Les autorités chinoises ont affiché, depuis 2009, leur volonté d’internationalisation du RMB en faveur d’un système monétaire international multipolaire. La question peut être prise au sérieux compte tenu du poids croissant de l’économie chinoise. Faut-il s’attendre à une diffusion du RMB aussi rapide et massive que l’a été le développement du commerce et des investissements chinois au cours des dernières années ?

L’économiste E. Prasad, spécialiste de finance internationale et de l’économie chinoise, prévoit certes l’émergence du RMB parmi les monnaies de référence mais estime la monnaie chinoise limitée dans son potentiel de développement à l’international.

Au confluent de l’économie, du droit et des sciences politique, M. Prasad se démarque pourtant de l’analyse relativement consensuelle chez les économistes établissant l’ouverture du compte de capital et la libéralisation du taux de change comme conditions nécessaires à l’acquisition du statut de monnaie internationale de référence.

La dynamique économique de la Chine et son poids croissant constitueraient selon M. Prasad des facteurs spécifiques générant quasi-mécaniquement une demande internationale de RMB, indépendamment de la relative fermeture du compte de capital. Sur cette seule tendance le RMB pourrait dans un horizon proche représenter jusqu’à 10% des réserves internationales (2% aujourd’hui).

Pour E. Prasad, une montée en puissance au-delà de ce seuil nécessiterait « une réforme bien plus profonde de sa structure institutionnelle, qui modifierait les institutions politiques, légales et publiques ». Une monnaie pivot nécessiterait en effet une forte transparence des institutions, une forte certitude juridique et un rôle limité des prérogatives de l’Etat. Or, M. Prasad estime que le système n’est pas appelé à changer dans un avenir prévisible.

En outre, E. Prasad considère que l’objectif d’internationalisation du RMB était largement un « objectif marketing » en faveur de la libéralisation du système économique et financier chinois.