ACTUALITEES ECONOMIQUES

JAPON COREE

Semaines des 14 et 21 mai 2018

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Sommaire

 

Japon
  1. Evolutions macroéconomiques
  2. Relations commerciales et multilatérales
  3. Entreprises
Corée
  1. Evolutions macroéconomiques
  2. Relations commerciales et multilatérales
  3. Entrperises

Japon

1. Evolutions macroéconomiques

Selon les premières estimations du Cabinet Office, le PIB japonais se serait contracté de 0,2% sur le premier trimestre 2018. Ce chiffre est une surprise pour les experts qui attendaient une croissance moins dynamique mais qui reste positive. Cette contraction trimestrielle, si elle se confirme, viendra rompre la plus longue période de croissance ininterrompue (2 ans) depuis 1989. Les exportations et la consommation des ménages, deux moteurs traditionnels de la croissance japonaise, ont chacun apporté une contribution nulle. La contribution de l’investissement des entreprises, légèrement négative, a également déçu. Selon les experts néanmoins, ces chiffres ne sont que préliminaires et pourraient être révisés à la hausse, ce qui serait plus cohérent avec d’autres indicateurs parus au 1er trimestre comme la hausse des salaires, le rebond de l’inflation et le maintien d’un taux de profit important pour les entreprises. Sources : CAO, Japan Times

Commentaires du SER : Même s’ils sont revus à la hausse, ces chiffres confirment que le taux de croissance annuelle utilisé par le CAO pour prévoir le budget complémentaire de l’année 2017 était trop optimiste. Pour financer son budget complémentaire de l’année fiscale 2017(qui se termine en mars 2018), le CAO tablait en effet sur une croissance optimiste de 1,9% en FY 2017. Or avec ces premières estimations du T1, la croissance du PIB en FY 2017 ne ressort qu’à 1,5%. La croissance trimestrielle au T1 2018 aurait dû atteindre 0,8% pour que la croissance totale puisse être de 1,9% sur l’année fiscale. Or une révision à la hausse de -0,2% à +0,8% est peu probable. Cela signifie que les recettes fiscales anticipées par le gouvernement seront une nouvelle fois surévaluées par rapport aux dépenses, ce qui creusera encore le déficit budgétaire.

2. Relations commerciales et multilatérales

jpkrchLa 7ème édition du sommet trilatéral Chine-Japon-Corée (CJK) du Sud s’est tenu à Tokyo le 9 mai, alors que les leaders des trois pays ( Xi Jinping était représenté par Li Keqiang dans le cas de la Chine) ne s’étaient pas réunis dans ce cadre depuis 2015 (à Séoul) en raison des tensions régionales. La presse japonaise présente cette rencontre comme s’inscrivant dans la lignée du sommet historique entre la Corée du Sud et la Corée du Nord le mois dernier, et dont l’objectif principal serait d’afficher un front uni en faveur de la dénucléarisation complète de la péninsule nord-Coréenne, particulièrement en amont du possible sommet Trump - Kim. Sur le plan économique et commercial, la presse a toutefois mentionné que Li Keqiang était le plus critique des trois dirigeants sur les pratiques protectionnistes des Etats-Unis et enjoignait ses pairs à accélérer les négociations sur l’accord de libre-échange trilatéral CJK ainsi que sur les négociations du RCEP. Li Keqiang a affirmé que la Chine poursuivrait ses efforts pour « promouvoir la mondialisation économique, résoudre ses problèmes de manière satisfaisante et embrasser le libre échange » faisant échos à la nouvelle politique étrangère de Xi Jinping en Asie évoquant une « communauté de destins communs ». Le Président Sud-Coréen, Moon Jae-in, a été jusqu’à dire que les trois nations pourraient devenir des partenaires «  capables d’apporter une secousse tectonique à l’histoire du Monde. Sources : Mofa, Japan Times

Commentaires du SER : Les négociations sur l’accord commercial trilatéral CJK étaient au point mort depuis 2 ans et, outre la complexité intrinsèque des relations entre ces trois géants à la fois concurrents et partenaires, elles ne deviendront pas une priorité avant (i) la conclusion du RCEP- ASEAN+6 et (ii) la résolution des tensions avec les Etats-Unis. Le joint statement des trois leaders publié sur le site du MOFA (cf sources) résume toutefois de manière satisfaisante l’état de la coopération trilatérale en mettant en avant plusieurs priorités comme le développement de la coopération dans les domaines culturels et du sport (succès de PyeongChang 2018, Tokyo 2020 et Beijing 2022 à venir), « Visit East Asia Campaign » visant à promouvoir l’attractivité de la zone auprès des touristes, le soutien d’un commerce basé sur les règles de l’OMC (notamment pour le e-commerce, la facilitation de l’investissement et les PME), la volonté de conclure un MOU sur la coopération dans le secteur du GNL, renforcer la coopération pour assurer la stabilité financière (CMIN, AMRO, ABMI), le dialogue trilatéral sur le vieillissement démographique, etc…

 

autoComme la Corée du Sud (cf article ci-dessous), le Japon s’inquiète de l’ouverture par l’administration américaine d’une nouvelle enquête sur l’automobile (après celle lancée en avril 2017 sur l’acier et l’aluminium qui a débouché sur une hausse effective des tarifs à 25% et 10% en janvier 2018)  qui pourrait déboucher sur une hausse des droits de douanes de 2,5% à 25%. Le secrétaire général du Gouvernement, Yoshihide Suga, a réagi en indiquant que toutes nouvelles mesures de politique commerciale devaient être cohérentes avec les règles de l’OMC et que le Japon s’en assurerait. Le ministre de l’économie, Hiroshige Seko, a mis en avant qu’une telle hausse des droits de douane « plongerait l’économie mondiale dans la confusion ». Source : Nikkei

Commentaires du SER : Le Japon est le 3ème exportateur de véhicule à moteur aux Etats-Unis, derrière le Mexique et le Canada. Les exportations du Japon vers les Etats-Unis sont peu diversifiées et constituées à près de 40% d’équipements de transports, dont 74% sont des véhicules personnels finis. 38,6% des exportations totales d’automobiles finis du Japon se dirigent ainsi vers les Etats-Unis. Le scénario que les autorités japonaises redoutaient le plus après l’épisode de la hausse des droits de douane sur l’acier et l’aluminium est celui qui est en train de se dessiner : une nouvelle invocation injustifiée du motif de protection de la sécurité nationale (article 232) pour augmenter les droits de douane sur un secteur beaucoup plus stratégique pour l’économie japonaise.

 

3. Entreprises

La licorne japonaise Mercari va entrer en bourse le 19 juin 2018 et prévoit d’étendre ses activités à l’étranger. Mercari, start-up japonaise créée en février 2013, a lancé une application d’e-commerce permettant aux utilisateurs d’acheter et de vendre leurs produits rapidement via leur smartphone. Aujourd’hui, elle comptabilise 10 M d’utilisateurs par mois et souhaite élargir ses activités autour de l’économie partagée (skill-sharing, car-sharing). Mercari prévoit de vendre 18,15 M d’actions à un prix compris entre 2200 JPY (20 USD) et 2700 JPY (224 USD) l’action. Par suite, la capitalisation de Mercari pourrait atteindre 360 Mds JPY (3,2 Mds USD). Mercari prévoit, par ailleurs, d’embaucher 1000 ingénieurs sur 3 ans pour mener à bien sa stratégie de croissance. Déjà présente sur le marché américain, Mercari envisage enfin d’étendre encore ses activités à l’international mais devra, pour cela, parvenir à se positionner face à des géants comme eBay. Autre enjeu important pour l’entreprise : la sécurité. Plusieurs rapports ont montré la vente de produits dangereux sur sa plateforme (tels que des instructions pour obtenir des virus informatiques). Mercari a d’ores et déjà augmenté son équipe de service client pour répondre aux plaintes et installé un dispositif d’Intelligence Artificielle capable d’identifier les articles contrefaits. Source : Nikkei

Commentaires du SER : Mercari est l’une des rares start-up japonaises dont la croissance exponentielle lui a permis d’être reconnue à l’international. Elle devra néanmoins faire face à une concurrence forte. L’expérience montre que les entreprises japonaises de l’internet sont relativement peu présentes à l’international, à l’exception de Rakuten (qui a néanmoins fermé de nombreuses opérations en 2016). Mercari pourrait néanmoins se démarquer si elle parvient à développer en parallèle de sa plateforme d’e-commerce, une offre d’économie partagée. L’écosystème des start-up au Japon est assez peu développé à l’heure actuelle (10 000 start-up pour 127 M d’habitants). Cependant, le gouvernement s’est engagé à promouvoir les start-up. Il a ainsi lancé, en avril dernier, son initiative J-Startup, inspirée de la French Tech et qui vise à soutenir les start-up japonaises sur le territoire national, promouvoir les start-up japonaises à l’international et accompagner les start-up étrangères souhaitant se développer au Japon.

 

ngkNouveau scandale industriel au Japon : NGK Insulator, détenteur de 80% du marché japonais des isolants électriques, a admis avoir vendu des produits sans avoir suivi au préalable la procédure d’inspection requise. Ces contournements de la réglementation aurait débuté dans les années 1990 et concerneraient 100 M de produits, d’une valeur totale de 1000 Mds JPY (9,08 Mds USD). L’entreprise fournit des isolants à 200 entreprises japonaises et 300 entreprises étrangères. Trois des principaux clients de NGK ont néanmoins précisé ne pas avoir trouvé de défauts dans les isolants achetés mais suivront de près l’enquête qui va être menée. Sources : Nikkei, NGK

Commentaires du SER : C’est un nouveau choc pour l’industrie japonaise qui, depuis plus d’un an, voit se succéder les scandales liés au non-respect des procédures d’inspection ou à des falsifications de données, le plus important étant celui de Kobe Steel. Les mêmes justifications ont été mises en avant à chaque fois : afin de respecter les délais de livraison, notamment pour les gros volumes, les entreprises ont ignoré certaines procédures. Si à ce jour aucun incident grave n’a été répertorié (à l’exception des airbags de Takata, qui a finalement fait en faillite), l’image de l’industrie japonaise, réputée jusqu’ici pour la qualité de ses produits, en est particulièrement affectée. Ces multiples scandales sont dus principalement à une mauvaise gouvernance des entreprises, et à la pression trop forte perpétrée par les managers sur leurs équipes pour respecter des délais de livraison. Néanmoins, on peut également s’interroger sur la complexité des réglementations techniques du Japon qui ne sont pas toujours pertinentes et qui font perdre un temps considérable et de l’argent aux entreprises. C’est le cas y compris pour les entreprises étrangères qui doivent réadapter parfois entièrement leurs produits ou les soumettre à de longue procédure d’inspection pour qu’ils puissent entrer sur le marché japonais.

 

Corée

1. Evolutions macroéconomiques et financières

Le ministre des Finances coréen Kim Dong-yeon a annoncé le 17 mai que le gouvernement coréen rendrait publiques ses interventions sur le marché des changes à partir de 2019. Un communiqué conjoint du ministère des Finances et de la Banque de Corée explique que cette décision a été prise dans le but « d’éliminer toute incompréhension quant aux opérations réalisées par la Corée sur le marché des changes et d’accroître la confiance dans la politique des autorités coréennes ». Le gouvernement coréen publiera d’abord le détail de ses interventions de façon semestrielle, avant de passer à un rythme trimestriel à partir de la fin de l’année 2019. Cette approche graduelle a pour but de limiter les perturbations que la publication du détail des interventions est susceptible de causer sur les marchés financiers. Le gouvernement prévoit ainsi de publier le détail des interventions réalisées lors de la seconde moitié de l’année 2018 en mars 2019. Sources : Joongang Daily ; Reuters

Commentaires du SE : la Corée intervient traditionnellement sur le marché des changes pour limiter la volatilité du won. Ces interventions, dont le montant est estimé à 0,6 % du PIB par les États-Unis en 2017, ont toutefois suscité des controverses et valent à la Corée de figurer depuis plus de 2 ans sur la liste de surveillance du Trésor américain des pays suspectés de manipuler leur devise à des fins de compétition commerciale. Selon le dernier rapport du Trésor américain publié en avril 2018, la Corée serait notamment intervenue sur le marché des changes à la fin de l’année 2017 pour ralentir l’appréciation du won contre le dollar. Le FMI a également recommandé en 2017 à la Corée de publier les interventions réalisées pour stabiliser sa monnaie dans un souci de transparence. La Corée est en effet le dernier pays de l’OCDE à ne pas publier les interventions qu’elle effectue sur le marché des changes. La décision du gouvernement coréen est donc le résultat de la pression des Etats-Unis et du FMI ; le ministère des Finances a toutefois souligné qu’il continuerait à intervenir pour stabiliser la valeur du won lorsqu’il l’estimerait nécessaire. 

 

2. Relations commerciales et multilatérales

La Corée s’inquiète de l’ouverture d’une nouveautokrlle enquête des États-Unis portant sur les importations de véhicules et de pièces automobiles. Le président américain Donald Trump a annoncé le 23 mai l’ouverture d’une enquête pour déterminer si les importations automobiles menaçaient la sécurité nationale américaine, ouvrant la voie à l’imposition de possibles droits de douane dans le cadre de la section 232 du Trade Expansion Act de 1962. Donald Trump souhaiterait imposer des droits de douane allant de 20 % à 25 % sur les importations automobiles américaines, ce qui rendrait « presque impossible » l’exportation d’automobiles vers le marché américain, selon un représentant de l’un des principaux groupes automobiles coréens. Le ministre coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie Paik Un-gyu a réagi en déclarant que le « gouvernement coréen devrait répondre en concertation avec les autres pays, car cette enquête pourrait avoir des conséquences importantes sur le commerce mondial en renforçant le protectionnisme ». Le gouvernement va rencontrer les principaux fabricants automobiles coréens pour évoquer les conséquences possibles d’une telle enquête. Les Etats-Unis avaient déjà eu recours à la section 232 pour imposer des droits de douane sur les importations d’acier, dont la Corée avait toutefois été exemptée en avril 2018 en échange de l’imposition d’un quota sur ses exportations d’acier vers les États-Unis. Sources : Yonhap ; Joongang Daily

Commentaires du SE : les fabricants automobiles coréens seraient fortement affectés par l’imposition de droits de douane sur les importations américaines d’automobiles et de pièces détachées. Les États-Unis représentent en effet le premier marché à l’exportation pour les coréens, qui ont exporté des véhicules automobiles vers les États-Unis pour un montant de 14,6 Md USD en 2017 (37,7 % du total des exportations de véhicules automobiles), ainsi que des pièces automobiles pour un montant de 4,8 Md USD (24,5 % du total). Le secteur automobile est de loin le premier poste d’exportation coréen vers les États-Unis, avec 28,8 % du total. Cette nouvelle source d’incertitude intervient peu après que la Corée est parvenue à un accord avec les États-Unis sur la question de la révision du KORUS et des droits de douane sur les importations d’acier. Le secteur automobile coréen souffre par ailleurs déjà de la faible demande mondiale : les exportations automobiles coréennes ont reculé de 6,0 % lors des 4 premiers mois de l’année 2018 et contrastent avec le dynamisme des exportations de la majorité des autres secteurs.

 

3. Entreprises

hyundaiHyundai Motor renonce à son projet de restructuration sous la pression de ses actionnaires, dont notamment le fonds d’investissement américain Elliott Management. Chung Eun-sun, le vice-président d’Hyundai Motor, a déclaré le 21 mai que le plan de restructuration annoncé par l’entreprise au mois de mars 2018 serait annulé et revu. L’assemblée générale des actionnaires du 29 mai, au cours de laquelle le projet de restructuration devait être voté, a par conséquent été repoussée à une date ultérieure. Le plan prévoyait notamment que l’équipementier Hyundai Mobis se sépare d’une partie de ses activités, qui serait récupérée par Hyundai Glovis, la filiale de logistique du groupe Hyundai Motor pour un montant de 8,8 Md USD. Cette restructuration, qui avait pour but de simplifier l’organisation du groupe, a fait l’objet de vives critiques des actionnaires, menés par le fonds d’investissement américain Elliott Management. Les actionnaires s’estiment lésés par le projet de fusion avancé par la direction de Hyundai Motor, qui sous-évaluerait notamment la valeur de Hyundai Mobis et nuiraient à la valeur pour les actionnaires. Le vice-président de Hyundai Motor a par conséquent conclu le 21 mai qu’étant donné « le manque de confiance des actionnaires », le projet de restructuration devrait être « complété et amélioré », ce qui prendrait plusieurs mois. Sources : Joongang Daily ; Financial Times

Commentaires du SE : la structure du groupe Hyundai Motor, basée sur un système de participations circulaires, est notoirement complexe. Ce projet de restructuration avait pour objectif affiché de simplifier cette structure et d’augmenter la compétitivité du groupe. Les actionnaires ont toutefois considéré que le but réel du projet était de rendre plus aisé pour Chung Eui-sun, le fils du président actuel du groupe Chung Mong-koo d’hériter du groupe. Elliott Management, le fonds d’investissement qui a fédéré l’opposition au projet, s’était déjà illustré en 2015 lorsqu’il avait tenté de bloquer un projet de fusion entre deux filiales du groupe Samsung, qu’il jugeait similairement

 

Les informations présentées dans cette revue d'actualité bimensuelle sont identifiées par le SER de Tokyo et le SE de Séoul. Elles n'ont aucune vocation d'exhaustivité. Les avis exprimés sont les résumés des articles sources.

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