En 2016/17, le stock de la dette externe brut de l’Egypte s’élève à 79 Mds$ enregistrant un accroissement de 23,3 Mds$ (+41,7% en g.a). Depuis 2011, la dette externe a été multipliée par 2,2 (35 Mds $ en 2010/11) faisant l’objet d’un accroissement annuel moyen de 15,8%. Cette progression significative du stock de dette externe au cours des six dernières années (+44 Mds$) témoigne d’un besoin en financements croissant engendré par un creusement des déficits jumeaux suite à la révolution de 2011.

Les besoins de financements externes, estimés à 16 Mds $ pour l’année 2016/17 ont été couverts auprès des créanciers multilatéraux (8,45 Mds$), bilatéraux (4,3 Mds$) et des marchés (emprunt bancaire de 2 Mds$ en novembre 2016 ; émissions d’eurobonds de 4 Mds$ en janvier et 3 Mds$ en mai 2017). Largement sursouscrites, les émissions d’eurobonds marquent le retour de l’Egypte sur les marchés internationaux et ont pu être réalisées à des taux d’intérêt inférieurs aux prévisions, témoignant de la confiance retrouvée des investisseurs. Ces émissions souveraines à maturité de 5 à 30 ans démontrent la volonté de l’Egypte d’étendre sa dette à long terme, et ce afin de soulager la pression du service de la dette sur l’exécution budgétaire.

Ainsi, la dette à long et moyen terme, équivalente à 84,5% du total (-3 points en g.a) augmente sensiblement de 27% en g.a à 66,6 Mds $. Détenue principalement par les organisations régionales et internationales (32% du total, +3 points par rapport à 2015/16), elle est portée notamment par le versement d’une première tranche de 2,7 Mds $ du prêt du FMI.

Le nouveau dépôt de l’Arabie Saoudite (2,8 Mds $), contribue à l’augmentation en valeur de la dette à long terme (+2,2 Mds $) à 18,5 Mds $. Celle-ci se réduit néanmoins en volume (-5,9 points) à 27,7% et se positionne à la seconde place par ordre d’importance. C’est également le cas de la dette contractée auprès du Club de Paris qui augmente de 2,7 Mds $ mais dont la part rapportée au total diminue de 20,8 à 19% du total. Finalement, les obligations gouvernementales s’établissent à 8,9 Mds $, soit 13,4% du total, (+5,5 Mds $).

Le poids de la dette à court terme augmente à 12,2 Mds $ (+3 pts) mais reste limité à 15,5% du total. Néanmoins, sa valeur a augmenté de 74% portée principalement par une augmentation des prêts et crédits totalisant 45% de la dette à court terme contre 6,2% l’année précédente. L’accord de swap de devises avec la Chine à hauteur de 2,6 Mds $ contribue à cette tendance haussière tout comme l’accroissement de 57,8% des facilités commerciales à 3 Mds $. Enfin, pour boucler le financement du programme FMI, la BCE a effectué en novembre 2016 une opération de REPO à un an avec un groupement de banques commerciales.

En 2016/17, la dette reste essentiellement détenue par les pays arabes (28,2% contre 34,8% l’année précédente). Viennent ensuite les organisations régionales et internationales dont la part progresse de 2,2% en g.a. (+7,7 Mds $) pour atteindre 27,5% du total. Conjointement, les parts bilatérales de l’Allemagne (8%), la France (1,8%), du Japon (2,8%) et des Etats Unis (2%) poursuivent leur déclin totalisant 13,6% contre 24,3% en 2014/15.

La part du dollar décline de 2,8 pts mais reste la devise majoritaire (69,8%) d’endettement externe. Cette baisse en volume s’explique tout d’abord par l’octroi de la première tranche du prêt du FMI libellée en droit de tirage spéciaux (DTS), puis par l’accord swap de devises avec la Chine à hauteur de 18 Mds RMB (2,6 Mds $). Le dollar est suivi par l’euro dont la part reste stable à 12,5%, puis par les DTS à 7,9% (+ 3,4 points), devant le RMB (3,2%) et le dinar koweïti (2,9%).

Le stock de dette externe représente 33,7% du PIB contre 17,7% en juin 2016. Selon le FMI, le ratio dette/PIB demeure conforme aux standards internationaux. Le ratio dette à court terme sur les réserves internationales nettes (NIR) diffère sensiblement (39,2% contre 40% en 2015/16), alors qu’il ne représentait que 21,9% il y a deux ans.

Au 1er juillet 2017, les échéances de remboursement de la dette externe s’étalaient jusqu’en 2054. Depuis, l’Egypte a honoré l’ensemble de ses échéances (BIRD / BAD : 2,4 Mds $ combinés; REPO : 2 Mds $ ; dépôt libyen : 1 Md $ - dont 750 M $ en 2016/17 ; Club de Paris : 700 M $ ; Afreximbank : 500 M $).

A noter toutefois qu’elle a obtenu l’allongement de la maturité des dépôts effectués par l’Arabie Saoudite, le Koweït et les Emirats. Si cela allège le remboursement de la dette à court terme, l’Egypte sera tenue de rembourser 25,7 Mds $ à l’horizon du S2 2019 (8,8 Mds $ au S2 2018 ; 4,8 Mds $ au S1 2019 ; 6,1 Mds $ au S2 2019 auxquels s’ajoutent 6 Mds $ de dépôts arabes initialement prévus au S1 2018 et dont la maturité a été prolongée). Ces accumulations peuvent comporter un risque sur le service de la dette.

En 2016/17, le service total de la dette externe du gouvernement progresse de 46% s’établissant à 7,3 Mds $ contre 5 Mds $ en 2015/16. Il se décompose en paiements au titre des intérêts à hauteur de 1,2 Md $ et 6,1 Mds $ au titre du principal. Toutefois, le service de la dette au T1 2017/18 décline à 1,8 Md $ (-28% en g.a) contre 2,5 Mds $ à la même période en 2016/17.

Enfin, le stock total de la dette externe, rapporté aux exportations totales atteint un niveau historique de 206,4%. Ayant doublé en l’espace de deux ans et dépassé le seuil de soutenabilité de 200%, le seuil est désormais évalué à risque élevé. Avec les nouvelles émissions souveraines prévues pour 2018/19 (7 Mds $ annoncés par le ministère des Finances), il est urgent de surveiller cet indicateur.