreprises publiques (ex distribution d’électricité et de gaz).

Dans le cadre du programme FMI, l’Egypte s’est donc engagée à publier un rapport détaillé (annoncé pour la fin 2019) d’inventaire des entreprises publiques existantes, de leur actionnariat et de leur structure de management. Ce rapport doit permettre d’évaluer le nombre total d’actifs, leur valeur et leur potentiel intérêt pour des investisseurs.

Toujours dans le cadre du plan FMI, le gouvernement s’est engagé à clarifier le rôle du secteur public dans l’économie. Le Premier Ministre Sherif Ismail a ainsi annoncé en mars 2018 un programme d’introduction en bourse du capital de 23 entreprises publiques devant rapporter 80 Mds LE (4.5 Mds $) sur une période de 24 à 30 mois, et contribuer ainsi à l’assainissement des finances publiques. Selon le ministère des Finances, l’Etat ne céderait que des participations minoritaires (15 à 30%) dans ces entreprises.

Après plusieurs annonces contradictoires sur le lancement du programme, le nouveau Premier Ministre Moustafa Madbouli a décidé mi-juillet 2018 du calendrier des ventes en bourse des cinq premières entreprises concernées :

  • Octobre 2018 : Eastern Tobacco (cession de 4.5% ; part restante de l’Etat : 50.5%) et Heliopolis Housing (cession de 33%, part restante de l’Etat : 40%) ;
  • Novembre 2018 : AMOC (Alexandrie Mineral Oils Company ; cession de 20% ; part restante de l’Etat : 51%) et ACCH (Alexandria Container and Cargo Handling ; cession de 30% ; part restante de l’Etat : 65) ;
  • Décembre : Abou Kir Fertilizers (cession de 30% ; part restante de l’Etat : 61%), ces dernières étaient d’ores et déjà partiellement cotées en bourse.

Cependant, les informations disponibles ne permettent pas d’établir le degré d’implication du nouveau fonds souverain dans ces ventes.